[LE GÉNIE FRANÇAIS] Charles Aznavour, plus français que les Français

Capture d'écran TV5 Monde
Capture d'écran TV5 Monde

En 2025, tous les Français devraient avoir vu Monsieur Aznavour au cinéma. Et particulièrement les jeunes, quelle que soit leur origine : d’Europe, d’Afrique ou d’Asie. Toutes les écoles devraient enseigner aux enfants la vie exceptionnelle de l’artiste d’origine émigrée : auteur, compositeur, interprète, acteur et écrivain. Le ministère de l’Éducation nationale pourrait l’inclure dans les programmes…

L’obsession de l’égalité

… au lieu de niveler par le bas, au lieu de claironner l’égalité, ou la prétendue égalité des chances, qui ne provoque que jalousie, rancœur ou haine… et surtout égalité de malchance ! Résultat : actuellement plus d’un enfant sur deux entre en 6e sans comprendre un texte. L’ancienne grande école française est désormais coiffée du bonnet d’âne : 26e pays au classement Pisa 2022… Au lieu de vouloir « donner » à 80 % des élèves un baccalauréat sans valeur et qui ne trompe aucun chef d’entreprise… Au lieu de créer SOS Racisme en commençant par une menace, « Touche pas à mon pote », Mitterrand, ses successeurs et les médias complices auraient dû s’inspirer d’un Charles Aznavour et l’enseigner comme modèle de vie, lui qui n’avait qu’un certificat d’études.

Un physique ingrat

Quel bonheur de voir dans ce film cet homme gravir lentement les échelons de la réussite, puis de la gloire, alors qu’il a au départ tout contre lui : un physique ingrat, un nez impossible, une voix éraillée, une petite taille et pas le sou ! Mais il croit en lui et respecte cette France qui a accueilli sa famille ; il en aime sa langue et ses mots avec lesquels il chante l’amour et la vraie vie. Il le dit lui-même : « J’ai gardé l’amour des choses bien écrites. J’ai appris en lisant les auteurs classiques, Corneille, Racine, Molière et La Fontaine. Une chanson doit pouvoir se dire même sans musique. »

L’amour plus fort que le militantisme

Il n’a jamais reculé devant les difficultés. Au lieu de faire de la politique, de militer pour sa minorité, il pense aux autres, aborde tous les sujets de la vie avec son cœur et ses tripes. Ses chansons n’ont nul besoin d’être féministes pour faire honneur aux femmes ; et pour l’homosexualité encore tabou, il touche par sa compassion partagée par le public. Il ne sera jamais un donneur de leçons. Mais un donneur tout court, qui œuvrera toute sa vie pour l’Arménie de ses ancêtres.
Quand on lui demande son secret, Aznavour répond qu’il n’en a pas, sinon qu’il faut écrire beaucoup : plusieurs dizaines de chansons pour donner la chance d’en voir une émerger !

1924, la famille Aznavourian fuit l’Arménie

La famille Aznavourian est victime du génocide turc et doit fuir l’Arménie. La même année 1924, Charles naît alors que ses parents viennent d’arriver à Paris. Son père, ancien baryton, travaille dans un restaurant musical et y chante le week-end pour arrondir ses fins de mois. Il ouvre ensuite son propre restaurant, le Caucase, qui attire les artistes. Il y chante pour ses clients et transmet son goût de la musique et de la chanson à son petit Charles qui, assis dans son coin, n’en rate pas une miette. Ambitieux pour son fils, il rêve, dans ce pays où tout est possible plus qu’ailleurs, de le voir faire le Conservatoire ou la Comédie française.

Sur scène dès 9 ans

Le père s’engage dans l’armée française en 1939 et part à la guerre. Charles qui est monté sur scène dès l’âge de 9 ans, est obligé de travailler à 15 ans. Figurations, chants, petits rôles – en attendant des grands qu’il jouera aussi –, et même danseuse en tutu… Il touche à tout. Et surtout il écrit et compose tous les jours. Il sympathise avec Charles Trenet qu’il admire, puis devient le chauffeur et le confident d’Édith Piaf. Elle lui « offre un nouveau nez ». Il s’essaie sur scène avec le pianiste et compositeur Pierre Roche, ancien Compagnon de la chanson. Ensemble ils partent tenter leur chance en duo à New York, puis au Canada. Et ça marche. Mais Charles est nostalgique de son pays, la France.

L’enroué vers l’or

À son retour à Paris, personne ne croit en lui, sauf lui-même. Les journalistes titrent « L’enroué vers l’or », « l’infirme de la chanson ». Il écrit pourtant des succès mais pour les autres : M. Chevalier, J. Gréco, G. Bécaud, M. Mathieu, J. Halliday, S. Vartan. Pour ces derniers, il crée deux textes inoubliables : « Retiens la nuit » et « Je serai la plus belle pour aller danser ».

La gloire à 36 ans

Charles doit attendre l’âge de 36 ans pour connaître enfin la gloire qui ne le quittera plus. Ainsi, ce 12 décembre 1960, à l’Alhambra, devant 3 000 personnes, le Tout Paris veut enfin voir sur scène cet artiste qui serait si prometteur. Première chanson… rien ! Deuxième chanson… grand silence. Trois, quatre, cinq, six… Au 7e titre, c’est la standing ovation sur des paroles prémonitoires, « Je me voyais déjà en haut de l’affiche ».

180 millions de disques

La vente de ses disques et les concerts sur toute la planète ne cesseront plus jusqu’à l’année de sa mort, à 94 ans : 70 ans de carrière, 1 200 chansons et un record avec 180 millions de disques vendus en 8 langues. Aznavour sera repris par les plus grands, jusqu’à Franck Sinatra et Ray Charles.

Bref, l’immense artiste français a appliqué à merveille cette règle simple de saint Augustin que chaque écolier devrait connaître : « Aime et fais ce que tu veux », c’est-à-dire « mets ton cœur au service de ta volonté. »

Antoine de Quelen
Antoine de Quelen
Ex-publicitaire et rédacteur pour la télévision

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