[LE GÉNIE FRANÇAIS] Les 101 ponts de Michel Virlogeux
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Considéré comme l’un des plus grands constructeurs de ponts et de viaducs du monde, Michel Virlogeux, né en 1946, a passé son enfance à La Flèche, dans la Sarthe. Il est polytechnicien et ingénieur de l’École nationale des ponts et chaussées, où il a également exercé comme professeur.
Cette grande école est l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses de France, fondée en 1747 par Daniel-Charles Trudaine sous le nom d'École royale des ponts et chaussées. Trudaine avait également fait réaliser plusieurs milliers de kilomètres de routes - nos actuelles routes nationales - en reliant Paris aux frontières et aux principaux ports du pays.
Depuis 1988, Michel Virlogeux a conçu et construit plus de 100 ponts (et participé à la construction d’une autre centaine), dont celui de l’île de Ré ; celui de Normandie, sa première grande réussite, enjambe le vaste estuaire de la Seine : il avoue, encore aujourd’hui, avoir eu peur en traversant le fleuve en hélicoptère avant le début des travaux ! Mais son chef-d’œuvre restera sans doute le célèbre viaduc de Millau, dans l’Aveyron, au sud de la France.
Japon, Chine et Turquie
Le génial ingénieur est aussi intervenu comme expert pour la construction de grands ponts au Japon, à Hong Kong et en Chine, pour le pont de Sutong (2008), sur le fleuve Yang-Tsé-kiang : c’était alors le pont à haubans ayant la plus grande portée au monde : 1.088 mètres. Et 320 mètres de plus, soit 1.408 mètres, en Turquie avec le troisième pont du Bosphore (2016). Par longueur de pont, on entend longueur de la portée centrale.
Virlogeux a reçu un nombre impressionnant de prix et de récompenses nationales et internationales, dont la plus haute distinction britannique. La longueur de cet article ne pourrait en contenir toute la liste.
Ainsi, la Chine nouvelle a confié aux Français la conception de ponts, de gares et autres grandes réalisations. Leur esprit, leur présence sur le terrain, leur sensibilité et la qualité de leurs concepts architecturaux ont toujours séduit nos amis de l’empire du Milieu. Et, réciproquement, le dynamisme économique chinois et la liberté d’expression architecturale ont motivé nos ingénieurs français.
Le viaduc de Millau, toujours le plus haut
Il demeure, vingt ans après sa construction (2001-2004), le plus élevé du monde par sa structure et la hauteur de ses piles (336 mètres). Si le dernier pont chinois culmine à plus de 565 mètres au-dessus d’un canyon, c’est dû à la profondeur de la vallée et non à la hauteur du pont lui-même.
Avant la construction du viaduc, personne n’était très enthousiaste à l’idée d’un monument de béton qui se verrait à des kilomètres et gâcherait le paysage. Ni les Millavois, ni les écologistes, ni les amateurs de ces magnifiques gorges du Tarn. C’était pourtant la solution la plus logique pour désengorger ce passage entre Clermont-Ferrand et Béziers, complètement bouché.
Une fois construit, tous les Français sont tombés en admiration devant le splendide viaduc, les habitants de cette sous-préfecture de l’Aveyron en premier. Il faut aussi rendre hommage à l’acolyte britannique de Virlogeux, le grand architecte Lord Norman Foster. Non seulement le pont de Millau ne gâche pas la vue, mais il la magnifie. Par sa finesse, son élégance, sa légèreté et sa transparence. Qui se douterait que le tablier d'acier pèse 36.000 tonnes, soit le poids de 2.000 camions de 18 tonnes.
Pharaonique
Désormais, les ponts sont comme les tours : c’est à celui qui, pour laisser une trace, bâtira le plus grand. Le président Erdoğan (c’est Virlogeux qui le raconte), pour fêter le centenaire de la République turque en 2024, voulait un nouveau pont suspendu d’une portée de 2.024 mètres qui serait inauguré l’année 2024. L’entreprise est allée trop vite ! Le pont des Dardanelles, qui sépare l’Asie de l’Europe, sera inauguré en 2022. Sa portée est bien la plus longue du monde, avec deux kilomètres vingt-trois, soit un mètre de plus. Ou de moins ! Mais au-delà du petit jeu des chiffres, il faut reconnaître que le trajet en voiture d’un point à l’autre dure 6 minutes, contre 5 heures.
Quant au viaduc ferroviaire chinois le plus long du monde, 164 kilomètres, il est hors concours, car il s’agit en fait d’une chaussée surélevée traversant eaux et campagnes pour relier Pékin et Shangaï à grande vitesse.
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24 commentaires
Bonjour
Il est exceptionnel et d’une très grande modestie
Je connais bien Michel, nous avons vécu 15 ans comme voisin, nous jouons quelques fois aux échecs et il a été mon témoin de mariage . malheureusement pour des raisons familiales nous nous sommes perdus de vues
Aussi si quelqu’un me permet de reprendre contact avec lui, je serais très reconnaissant
Bien cordialement
Henri