« Le héros de Paris » : pour les Hollandais, c’est l’aumônier des sapeurs-pompiers

Père Fournier coq

L'aumônier des pompiers, héros de Notre-Dame ! Comme avait dit un jour le général Bigeard à un de mes amis : « Les aumôniers, c'est des drôles de gugusses. Avec eux, on ne sait jamais s'ils sont plus militaires ou curés. »

Il est vrai que ces ecclésiastiques sont des gens peu ordinaires. Prenez le cas du père Delarue : début 1954, il débarque à Hanoï et fait la connaissance des parachutistes à Saïgon. Il est breveté en avril 1954 et participe aux opérations dans le delta tonkinois après la chute de Điện Biên Phủ. Le 14 août 1955, il arrive à Alger avec le 1er bataillon de parachutistes coloniaux (1er BPC). En 1956, il participe à l’opération de Suez où il débarque avec le 1er régiment étranger de parachutistes (1er REP). Il est au cœur de la bataille d’Alger.

En avril 1960, sa demande de réengagement était refusée car il gênait la politique algérienne du chef de l’État. On lui reprochait, particulièrement, son engagement lors des barricades du 24 janvier 1960. En 1998, il est allé rejoindre celui à qui il avait consacré sa vie de religieux et d’homme. Il est inhumé au carré légionnaire de Puyloubier, reposant au milieu de ses képis blancs, au côté du colonel Jeanpierre.

Aujourd'hui, on peut dire, avec l'incendie de Notre-Dame, qu'il a trouvé, parmi de nombreux autres, son digne successeur : l’aumônier de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), le père Jean-Marc Fournier.

Ce dernier rejoint le diocèse aux armées en 2004. En 2008, en Afghanistan, il est amené à prendre en charge spirituellement les dix morts et à assister les blessés de l'embuscade d'Uzbin. En 2011, il devient l'aumônier de la BSPP et aide, notamment, à l'évacuation des blessés du Bataclan lors des attentats.

Le 15 avril, il se trouve sous l’Arc de Triomphe pour honorer la mémoire du Soldat inconnu avec les autres aumôniers militaires lorsqu'il observe de la fumée provenant de Notre-Dame. Appelé par téléphone, il rejoint rapidement la cathédrale. Là, il devine que la priorité première est de mettre à l’abri la Sainte Couronne d’épines et le Saint-Sacrement, et insiste pour être autorisé à entrer dans la cathédrale en feu avec ses collègues pompiers. Lorsqu'il parvient dans la chapelle capitulaire de l’ordre du Saint-Sépulcre, les pompiers viennent de briser la protection de la couronne afin de la porter en lieu sûr à l’extérieur de la cathédrale. En effet, lorsque ceux-ci agissent sur des lieux classés, il existe des protocoles très précis référençant les objets à sauver en priorité. Mais le Saint-Sacrement, lui, ne figure pas sur cette liste, comme le dit avec bonhomie et humilité le père Fournier : « Je ne pouvais pas laisser Jésus en proie aux flammes. »

Ne pouvant accéder au tabernacle central à cause de la fournaise, il se rend à la chapelle Saint-Georges. Là, après avoir donné la bénédiction au Saint-Sacrement, il s'empare du ciboire, qu'il s'empresse de mettre à l’abri. Puis, malgré la fumée, il continue avec dix autres pompiers à participer au sauvetage des objets de valeur présents dans toutes les chapelles latérales en formant une chaîne humaine pour les évacuer prestement.

Comme il le dira après la maîtrise de l'incendie : « Pour moi, cela ne fait pas de doute, c’est aussi cette prière à Jésus qui a permis de remporter la victoire dans un moment crucial de la bataille. »

Pour une fois, les médias nationaux et internationaux ont été dans l'obligation de délaisser leurs enquêtes sur les prêtres pédophiles pour se tourner vers le « héros de Paris », comme l'a qualifié dans sa une le quotidien régional des Pays-Bas De Stentor.

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J.-P. Fabre Bernadac
Ancien officier de Gendarmerie - Diplômé de criminologie et de criminalistique

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