Le livre de l’été : La Reconquête (30)

reconquete

30e et dernier épisode de notre livre de l'été. Pour lire le 29e épisode : ici.

Les semaines suivantes, France

La réaction de la classe médiatique et culturelle ne se fit pas attendre longtemps, suite aux annonces de Marion Maréchal. Un mouvement fut lancé sur les réseaux sociaux pour lutter contre le « oui » au référendum avec le mot dièse #StopObscurantisme. Une tribune cosignée par plus de 300 membres du milieu culturel et médiatique parut, trois jours plus tard, dans Le Monde pour dénoncer le « coup d’État mené par Maréchal ». Le titre était clair : abandonner 250 ans de combat contre l’absolutisme, c’est NON ! Les signataires annonçaient leur départ du pays en cas de victoire du « oui » et jouaient les Cassandre en annonçant des catastrophes inouïes.

En parallèle, des casseurs d’extrême gauche tentèrent de reprendre la rue mais la réaction populaire fut telle - les Français ne voulaient plus entendre parler de casseurs pour au moins une décennie - qu’ils renoncèrent vite à leurs manifestations. La classe politique était, quant à elle, partagée, la totalité des élus de gauche entra en campagne pour le « non » quand ceux du centre et de la droite étaient hostiles à 60 %.
Des débats quotidiens qui avaient lieu sur tous les plateaux télé mais aussi sur les canaux les plus regardés, tels YouTube ou Twitch, où les plus célèbres youtubeurs se mobilisaient massivement pour le « non ». Le gouvernement reprit le contrôle de la Nouvelle-Aquitaine grâce aux Natifs qui déclenchèrent trois immenses manifestations en faveur du gouvernement à Bordeaux, Poitiers et La Rochelle. Les élus cédèrent les uns après les autres et, au bout de trois semaines, la coalition cédait et la région abandonnait toute prétention à l’indépendance.
La victoire rapide et sanglante du gouvernement sur les cités, soutenu par la majorité des Français, avait joué en la faveur de Wauquiez et de Maréchal.

Le pays était, en revanche, dans un état catastrophique sur le plan économique, il avait été paralysé presque neuf mois. Le chômage atteignait des sommets et la dette du pays avait grimpé à 127 % du PIB. Les réformes économiques commençaient à peine à être votées, leurs effets mettraient des années à rétablir la situation. Il fut donc décidé, en urgence, d’un plan massif d’investissement en faveur des TPE et PME pour relancer l’économie.

***

Deux mois plus tard, 19 h 55, plateau de TF1

Léa Salamé attendait avec impatience le début du journal. A priori, les résultats étaient tombés mais le gouvernement avait fait une véritable omerta pour que l’information ne fuite pas. Ses invités avaient l’air d’en savoir aussi peu qu’elle sur les pronostics, personne ne savait quel camp avait gagné. Les sondages avaient été en faveur du « oui » assez rapidement, mais tous les analystes et les journalistes pensaient qu’au moment du vote, l’abstention jouerait en faveur du « non ». Le camp du « non » avait été dynamisé et électrisé par un travail extraordinaire de la part de la classe dominante : stars de cinéma, chanteurs, journalistes, écrivains, youtubeurs… tous avaient accordé leurs violons pour mobiliser un maximum contre le « oui ».
En face d’eux, des milliers de bénévoles avaient tracté, milité, organisé des conférences ou des groupes sur les réseaux sociaux pour le « oui ». C’était le petit peuple réac contre l’élite éclairée.

Le journal débuta :
– Chers téléspectateurs, bonsoir. Ce soir, nous allons connaître le résultat du référendum qui s’est tenu aujourd’hui. Le seul chiffre que je puisse vous annoncer est celui de la participation, qui va apparaître tout de suite à l’écran. 87 % ! Vous êtes 87 % à vous être déplacés aujourd’hui pour voter. Pour la deuxième fois en quelques mois, elle blêmit, elle savait ce que ce chiffre annonçait. Elle annonça le compte à rebours, l’image qui allait s’afficher derrière elle allait être diffusée directement depuis l’Élysée, elle n’avait aucun moyen de connaître le résultat.
– 10, 9, 8… Une fois encore, la France retenait son souffle, consciente que le résultat changerait le pays pour des décennies. 7, 6, 5… La question qui était dans toutes les têtes était : si c’est le « oui » qui l’emporte, qui sera roi ? Marion avait déjà annoncé que ni elle ni personne de son gouvernement ne prétendrait au trône.
4,3,2… Les 300 signataires sentaient peser sur eux le poids de leur tribune. S’ils perdaient, la France se chargerait de leur rappeler le fait qu’ils avaient annoncé leur départ. 1,0…
– C’est donc le « oui » qui l’emporte à 64 %. C’est la fin de notre système politique, c’est la fin d’un monde.
Elle se tourna vers Éric Zemmour. Et vous, Éric Zemmour, qu’en pensez-vous ?
Il lui fit un grand sourire et commença sa réponse.

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