Le grand-duc Henri de Luxembourg va abdiquer : droit à la retraite pour tous !

Capture d'écran site Maison grand-ducale
Capture d'écran site Maison grand-ducale

C’est ce qui s’appelle préparer sa succession : le grand-duc Henri de Luxembourg, à l’occasion de sa traditionnelle allocution de Noël du 24 décembre, a annoncé son abdication pour le 3 octobre 2025. Pour qui suit l’actualité des têtes couronnées, ce n’est pas vraiment une surprise, puisqu’en juin dernier, à l’occasion de la fête nationale, le souverain de ce petit État blotti entre Allemagne, Belgique et France avait annoncé qu’il commencerait à passer le relais à son fils, le prince-héritier Guillaume, en le nommant, le 8 octobre 2024, Lieutenant-Représentant du Grand-Duc. Ce qui fut fait. Il y a donc aujourd’hui, chez les souverains européens, deux écoles.

 

La première, qu’on qualifiera d’« école élisabéthaine », qui consiste à rester sur le trône jusqu’au dernier souffle. Le modèle absolu, indétrônable, maître-étalon du genre, est évidemment la reine Élisabeth II. Dans cette catégorie, on peut ranger feu le prince Rainier III de Monaco, mort en 2005 après presque de 56 ans de règne. Une école qui semble faire de moins en moins d’émules au profit de ce que nous appellerons « l’école hollandaise », qui prospère depuis bientôt quatre-vingts ans au royaume batave. Le roi actuel des Pays-Bas, Guillaume-Alexandre, a succédé à sa mère, la reine Béatrix, lorsqu’elle abdiqua en 2013. Elle-même était devenue reine en 1980, à l’abdication de sa mère, la reine Juliana, qui, elle-même, était montée sur le trône néerlandais en 1948, à l’abdication de sa mère, la reine Wilhelmine. A cette école, on raccrochera le roi Juan Carlos d’Espagne, il est vrai plus poussé par les événements que par une aspiration, somme toute légitime – si l’on peut dire ainsi pour un monarque –, à une paisible et méritée retraite. Mais aussi la reine Margareth II de Danemark, qui a raccroché les gants de gala en janvier dernier au profit de son fils Frédéric X.

École hollandaise

Le grand-duc Henri de Luxembourg appartient ainsi à cette école hollandaise. Il avait, d’ailleurs, bénéficié du même processus lorsque son père, le grand-duc Jean, avait abdiqué en 2000 après presque trente-six ans de bons et loyaux services. Y a-t-il une bonne école ? C’est à chacun de voir. L’école élisabéthaine a du bon, aussi : l’héritier a largement le temps de se préparer à sa charge et ronger son frein s’avère être une excellente école de modestie et de patience. De son côté, l’école hollandaise permet d’être un peu plus dans l’air du temps qui aime tant le changement, surtout s’il est dans la continuité. On a d'ailleurs assisté à un magnifique chassé-croisé de conquêtes sociales. Au XXe siècle, les classes laborieuses accédèrent aux congés payés qui leur permirent de découvrir la plage jusque-là réservée, de fait, à l’aristocratie et à la haute bourgeoisie. Désormais, les souverains accèdent comme le commun des mortels à la retraite. Le 16 avril prochain, le grand-duc Henri aura soixante-dix ans : quatre ans de moins que le roi Charles III d’Angleterre lorsqu’il succéda à sa mère… Mais il est vrai que le temps ne fait rien à l’affaire. La preuve ? La France est en République et on a l’impression que son président, Emmanuel Macron, est là depuis une éternité, ce qui, somme toute, est assez long, pour ne pas dire trop long, au goût de beaucoup.

Que dire, sinon, du futur grand-duc ? En vrac, qu’il vient d’avoir 43 ans, qu’il est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants, qu’il a fait Sandhurst (le Saint-Cyr britannique), qu’il a épousé en 1984 une comtesse belge (ce qui nous change des starlettes) qui lui a donné deux fils. Qu’en 2015, François Hollande lui a conféré la dignité de grand officier de la Légion d’honneur, et qu’il ne devrait pas trop s’inquiéter pour son avenir, la fortune de son père étant estimée à plusieurs milliards de dollars (qu'on imagine placés en grande partie… au Luxembourg !). Ah oui, aussi – et ce n’est pas rien - qu’il est l’arrière-petit-neveu de l’impératrice Zita. Et que c’est un Bourbon ! Plus précisément un Bourbon-Parme, cette branche issue des Bourbons d’Espagne, descendante en ligne directe de Louis XIV. À ce jour, rappelons que les Capétiens ne règnent plus que sur l'Espagne et le Luxembourg.

Souhaitons par avance, avant leur pot de départ, une belle retraite au grand-duc Henri et, à la grande-duchesse María Teresa, une longue et heureuse retraite.

Picture of Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Si jamais Macron avait la très mauvaise idée de copier le Grand Duc du Luxembourg, et d’abdiquer, ce serait catastrophique pour la France. Espérons qu’il n’en soit rien, sinon la France ne s’en remettrait pas……..c’est que des Macron on n’en trouve pas tous les jours…..dans son genre il est même irremplaçable.

  2. Henri, né le 16 avril 1955 à Betzdorf au Luxembourg, abdiquera à 70 ans révolus. Mine de rien, le statut luxembourgeois, c’est très pratique: le Grand Duc et son épouse (elle est Chouette, lol!) sont reçus dans toutes les Cours royales et impériales, d’égal à égal, le gouvernement s’engouffrant à la suite pour négocier des traités avantageux. De surcroît, comme la famille vit sur ses rentes, elle ne se voit allouer un traitement que pour couvrir les frais de représentation diplomatique, ce qui en fait le gouvernement le plus modique du monde. Le portrait de la Grande-Duchesse Charlotte trône à la place d’honneur de toutes les boutiques, crémier ou charcutier, à l’inverse d’un certain Emmanuel Macron. Pour n’importe quel sujet, demander à être reçu par un ministre ne pose aucune difficulté.

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois