Le dictionnaire Larousse 2026 est arrivé, avec ses nouveaux mots…

Chaque année, le dictionnaire Larousse - comme tous les autres dictionnaires, d’ailleurs - dévoile sa nouvelle édition, avec un dossier de presse et des annonces en fanfare. La survivance du dictionnaire est à elle seule une curiosité. Jadis, les collections Larousse étaient le prix de choix réservé aux vainqueurs de Questions pour un champion. Cette idée est morte avec l’expulsion de Julien Lepers. On sait par ailleurs que le Quid, il y a quelques années, avait dû mettre la clef sous la porte avec le développement exponentiel d’Internet. On s’étonne que Larousse, Robert et consorts continuent de se vendre, à l’heure de la bonne parole gauchiste de Wikipédia et de la prolifération des « vérités alternatives ». Toujours est-il que les Éditions Larousse viennent d’annoncer la liste, désormais traditionnelle, des mots et des célébrités qui vont faire leur entrée dans ses colonnes.
De surprise en surprise
Du côté des célébrités, on trouve celles qui auraient dû y être depuis un certain temps (l’actrice Jodie Foster ou le chanteur Alain Chamfort), celles qui devraient y figurer avec un encadré « attention, génie » (le compositeur Philippe Sarde !), celles qui doivent beaucoup à l’actualité du moment (le grand champion olympique de natation Léon Marchand) et d’autres qu’on connaît moins… Du côté des mots, en revanche, on va de surprise en surprise, mais c’est probablement cela, l’esprit du temps. Attachez vos ceintures, on est partis.
On commence par la gastronomie : cette année, « on va être sur des plats à base de feuilles », comme disent les maîtres d’hôtel affectés dans les restaurants prétentieux. Bienvenue, donc, au liboké congolais (une papillote de feuilles de bananier contenant généralement du poisson) et à l’onigiri japonais (une préparation de riz enroulée dans une algue). Pourquoi pas. Du côté de la culture, on sera ravi d’apprendre l’existence d’un nouveau genre télévisuel : le K-Drama, ou drama coréen, un genre de séries venu de Corée du Sud, comme son nom l’indique, et qui développe ses propres codes narratifs. Les jeunes en seraient particulièrement friands.
Du point de vue de l’inclusion, le Larousse n’oublie pas les handicapés (pardon, les « personnes en situation de handicap ») ni les malades (devra-t-on dire « personnes en situation de maladie » ?) : la « pair-aidance », qui désigne l’entraide entre patients atteints d’un même mal, et la « boccia », une sorte de pétanque qui se joue en handisport, rejoignent les austères colonnes du dictionnaire. On parle même de « verticalisation », c’est-à-dire le fait de remettre debout des personnes qui ne peuvent pas le faire seules. Dans un second sens, ce terme désigne également l’évolution (vers le haut) de l’architecture urbaine.
Enfin, les mots « haptique » (qui met en jeu le toucher et la proprioception) et « spépieux » (adjectif qui se rapporte à quelqu’un de maniaque, perfectionniste et inquisiteur) font aussi leur entrée, montrant que, d’un point de vue cognitif, on gagne en finesse motrice ce que l’on perd en hauteur de vue.
Bref, entre diversité gastronomique, pauvreté télévisuelle, vieillissement, handicap, expérimentations techniques et névroses de contrôle, j’ai bien peur que ce dictionnaire ne soit tristement à l’image du monde tel qu’il est en train de se déployer sous nos yeux. Tant qu’à faire, un whisky japonais, un costard congolais et un disque de Philippe Sarde suffiront à se mettre « en mode 2026 ». Et pour le film, quitte à choisir un Jodie Foster, pourquoi pas son premier film en tant que réalisatrice, Petit Homme (1991), émouvante histoire d’un petit garçon surdoué perdu dans un monde absurde ? Demain, l’existence de tels enfants deviendra peut-être de la fiction…

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