[LE GÉNIE FRANÇAIS] Le crayon et le Bic

@Thought Catalog/unsplash
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La France a du génie. Depuis des siècles, ses inventeurs pas si fous ont apporté au monde d'incroyables avancées. C'est leur inspiration, leur travail et leur volonté que notre ami Antoine de Quelen a résolu de conter, par épisodes. Aujourd'hui, le crayon.

 

Par ses inventions, la France devrait être fière de compter sur son territoire les meilleurs ingénieurs du monde. Pragmatiques, ils transforment depuis des siècles la vie quotidienne de Monsieur Tout-le-Monde.

Celui-ci s’appelle, justement, Nicolas-Jacques Conté. Peintre, physicien et chimiste, il invente en 1794 le crayon à papier tel qu’on l’utilise aujourd’hui. Il est fait d’une mine de graphite et d’argile compressée et séchée, puis insérée dans un corps en bois.

Le crayon moderne, médaillé d'or des Arts et Métiers, accompagne déjà Napoléon dans sa campagne d'Égypte.

Si nous l’appelons, en général, « crayon à papier », on le nomme aussi crayon à mine, crayon de bois ou crayon gris, selon la région, tous admis par l’Académie française.

Depuis deux cents ans, cet objet s’est développé comme aucun autre. Premier outil de l’écolier, de l’artisan et de l’artiste ; utile au comptable, aux manuels comme aux intellectuels. On ne peut imaginer un métier sans crayon. Il se vend, aujourd’hui, par milliards. L’informatique a tout changé. Mais qui ne se souvient pas de son commerçant avec le crayon à l’oreille ?

Chaque crayon peut tracer une ligne de 50 à 60 kilomètres, ou 45.000 mots, avant d'être trop petit à force d'être taillé. Au passage, le taille-crayon a été inventé par un autre Français, en 1828 : Bernard Lassimone.

Du graphite à la bille

Le crayon à papier est désormais concurrencé par le stylo-bille et les outils numériques. Une nouvelle révolution de l’écriture s’est imposée. Ce n’est pas, cette fois, un ingénieur français qui est à l’origine du stylo-bille mais un Hongrois, László Biró, qui a déposé son brevet en 1938.

Un homme d’affaires français, d'origine savoyarde, le baron Bich, transforme tout ce qu’il touche en or. Il a racheté le brevet de Biró et simplifié à l’extrême le stylo en mettant au point un nouveau concept, le stylo jetable, destiné à toutes les bourses et à un prix dérisoire. Fort de son succès, il appliquera son idée au rasoir et au briquet.

Le nouveau « Bic » est d’une simplicité à toute épreuve. Transparent pour que le niveau d’encre reste visible, il a aussi une forme hexagonale pour ne pas rouler.

Devenu leader mondial, Bic a vendu plus de 100 milliards de stylos à bille sur les cinq continents depuis les années 1950. C’est à la rentrée scolaire de 1965 que l’Éducation nationale autorisera son usage.

Le groupe Bic vient de fêter ses 73 ans. Il vendrait 4.000 stylos, chaque minute, à travers le monde.

Bref, nous sommes plusieurs milliards d’humains à profiter du crayon à papier et du Bic français. Nous avons les deux dans nos trousses ou nos bureaux : le crayon pour la facilité d’effacer, le stylo pour le confort.

Notre école française étant si mal en point, elle qui a été longtemps la meilleure du monde, il faudrait peut-être venir à son secours en nommant à l’Éducation nationale des ingénieurs plutôt que des politiciens ou des énarques. Mais aussi des professeurs qui aiment la France et son Histoire, et qu’ils la fassent aimer.

Antoine de Quelen
Antoine de Quelen
Ex-publicitaire et rédacteur pour la télévision

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Merci Monsieur. Des articles comme celui-ci, j’en demande un tous les jours. Ils remettent les pendules à l’heure et nous permettent d’être fiers d’être français… ce que d’aucuns cherchent inlassablement à détruire

  2. Moi, je devais écrire avec un crayon Othello, Gilbert autorisé, et une plume « ballon » pour l’encre avec l’encrier plein de papier buvard ! Les premiers « bics » étaient traqués par les « maitres ». Plus tard, aux études, je devait tracer mes plans à l’encre avec des outils « Technos » ou « graphos » à remplir, essuyer, entretenir et ranger dans une boite avec des formes. Puis « Pentel » est arrivé, avec de nouveau la chasse au feutre, interdits de séjour. Autres temps autres moeurs, donc.

  3. A Paris à l´école Dupleix, en1963 je suis fait confisquer par la maîtresse un bic que je m´étais acheté avec mes économies au Monoprix de la Motte Piquet! Autre temps autres moeurs

  4. Maîtresse d’école, j’adore le crayon de bois et le Bic cristal, le meilleur. Et non, ça ne déforme pas l’écriture, il s’agit d’avoir la main légère, comme une danseuse. ( Je suis architecte de formation, on ne travaillait qu’avec 3 crayons de bois : 3H, H et HB quand j’ai fait mes études.) Avec le bic, pas d’encre qui s’étale sur le cahier. Super !

  5. En 1969 je travaillais comme dessinateur technique dans le bureau d’étude d’une grande entreprise de bâtiment, il fallait rapporter au secrétariat le morceau de crayon ou de gomme pour avoir droit à leur remplacement. Toute une époque.

  6. Si Nicolas Conté a inventé le crayon à papier, son gendre, Arnould Humblot, l’a industrialisé et commercialisé. Le gendre d’Arnould était aussi un chimiste célèbre: Louis Thénard.
    Arnould Humblot était de Villefranche sur Saône.
    Maintenant la marque Conté appartient au groupe BIC. Les génies se retrouvent…

  7. Continuez à chanter à tue-tête le cocorico à la gloire des produits Made In France, moi, j’ai souvent besoin des crayons papier et des gommes dignes du nom, qui sont introuvables dans les magasins en France.

  8. Excellent article qui a le mérite de remettre les pendules à l’heure. Les inventions les plus simples sont souvent celles qui nous changent la vie … avec simplicité. Que penser aujourd’hui du tout numérique, de la dématérialisation (qui n’a pas entraîné la disparition du papier), des procédures à n’en plus finir ? Les élèves de 2024 apprennent-ils mieux à l’école que les générations précédentes qui n’avaient que des tableaux noirs (les nôtres étaient verts) et de la craie ? J’en doute. Les grands penseurs de l’antiquité qui ont fondé les écoles de philosophie n’avaient pas d’ordinateur, mais le discours. Enseigner, transmettre, ne nécessite pas de moyens élaborés, juste un maître qui détient le savoir et un élève disposé à accueillir ce savoir dans une relation verticale. Nous avons perdu cette verticalité, ou plutôt nous l’avons inversée en expliquant que l’élève en savait plus que le maître et pouvait exercer l’autorité à sa place, en noyant le tout dans beaucoup d’idéologie et de technologie. Le résultat, nous le connaissons.

    • Tout à fait. En ce qui me concerne, à l’époque , nous devions ramener notre encrier, du papier buvard, un porte-plume avec lequel j’ai appris à écrire. J’en suis nostalgique, combien de gamins ne savent pas tenir un stylo correctement ? Mon mari, pour ces notes, brouillons se sert toujours de ses stylos Bic et du crayon à papier pour réaliser les portraits (il essaie) de nos petits-enfants .

    • J’aime beaucoup votre commentaire. Vous avez raison le secret de l’apprentissage, un bon maitre qui vous donne le goût d’apprendre et des outils élémentaires et efficaces. Pour moi c’est un maître qui m’a fait aimer l’histoire (il n’en fut pas de même pour la géographie)

  9. Les école d’ingénieurs sont élitistes au sens noble du terme, et c’est une chance. Elles répondent à un critère d’égalité républicaine, on y entre sur concours et l’enseignement y est généralement exigeant. Faut-t’il aussi mettre à mal une formation que bien des pays nous envient pour satisfaire l’égalitarisme prôné par certains?

  10. Lorsque les stylos bille (Bic) sont sortis, il nous était interdit de les utiliser à l’école car ça « déformait l’écriture » !!!

    • C’est vrai, vous avez raison, c’est pour cela que je me sers toujours du stylo-plume sauf pour une liste de courses par exemple

    • Oui. Le bic a été le début de la fin de la bonne écriture manuelle ?
      On n’arrête pas durablement le progrès.

    • Vous avez sans doute été choqué comme moi par la façon dont un écolier tient son crayon dans une publicité vue à la télévision. Les instituteurs n’enseignent plus la tenue du crayon ou du stylo, comme le faisaient leurs homologues du temps jadis.

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