Le journalisme a horreur du doute

Si la nature a horreur du vide, le journalisme a horreur du doute. Voilà près de 24 heures que les médias « mainstream » tentent d’éteindre l’incendie des consciences révoltées avec leur gadget préféré : la fameuse « lutte contre le complotisme ». Ce jeudi 17 avril, les plateaux télé fourmillaient d’experts en « fake news » alors qu’on espérait des experts en incendie. Mais la recherche de la vérité n’est probablement pas leur affaire principale.

Se poser modestement la question de l’accident ou du crime serait-il une faute ontologique ? Préférer le doute au dogme, une hérésie intellectuelle ? Avancer parmi les décombres avec humilité, un crime de lèse-journalisme ? Ouvrir ses yeux et tendre l’oreille sans idées préconçues, un péché originel ? Il apparaît clairement qu’un plateau de télévision est désormais le seul endroit au monde où l’incertitude n’est pas permise. Dorénavant, le journaliste modèle est un soldat du dogme alors qu’il devrait être un soldat du doute. L’incendie criminel de Saint-Sulpice, il y a moins d'un mois, les actes antichrétiens quotidiens, le calendrier de la Semaine sainte, les propos de l’ancien ingénieur en chef de Notre-Dame expliquant, sur le plateau de David Pujadas, qu’il faut « mettre beaucoup de petit bois » pour que des poutres en chêne de 800 ans brûlent : tout cela n’est rien, n’a aucun sens, ne mérite pas même le début du commencement d’un soupçon.

Laissons les enquêteurs enquêter, avançons avec prudence et sagesse et cessons d’écouter ces petits caporaux marteler leurs certitudes lénifiantes. La fumée d’une charpente millénaire est montée au ciel mais elle flotte encore dans nos cœurs. Elle a gagné la première bataille. Ne laissons pas une autre fumée opacifier nos consciences et nos intelligences.

Thomas Clavel
Thomas Clavel
Ecrivain, chroniqueur et professeur de français en éducation prioritaire

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