Le drame d’Alban Gervaise, révélateur d’une grande lâcheté française

Notre_Dame_de_la_Garde - Marseille

Alban Gervaise a été inhumé très discrètement, mardi 7 juin à Marseille, dans le cadre de la stricte intimité familiale. Le sort de ce médecin militaire, père de famille, catholique, égorgé devant deux de ses enfants de 3 et 7 ans, n’a pas ému les médias. CNews, Le Figaro, Boulevard Voltaire, sous la plume de Gabrielle Cluzel, Valeurs actuelles, Causeur, Tribune juive, entre autres, en ont parlé, mais ce drame indicible n’a pas atteint nos grandes chaînes. Et très peu de responsables politiques se sont exprimés. Cette discrétion, ce silence médiatico-politique tranchent avec la mobilisation générale qu’avait soulevé l’assassinat du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, ou de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Certes, le mobile terroriste n'a pas été retenu par la police et la justice pour le meurtre du médecin militaire : restent tout de même le couteau, les mots religieux prononcés par le tueur, les circonstances du meurtre. Rien à dire de tout cela ? Il y a donc meurtre et meurtre, victime et victime.

Ce silence a de quoi surprendre. Il tient à au moins trois (mauvaises) raisons. D’abord, jusqu’ici, on a fait des victimes de l’islamisme des symboles. Le père Hamel fut le symbole de l’Église et de l’homme de Dieu défiés, Samuel Paty celui de la laïcité et de l’enseignement. Les victimes des attentats de Toulouse et de Montauban ont symbolisé l’armée et la communauté juive. Tous les médias s’étaient alors émus de la sauvagerie qui frappait la France.

Cette fois, on peine à trouver les symboles pour parler de ce crime odieux. Le crime est nu. Alban Gervaise appartenait certes à la grande muette, mais il était venu incognito chercher ses enfants à l’école, comme d’innombrables parents le font chaque jour. C’est évident : le sort d’Alban Gervaise peut ainsi rattraper n’importe quel Français, aujourd’hui, demain, n’importe où dans l’Hexagone et n’importe quand. Le constat a de quoi angoisser et pourtant, la vérité s’impose. Le couteau du tueur frappe au hasard. Toutes ces victimes étaient innocentes, mais désormais, les symboles manquent : Alban Gervaise était au mauvais endroit, au mauvais moment. Qui sera à sa place demain ?

Deuxième mauvaise raison de cet insupportable silence, la période. Ce n’est pas le moment, pour nos médias, « d’agiter les peurs », comme ils disent. Ce n’est pas non plus le moment, à quelques jours des législatives, de regarder en face le terrible bilan sécuritaire de nos politiques. On craint des conséquences sur le vote. Et si jamais ce drame faisait « le jeu » de l’extrême droite ! Mais le métier de nos responsables politiques est de gérer la France, de garantir la sécurité des Français. Celui de nos médias consiste à informer, pas à cacher l’information, pas non plus à calculer le meilleur moment pour informer en fonction des intérêts de telle ou telle liste. Cette deuxième raison en dit long sur une faillite française et sur ses complices, un refus de regarder en face les défis du pays. Troisième mauvaise raison du silence, et c’est sans doute la pire : l’accoutumance. Quelle est la part de renoncement dans le silence qui accompagne la dépouille d’Alban Gervaise ? Nous nous sommes h abitués, nous tolérons ce mensonge par omission. Le même drame aurait occupé tous les médias des semaines durant, voilà dix ans. Nos médias ont préféré verser dans la polémique déclenchée par la phrase insensée de Mélenchon qui aura un jour sa statue parmi les démolisseurs du pays : « la police tue ». L’inconséquence et le mensonge tuent bien davantage.

Ce meurtre porte pourtant lui aussi un symbole : celui de l’immense lâcheté de la France, de ses responsables politiques, de ses élus et de ses médias vis à vis de cette menace. Il faut croire que ce symbole là gène aux entournures...

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. L’ignominie du pouvoir en place à l’état pur. Une raison suffisante pour voter Mélenchon, RN ou Reconquête, hélas !

  2. Il est grand temps d’instaurer à nouveau la peine de mort afin de remettre l’église au centre du village.

  3. Cette clique politico-médiatique est à vomir. Son ADN, c’est la lâcheté, la veulerie, le mensonge, l’aveuglement sciemment organisé. Ces gens sont indignes, infâmes, ignobles. Le résultat de leurs agissements est l’effondrement de notre pays, notre civilisation, notre mode de vie, et surtout, surtout, la mise en danger délibérée des citoyens français. À cause d’eux, des innocents sont chaque jour agressés, tabassés, voire assassinés, comme ce pauvre père de famille. Honte à ces minables.

  4. Le Docteur Alban Gervaise inhumé sans reconnaissance de la Nation.
    Le problème du Docteur Alban Gervaise est qu’il était un Homme trop bien, pas woke du tout.
    Même parti dans des circonstances horribles, il fait encore de l’ombre à la clique politique du jour !
    Paix à son âme.

  5. « L’inconséquence et le mensonge tuent bien davantage. » comme vous dites, et la lacheté achève le tableau peu reluisant de ce qu’est devenu la France.
    Désolée, je ne m’habitue pas, mais comme la colère est mauvaise conseillère, je vais respirer.

  6. La lâcheté, la peur des politiques et des médias qui évitent soigneusement de parler de l’ islam. Surprenant ! à moins que d’ autres raisons ne se cachent tel que nos dettes envers l’ Arabie Saoudite, la Qatar le Koweit nos dirigeants sollicitant régulièrement le porte feuilles de ces pays. Parce qu’ enfin avec 3000 milliards de dettes et un président qui continue ses largesses d’ où vient le fric?

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