Le feuilleton chez Alstom s’enrichirait-il d’un nouveau scandale ?
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Le département des activités électriques d’Alstom a été vendu, en 2014, à General Electric avec la bénédiction d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie de François Hollande. Cette cession s’est faite dans des conditions un peu troubles, si l'on en croit un livre publié par Frédéric Pierucci, ancien dirigeant d’Alstom et emprisonné pendant deux ans aux États-Unis, Le piège américain.
Ce dernier avait été arrêté pour une affaire de corruption en Indonésie au nom du principe d’extraterritorialité mis en avant par les Américains, qui leur permet de poursuivre quiconque a commis une infraction dans le monde même si aucun ressortissant ou aucune entreprise des États-Unis n’est en cause. C’est bien pratique quand il s’agit d’affaiblir les concurrents d’un consortium américain. M. Pierucci prétend que ses ennuis judiciaires n’avaient qu’un but : faire pression sur la direction d’Alstom, surtout sur son PDG Patrick Kron, pour le forcer à vendre les activités électriques de son groupe à General Electric. Selon Frédéric Pierucci, en cédant à l’ultimatum américain, Patrick Kron aurait acquis l’impunité vis-à-vis de la justice des États-Unis. Bien entendu, M. Kron se défend contre une telle accusation. Interrogée par le député LR Olivier Marleix, qui préside la commission d’enquête sur Alstom, la secrétaire d’État auprès du ministre de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, a affirmé que les activités électriques d’Alstom n’étaient pas viables et que la vente à General Electric s’imposait. Elle justifie, ainsi, l’avis de M. Macron, en 2014, qui autorisa la transaction. M. Marleix n’a pas été convaincu : le 17 janvier dernier, il a envoyé une lettre au parquet de Paris pour l’informer des circonstances de la cession de plusieurs départements d’Alstom. En effet, la Justice a ouvert une enquête préliminaire sur les dons reçus par M. Macron pour sa campagne présidentielle. Or, des personnes qui ont bénéficié des diverses cessions se retrouveraient parmi les donateurs ou les organisateurs de dîners de levée de fonds. M. Marleix s’interroge, de ce fait, sur une potentielle corruption. L’association Anticor, de son côté, avait déposé une plainte pénale contre X en janvier 2018 pour négligences, car l’État n’aurait pas activé ses droits de préemption, le privant, paraît-il, de 350 millions d’euros de plus-values. Cette plainte, qui agaçait les pouvoirs publics, a été classée sans suite par le parquet en mars 2018.
La gestion des activités électriques est une bien mauvaise affaire pour General Electric, au point que certains se demandent si les Américains n’ont pas été roulés. Mais tout dépend de ce que ceux-ci recherchaient. Voulaient-ils acquérir une entreprise en bonne santé qu’ils auraient développée et fait fructifier ou désiraient-ils seulement se débarrasser d’un concurrent en liquidant toutes ses usines ? L’entreprise américaine avait promis de créer 1.000 emplois ; elle en a été incapable et a dû verser 50 millions d’euros de dédommagements à l’État. Pire : elle prépare un plan social drastique à l’usine de Belfort. Les 700 départs volontaires n’ayant pas suffi, il faudrait encore licencier 800 ouvriers sur un total de 1.900.
Et voici que Hugh Bailey, un proche d'Emmanuel Macron, l'un de ses conseillers lorsqu'il était ministre de l'Économie, et qui donc aurait piloté la vente d’Alstom, va prendre la direction générale, le 22 avril prochain, de la branche française de General Electric ! Et c'est lui qui sera chargé du plan social qui s’annonce douloureux et potentiellement dangereux pour M. Macron. Un nouveau scandale en perspective dans une affaire qui en connaît beaucoup ?
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