Le dessin de Plantu sur Jane Birkin n’a pas plu. La gauche ne l’aime plus !

Plantu

Le dessin du célèbre dessinateur Plantu, en hommage à feu Jane Birkin - on voit l’actrice, les mains tendues vers son ancien compagnon, monter au Ciel : ne posez pas de questions, c’est la génération « Nous irons tous au Paradis » - n'a pas plu à tout le monde. Il faut dire que Serge Gainsbourg, dans les nuées, est représenté immense avec une grosse tête, quand Jane Birkin, censée être l'héroïne du jour, est riquiqui. De nombreuses protestations féministes ont fusé, dénonçant cette disproportion en même temps que la réduction de la vie de l'artiste à une liaison somme toute éphémère.

Depuis quelques mois, le dessinateur Plantu s’attire l’ire de l’extrême gauche. Ce sont des dessins trop favorables à la police (Plantu ayant une protection policière permanente, il a pu apprendre à l'apprécier loin des clichés de sa famille d'idées), trop durs avec l'islam (« Sous le voile du dernier dessin de Plantu, une islamophobie inacceptable », titrait le site de Konbini, en mars 2016). Une comparaison entre une consultation de plombier et celle du médecin, pour montrer la paupérisation de cette dernière profession, lui a même valu d’être fact-checké par Libération, une punition réservée en principe à la droite.

Plantu touche du doigt la célèbre citation du Conventionnel français Pierre Victurnien Vergniaud : « La Révolution est comme Saturne : elle dévore ses propres enfants. » Ainsi en est-il de la gauche, à l’ADN révolutionnaire. Citoyen Plantu, montez sur l’échafaud !

J’ai découvert Plantu quand j’avais 11 ans. Dans mon collège parisien, nous avions décidé de lancer un journal candidement baptisé La 6e1 en vadrouille. Le fils d’un journaliste du Monde avait obtenu de Plantu un dessin pour notre première une. On y voyait Mitterrand - c’était alors son règne - lisant notre canard et s’exclamant « Ciel ! » en partant à la renverse, la mine défaite, tourneboulé par le scoop en couverture : « Le prix du Malabar a augmenté. » N’ayant nulle idée de sa notoriété, je ne comprenais pas pourquoi mes parents s’extasiaient et trouvais avec mes yeux de fillette son crobard plutôt laid. Mais je suis restée dans l’idée que Plantu était un brave gars, sympa, capable de prendre un peu de son temps pour les enfants de ses copains. À l’époque, il faisait partie de la gauche triomphante, écrasait de son magistère moral le Faizant vieillissant et conservateur du Figaro. Las, aujourd’hui, pour une bonne partie de la gauche, le vieillissant et le conservateur… c’est lui. Les nombreux gages qu'ils donne - Marine Le Pen, Éric Zemmour ou encore Vincent Bolloré… restent ses cibles privilégiées - ne suffisent plus.

Et s’il ne me restait pas cette affection de l’enfance, je dirais qu’en bon représentant de cette vieille gauche mitterrandienne, il l’a mérité.

Ses saints - et leurs seins trop souvent exhibés - ne font plus envie. Serge Gainsbourg, porté aux nues par cette gauche, l’a lui-même reconnu : il frappait Jane Birkin. « Je rentrais complètement pété, je lui tapais dessus. » Quant à Jane Birkin, on vante son extraordinaire charme érotique, mais on oublie de dire qu’à l’instar de Brigitte Bardot, ou des actrices des films Barry Lyndon, Emmanuelle ou L'Amant de Lady Chatterley, celui-ci puise sa source dans sa bonne éducation. C’est l’encanaillement d’une jeune fille bien élevée, dans les canons du savoir-vivre européen, qui a produit l’excitation du public que l’on sait.

La charmante Jane Birkin est l’héritière d’une autre Jane anglaise. Jane Birkin, c’est Jane Austen dont on a défait les boutons. La gauche de Plantu a détruit cette pudique éducation et, avec elle, le capital séduction de son langoureux dénuement. Il n’y a plus rien à dénuder car tout est déjà nu. La chair est devenue triste. Si ces boomers libertaires sont cloués au pilori du féminisme et de MeToo, ce n’est après tout que justice. Ils l'ont abimée en l’offrant crûment à toutes les convoitises. Même les plus violentes.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Quelle tristesse ces commentaires, il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans ce dessin; on aime ou on aime pas mais de grâce qu’on se taise!!

  2. Évidemment, les complices du Plantu vieillissant, préfèrent « Le jeu de l’été : où est le petit Émile ? » , les gauches se sont toujours entre-dévorées (Robespierre guillotiné, Thiers écrasant la commune, Trotsky assassiné par les staliniens, etc.). Pire procureur qu’un homme de gauche, une femme de gauche (la supériorité de la Femelle sur le Mâle) ! On commence par dénoncer (de préférence de manière anonyme), puis on condamne (si on jugeait, il y aurait, au moins, débat !) puis on exécute et on en est fier ! Vivent l’utopie, le mensonge et la corruption ! Je ne verserai pas une larme sur Plantu !

  3. Sans Gainsbourg, Birkin n’aurait été, comme beaucoup d’autres, qu’un mannequin, qui aurait eu 5 années de notoriété grâce à son c….. (qui était beau) mais çà fait 30ans que tout le monde l’aurait oublié.

  4. Dans le dessin, Gainsbourg pleure. Parce que Jane revient, et ce, pour l’éternité ? comme quoi, les histoires de couple…

  5. La gauche ne vit que par l’extrême droite pour elle l’extrême gauche n’existe pas et puis au détour du chemin elle reçoit un boomerang . Quand la réalité les rattrape pas de soucis leur logiciel fonctionne toujours cela les protège malgré eux et leurs illusions.Il est mignon ce dessin avec une connotation chrétienne ! On ben ça alors !!!

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