Le niveau scolaire des policiers en chute libre
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N’en déplaise à ses détracteurs, la police nationale est le parfait reflet de la société française. Et, bien sûr, cela se vérifie lors du recrutement des policiers. D’une façon plus générale, cela se traduit même à tous les niveaux des fonctions publiques, puisque c’est dans un même vivier national que sont recrutés les futurs fonctionnaires et militaires dont notre pays a besoin.
Pourtant, certains personnes, via les médias, semblent s’étonner aujourd’hui de la baisse du niveau scolaire observée à l’occasion des concours organisés pour le recrutement des futurs gardiens de la paix. Mais quoi d’étonnant ? C’est, en effet, à une baisse générale du niveau scolaire des jeunes Français qu’est confronté notre pays, et cela, depuis de nombreuses années. Par ailleurs, loin d’être le fait des strates administratives les plus basses, ce recul concerne tous les niveaux hiérarchiques.
Au moins deux raisons peuvent expliquer ce phénomène. Tout d’abord, parce que le monde de l’éducation ne remplit plus sa mission principale. Celle qui consiste à doter les générations montantes des fondamentaux indispensables à la vie courante, à savoir, lire, écrire et compter. Actuellement, plus du quart des jeunes Français arrivent au collège sans maîtriser correctement la lecture et l’écriture. La France se distingue même particulièrement en reculant régulièrement au classement des pays européens. Ainsi, selon une récent enquête « PISA » (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), notre pays pointe désormais à la 26e place sur les 79 États présents dans les enquêtes de l’OCDE. Une chute spectaculaire des élèves français !
Cette dégringolade est sans conteste à mettre au « crédit » d’une Éducation nationale en déshérence depuis plusieurs décennies.
Mais ce désastre, qui s’observe nécessairement lors des concours organisés par l’État et les collectivités territoriales, ne concerne pas que les catégories socioprofessionnelles les plus basses. Cette même baisse de niveau chez les candidats issus de notre système scolaire et universitaire a également été observée au concours d’entrée à l’École nationale d’administration. En 2017, le président du jury de cette prestigieuse institution, M. Thierry Bert, dénonçait, dans son rapport de fin de concours, « les nombreux candidats à l’ENA qui ont du mal à lire et comprendre un sujet ». Un comble pour de futurs hauts dirigeants de l’administration et de l’État. Bref, notre système d’apprentissage est en faillite. Alors oui, le niveau des nouveaux candidats gardiens de la paix s’en ressent. Comme dans toutes les autres catégories de la fonction publique !
À cela, il convient ensuite d’ajouter un vivier qui se rétrécit comme une peau de chagrin. De moins en moins nombreux à vouloir embrasser la carrière de gardien de la paix, les jeunes Français se détournent en effet d’un métier dangereux, sans aucune reconnaissance et sous-payé. Et qui peut les en blâmer ?
Car, qu’est-ce qu’être policier, aujourd’hui ? Une confrontation quotidienne à la violence. Une hiérarchie absente qui ne cherche qu’à se préserver elle-même. Une justice plus prompte à sanctionner une éventuelle « bavure » qu’à condamner sévèrement les criminels. Tout ça pour un salaire à peine supérieur au SMIC avec lequel il faudra tenter de survivre, parfois avec une famille, dans des grands centres urbains totalement déshumanisés.
La France a donc la police qu’elle mérite. Et force est de constater que dans ces conditions-là, il est exceptionnel que l’institution tienne encore et assure avec efficacité les missions toujours plus nombreuses qu’on lui confie.
Des solutions existent néanmoins pour améliorer la qualité des recrutements. Tout d’abord, et c’est élémentaire, se montrer intransigeant avec le niveau et les qualités humaines des futurs policiers. Ensuite, élargir le vivier en proposant un concours commun à l’ensemble des forces de l’ordre (police, gendarmerie et police municipale). Revenir à une formation initiale de qualité sur une année entière. Et non pas huit mois, comme c’est le cas aujourd’hui. Enfin, améliorer les conditions de vie et les traitements des policiers affectés, notamment, dans les zones urbaines difficiles.
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