Le nouveau virage de Zineb El Rhazoui
C’est l’histoire d’une radicalisation qu’on n’a pas vue venir. Il y a quelques années encore, Zineb El Rhazoui faisait le ravissement de nombreux Français avec ses sorties décapantes et dénuées de toute bien-pensance. La journaliste - rescapée du massacre à Charlie Hebdo - vomissait alors le voile islamique qu’elle qualifiait volontiers de « sac-poubelle », s’en prenait aux « racailles » et préconisait aux policiers cibles de guets-apens dans les cités de tirer « à balles réelles » pour se défendre. Un discours courageux qui lui valut, évidemment, les haines conjuguées des islamistes et de leurs alliés gauchistes, mais aussi les honneurs d’une partie de la presse qui fit d’elle une « héroïne » nationale. Dans la France de la fin des années 2010, la jeune femme, libre et résolument laïque, représentait un modèle d’assimilation pour toute une jeunesse d’origine immigrée.
Le virage macroniste
Mais ça, c’était avant. Placée sous protection policière, menacée de mort par les fous d’Allah, l'Amazone des plateaux télé se mit subitement en retrait. Elle disparut des écrans radar. On se dit, alors, qu’elle souhaitait retrouver un peu de tranquillité et sans doute aussi protéger sa fille, née en 2017. Que nenni ! Zineb opéra son grand come-back début 2022 avec une annonce qui fit l’effet d’une bombe. « J'ai décidé de m'engager pleinement pour le Président Emmanuel Macron. C'est le choix du cœur et de la raison. La France en a besoin. » La nouvelle avait en effet de quoi interloquer. Qu’allait donc faire la valeureuse militante anti-voile auprès d’un candidat sans colonne vertébrale idéologique et très ambigu sur les questions de laïcité ? Une explication probable à ce rapprochement contre-nature, malgré les dénégations de Christophe Castaner : l’existence d’un deal promettant à la jeune femme une investiture LREM aux élections législatives en échange de son soutien à la présidentielle, comme à d'autres personnalités de la gauche laïque qui s’étaient ralliées au camp macroniste. Quoi qu'il en soit, Zineb, après cet épisode, se retira à nouveau de la scène politique française.
Une radicalisation pro-palestinienne
L’ancienne habituée des plateaux de CNews préféra alors s’adonner à sa passion pour la peinture dont elle partage les fruits sur Instagram, pêle-mêle avec ses photos de vacances au Costa Rica ou en Syrie. Elle a également déserté sa page Twitter, souhaitant, comme elle le dit, « se reconnecter au calme »… Mais c’était compter sans le conflit israélo-palestinien. « Je n’arrive plus à me taire. Il en va de ma conscience et de mon devoir d’être humain, écrit-elle dans un long texte publié le 13 novembre dernier. Les civils palestiniens sont traqués jusque dans leurs lits d’hôpitaux, et partout sur un territoire qui est leur prison, leur enfer. Les crimes de guerre d’Israël commencent à puer. L’humanité ne peut plus se taire. » Depuis ce message très commenté, Zineb multiplie les tweets, à raison de plusieurs dizaines par jour, tous sur le même sujet et le même ton. Elle reprend à son compte les chiffres du Hamas, qualifie Tsahal d’« armée génocidaire » et Gaza de « camp de concentration ». Après une autre envolée présentant l’État hébreux comme « le plus grand assassin d’enfants du 21e siècle », la militante a publié une vidéo dans laquelle elle pousse le curseur encore plus loin et accable tous ceux qui osent soutenir Israël. Pour elle, c’est simple, « la cause israélienne est un repaire de racistes ». « Je vous ai vus, je vous ai démasqués, j’ai compris qui vous étiez et dorénavant, je vais vous dénoncer », lance-t-elle, menaçante.
Évidemment, ce discours caricatural ne pouvait que séduire Houria Boultedja, égérie indigéniste à l’antisionisme assumé. « L'épiphanie de Zineb el Rhazoui est belle à voir, déclara-t-elle sur Facebook. On n'oublie pas qu'elle a largement contribué à renforcer le camp qu'elle combat dans ce discours d'une fermeté et d'une clarté remarquable. Mais je la félicite quand même. » C’est ce qu’on appelle le baiser qui tue.
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51 commentaires
Puisque ce camp aime la réduction ad Hitlérum, je rappelle que la plupart des collabos de pointe pendant l’occupation étaient issus de la gauche….
Je pense qu’en tant que victime de la menace permanente qu’elle a dû subir, elle a le droit de s’exprimer, mais si elle ne correspond pas (ou plus) aux critères. Prendre partie des civils palestiniens n’a rien de scandaleux; simplement, même si elle va trop loin dans ses accusations, elle semble être la seule à le faire publiquement. Plutôt que la clouer au pilori, il serait bon d’ouvrir le dialogue. Voilà.