Le fils de Joe Biden condamné pour détention illégale d’arme à feu

Hunter Biden
Hunter Biden

Du côté de la Maison-Blanche, les réjouissances auront été de courte durée. Deux semaines après la condamnation de Donald Trump, c’est au tour du fils du président américain de faire la une de l’actualité judiciaire, à la suite de sa condamnation par un tribunal pénal, le 11 juin dernier. Hunter Biden était accusé d’avoir dissimulé ses problèmes d’addiction à la drogue au moment de l’achat, en 2018, d’une arme à feu, conservée illégalement pendant onze jours. Sa peine devrait être prononcée début octobre, quelques semaines avant l’élection présidentielle. Il encourt une condamnation maximale de vingt-cinq ans de prison et une amende de 750.000 dollars. En septembre, un autre procès l’attend, cette fois-ci pour des accusations de fraude fiscale.

Les communicants à la manœuvre

En cette période de campagne électorale, les communicants démocrates s’efforcent de circonscrire ces affaires afin qu’elles n’atteignent pas le président et ne viennent pas replacer sur le devant de la scène médiatique les enquêtes sur les liens présumés entre Joe Biden et les affaires commerciales de son fils à l’étranger.

Sans surprise, les équipes de Trump se sont engouffrées dans la brèche. Karoline Leavitt, l’attachée de presse de la campagne du candidat républicain, a qualifié cette condamnation de « distraction majeure des véritables crimes » de la famille Biden. Elle a rappelé les dénégations de Joe Biden lors de la campagne présidentielle de 2020 concernant l’authenticité de l’ordinateur portable de son fils présenté comme une opération de désinformation russe.

Un ordinateur bien embarrassant

« Pourtant, a-t-elle déclaré, l'ordinateur portable a été utilisé dans cette affaire comme élément clé pour prouver que, oui, Hunter est coupable de ces accusations liées aux armes à feu, mais que sur cet ordinateur portable se trouve également une montagne de preuves prouvant que non seulement Hunter Biden, mais Joe Biden lui-même, notre président, est coupable d’accusations bien plus graves que des accusations liées aux armes à feu. »

En octobre 2020, une enquête du New York Post, fondée sur des courriels retrouvés dans un ordinateur portable oublié par Hunter Biden dans un magasin informatique, avait révélé de possibles affaires de trafic d’influence interrogeant le rôle de son père à l’époque où il était le vice-président de Barack Obama.

À la suite de cette publication, le média en ligne Politico avait publié une déclaration signée par une cinquantaine d’anciens membres de la communauté du renseignement affirmant que les courriels récupérés dans le portable de Hunter Biden présentaient « toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation russe ». Lors d’un débat avec Donald Trump, Joe Biden avait alors pris appui sur ces déclarations pour décrédibiliser les révélation du New York Post : « Écoutez, il y a 50 anciens membres du renseignement national qui ont dit que ce dont il m’accuse est une opération russe. Ils ont dit que cela en avait toutes les caractéristiques – quatre, cinq anciens chefs de la CIA, des deux partis, disent que ce qu’il dit est un tas d’ordures. »

Toute cette histoire d’ordinateur portable était donc une opération de désinformation russe, les électeurs étaient invités à circuler, il n’y avait rien à voir. Et de fait, les réseaux sociaux s’étaient donné les moyens d’invisibiliser les articles incriminés. Twitter, notamment, avait fait le choix d’empêcher la possibilité de les partager avant de, tout simplement, suspendre le compte du New York Post. Les équipes de campagne de Joe Biden pouvaient souffler. Au diable la liberté d’information, la fin justifiait les moyens.

Tous égaux face à la loi ?

En avril 2023, Michael Morell, un ancien directeur adjoint de la CIA, signataire de la déclaration discréditant l’affaire de l’ordinateur portable publiée par Politico en octobre 2020, reconnaissait, lors d’une audition devant le Comité judiciaire du Congrès, avoir eu, à l’époque, des échanges avec des membres de l’équipe de campagne de Joe Biden (notamment Antony Blinken, devenu depuis secrétaire d’État) et qu’un de ses objectifs avait été d’aider le candidat démocrate à gagner les élections.

Comme le notaient les représentants du Congrès à la suite de cette audition, l’« effort concerté pour minimiser et supprimer la diffusion publique des graves allégations concernant la famille Biden a gravement nui à la participation éclairée de tous les citoyens américains à notre démocratie ».

Or, pour rappel, les poursuites ayant abouti à la récente condamnation de Donald Trump, qui ont transformé un délit mineur déjà prescrit en un crime passible de prison, ont été rendues possibles grâce à la théorie d’après laquelle la falsification de documents commerciaux concernant le versement d’une somme à une actrice de film porno afin d’acheter son silence concernant ses aventure sexuelles avec le candidat républicain masquait une malversation ayant pour objectif d’influencer l’élection présidentielle de 2016. La somme versée constituait alors, d’après l’accusation, un don illégal à la campagne de Trump… Un bien joli bricolage juridique.

Lors des réquisitions finales, le procureur Joshua Steinglass a expliqué aux membres du jury que, dans cette affaire, des « hommes riches et puissants, du haut de la Trump Tower », avaient tenté de « contrôler les informations qui parvenaient aux électeurs ». Un « pacte de corruption » qui pourrait très bien être « ce qui a permis à Donald Trump d’être élu ».

Que dire, alors, des manipulations ayant permis, en 2020, d’étouffer l’affaire de l’ordinateur portable de Hunter Biden ? Son père aurait-il été élu sans le stratagème du complot russe et la censure des articles du New York Post ? « La loi s’applique à tous de façon égale », a déclaré aux membres du jury le procureur qui réclamait, en mai dernier, la condamnation de Donald Trump. Manifestement, certains sont plus égaux que d’autres.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

4 commentaires

  1. C’est curieux! En France, les anti serinent à longueur d’articles qu’aux USA on peut acheter librement un flingue dans n’importe quelle boulangerie…. Ils mentiraient?

  2. Détention illégale d’arme à feu…est-ce un amuse gueule avant le très très lourd ou est-ce une façon de l’étouffer? On va voir dans les mois qui viennent si les USA sont encore un Etat où tout le monde est soumis aux mêmes lois.

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