Le fantasme du taux zéro d’alcool au volant : flagrant délit d’addiction à la légifération
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Qu’on se le dise : en tout haut fonctionnaire sommeille un législateur refoulé. On a échappé de peu, il y a quelques jours, à la lubie d’un ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, « enivré » à l’idée de laisser son nom à la postérité technocratique en ramenant le taux d’alcool autorisé au volant de 0,5 gramme par litre de sang à zéro.
C’est à se demander s’il était à jeun en déclarant : « Je pense que lorsqu’on conduit, on ne doit pas boire. » À y réfléchir, il ne nous arrive pas si souvent de prendre l’apéro tout en conduisant ; on n’y avait pas pensé, tant ce n’est pas pratique. Le fait qu’il « pense », si c’est confirmé, est en soi une bonne nouvelle, mais à vrai dire, l’avis personnel de M. Guillaume, pas plus autorisé voire moins que n’importe quel pilier de comptoir du commerce (on n’a pas dit « pilier de bar » !), nous intéresse très peu. Voire nous ennuie.
C’est d’ailleurs une manie, pour les membres de l’équipe de communicants au pouvoir, grisés par la tribune médiatique attachée à leurs fonctions comme un privilège personnel, de s’épancher pour nous infliger leurs avis personnels sur tous sujets. Reines pipelettes du gouvernement, Mmes Ndiaye et Schiappa en usent et en abusent. Heureusement, le gouvernement d’Édouard Philippe, un brin masochiste mais pétrifié à l’idée d’un nouvel incendie social, a préféré étouffer celui d’un sujet qui n’est pas franchement la priorité. Las, on ne doute pas que les sinistres lobbies anti-alcool, en embuscade permanente, relanceront ce marronnier idéologique quand on ne s’y attendra pas.
Mais que nous cache cette nouvelle charge hygiéniste, en France, d’un projet de loi - une de plus dans un mille-feuille déjà écœurant de lois superfétatoires – visant à interdire la moindre trace d’alcool dans le sang d’un conducteur au volant ? Nous avons déjà eu l’occasion, ici, de dénoncer (sur Boulevard Voltaire, ça se fait à visage découvert) les pisse-vinaigre qui tentent de nous faire croire aux « méfaits du vin dès le premier verre ». Depuis huit mille ans que la vigne « empoisonnerait » la civilisation occidentale, il est étonnant que ce génocide des fidèles de Bacchus n’ait pas enrayé la surpopulation mondiale. Serait-ce pour flatter électoralement les extrémistes d’une religion musulmane dont ils prétendent faussement qu’elle interdit l’alcool ?
On devrait faire des statistiques sur le nombre d’accidents – circonstances et dégâts – impliquant des conducteurs dont le taux d’alcoolémie est compris entre 0 et 0,5 gramme par litre de sang pour évaluer la pertinence et le coût marginal d’une réduction à zéro. Mais selon la même logique sans fin dans une population française championne de la dépendance aux médicaments, ne devrait-on pas étendre le taux zéro à la présence de toutes substances chimiques qui perturbent la vigilance et l’appréciation de situation ? Un peu de réalisme et de bons sens ne fait pas de mal.
Mesure-t-on l’autorité publique au nombre de lois liberticides ? Une fois de plus, on voit le nivellement vers le bas d’une société qui s’acharne sur une majorité sous prétexte qu’une minorité ne sait pas se tenir. Comme disait Pompidou, « arrêtez d’emmerder les Français » ! Et c’est un homme inconsolable d’avoir perdu une sœur dans un accident de la route à cause d’un ivrogne qui s’exprime ici ; mais qui préfère malgré tout la liberté responsable des individus avec, en contrepartie, une Justice impitoyable pour ceux qui causent le malheur des autres. À condition que les sanctions soient réellement appliquées, comme c’est rarement le cas dans une France laxiste.
Finalement, le ministre de l’Agriculture aurait avantage à pratiquer une cure de désintoxication à la « légiférite », pour éviter une « légiphlébite ». Il aura manqué une double occasion : celle de se taire et celle de figurer dans les annales, et on restera nombreux fidèles aux bacchanales.
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