[LE GÉNIE FRANÇAIS] Molière, le comédien le plus génial de tous les temps
Depuis quatre siècles, notre langue est toujours celle de Molière
Né en 1622, Jean-Baptiste Poquelin est peut-être le plus grand auteur, metteur en scène et comédien français de tous les temps. À dix ans, il rêvait déjà de devenir comédien quand son grand-père l’emmenait au théâtre. Il le sera sous le pseudonyme de Molière, sans jamais vouloir l’expliquer. C’est son sens de la satire et ses personnages, inoubliables tellement ils font rire, qui le rendirent célèbre. Et son succès a traversé le temps, car ses pièces sont à la fois profondes et accessibles à tous, en province ou à Paris, comme au Palais-Royal. Son style d’écriture révolutionne le théâtre classique en faisant appel à la parodie et aux situations de la vraie vie.
Pourquoi pas la langue de Richelieu, Rabelais ou La Fontaine ?
Le français aurait pu se surnommer la langue de Richelieu qui, à la même époque, sous Louis XIII, eut l’idée de la fixer et de l’uniformiser en fondant l’Académie française et en publiant un premier dictionnaire. Et pourquoi pas la langue de Rabelais : audacieuse, riche de néologismes et d’expressions populaires, avec une grande liberté de ton, parfois crue, à la fois humaniste et satirique ? Ou celle de La Fontaine, qui disait : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes » en racontant des histoires courtes et drôles avec une morale qui demeure toujours d’actualité et dont on se délecte ? Ou encore la langue de Victor Hugo, qui renouvela tous les genres de l’écriture avec ses drames romantiques, sa poésie et ses romans magnifiques, et qui apporta une nouvelle dynamique au théâtre.
Ce n’est pas la qualité de l’écrit, mais la richesse et la diversité de ces parlers qui font la différence. Elles bouillonnent dans l’esprit de Molière qui les fait vivre dans la bouche et les gesticulations de ses personnages. Du ton intellectuel, snob, emprunté, suffisant ou arrogant au ton diplomate, obséquieux, facétieux, doucereux, familier, mielleux, rustre ou grossier, sa palette est immense.
Entre pitres et bouffons
Ses comédies sont d’un genre totalement inédit. Les acteurs ne restent pas en place comme jusque-là. Ils bougent, sautent, font les pitres. Ils sont déguisés, parfois de manière outrancière, pour se moquer et faire rire. Et cela plaît. Encore plus au roi, qui rit, dès le premier soir, où il lui fut présenté par son frère, Philippe d’Orléans, le 24 octobre 1658. Louis XIV se prêtera plus tard au jeu en allant lui-même danser sur scène pour ses comédies-ballets composées avec le grand musicien Lully, qui inventa l’opéra français. Et la troupe de Molière deviendra officiellement la troupe du roi.
Les pièces de Molière sont truffées de quiproquos, de calembours et de jeux de mots tirés des déformations et des défauts de langage du peuple (accents campagnards, patois d’Occitanie et de Picardie, bégaiement, roulement des r…).
Il est le publicitaire et le promoteur de ses pièces
Et si Molière connaît si bien toutes les manières de parler, c’est parce que dès l’enfance, il fréquente tous les milieux : la Cour, qu’il connaît par son père, tapissier du roi, la noblesse, la bourgeoisie, le clergé, et le peuple dans toute sa diversité, de l’artisan au paysan. Il sait toucher tous les publics, de la capitale et des terroirs.
En jouant dans le sud, en Occitanie, pendant douze ans, avant de revenir à Paris, il observe la nature humaine pour mieux la croquer dans ses comédies. Il développe ses talents d’auteur, de metteur en scène et de comédien.
Et quand ça ne marche pas, il trouve des idées. C’est un publicitaire avant l’heure, qui sait se servir de la presse et des critiques pour faire parler de ses comédies. Il va même jusqu’à orchestrer un scandale : écrire une pièce comique attaquant sa propre comédie, qu’il intitule La Critique de l’École des femmes.
« Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font »
Ses œuvres sont toujours jouées et étudiées en classe au XXIe siècle. Citons les plus connues : Le Tartuffe, L’Avare, Le Misanthrope, Le Bourgeois gentilhomme, Les Femmes savantes, Les Précieuses ridicules, Les Fourberies de Scapin, Dom Juan, Le Malade imaginaire… Tous les Français ont en tête une ou plusieurs répliques :
« Qui se sent morveux, qu’il se mouche ! », « Couvrez ce sein que je ne saurais voir », « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage », « Quand il y a à manger pour huit, il y en a pour dix », « Que diable allait-il faire dans cette galère ? », « Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font », « Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent ! »
Bien sûr, Molière ne se fit pas que des amis. En s’attaquant à la religion, aux hypocrites et à une certaine élite, il mit le roi dans une position délicate et s’attira la censure. Il eut même peur, une fois, de fâcher le monarque. Mais Louis XIV, parrain de son fils, resta son ami fidèle et le soutiendra toute sa vie. Et jusqu’à sa mort, en 1673, d’une maladie pulmonaire bien réelle, pour qu’il soit enterré dignement. Il n’avait que 51 ans.
Aujourd’hui, notre génie de la comédie se régalerait…
En 2025, Molière se régalerait d’écrire des pièces sur nos contemporains. Il trouverait plus que jamais matière à inspiration et ne manquerait pas de Tartuffes, de bobos gentilhommes ni de féministes savantes ; il aurait des sujets en abondance avec la cancel culture, les Verts, la gauche caviar, les idéologues de tout poil, les magistrats et leur « mur des cons », les prêcheurs d’égalité et grands défenseurs des valeurs de la République. Il ferait rire le peuple comme personne avec les antiracistes, les antifas et toute la panoplie de la « cage aux phobes » (formule de Philippe de Villiers) - un titre tout trouvé.
… mais il serait censuré
Le problème, c’est que notre génie de la langue française serait censuré par la bien-pensance : celle des chaînes de télévision publiques, celle de l’Arcom ou du Conseil d’État. Et le malheureux, cette fois, ne pourrait prétendre ni au soutien du roi ni à celui du président de la République.
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9 commentaires
La différence entre Molière et les « humoristes » actuels incarne parfaitement la décadence française depuis quatre siècles…
Et Shakespeare ? A chacun le sien…
Oui, bien sûr et Dante, Goethe, Cervantès. Mais j’ai l’impression qu’il s’agit du génie français ici ou je me trompe ?
Avec Macron et ses fourberies, Molière est plus que jamais d’actualité !
Bien sûr qu’il serait censuré..hélas ….monde de fous.
L’Occitanie est une chimère fumeuse inventée par des technocrates qui ont voulu nous faire croire que le Gard et la Lozère étaient regionalement semblables. Moliere n’a jamais joué dans une Occitanie qui n’à jamais existé mais en Languedoc.
Exact, et encore on a échappé à la Septimanie, lubie de Georges Fraiche.
Comme comédien Macron n’est pas mal non plus , c’est même sa seule qualité , il mérite un Molière !
Si Molière avait connu Emmanuel Macron, il n’aurait pas écrit les fourberies de Scapin il aurait pu écrire les fourberies de Macron!