Le nouvel esclavage : sans papiers, ils travaillent avec les papiers des autres

Dans l’époque que nous vivons, il n’est pas rare que le « faire-savoir » prenne le pas sur le savoir-faire. Autrement dit, la com’ est aussi importante que l’action. C’est pourquoi un collectif de livreurs, soutenu par la CFDT, la Cimade (association de soutien aux migrants) et diverses organisations locales, a choisi le 21 mars – Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale – pour adresser une demande de régularisation au préfet de la Vienne.
Trois cents personnes sont venues encadrer la remise de la lettre à la poste centrale, brandissant des pancartes où l’on pouvait lire : « Justice et dignité pour les livreurs sans papiers ».
Un système d’exploitation bien rodé
Réunis dans le local de la CFDT, à Poitiers, ils étaient donc vingt, ce vendredi, tous coursiers d’origine guinéenne, à finaliser leur dossier avant d’aller le déposer collectivement à la préfecture. C’est un début, si l’on en croit le secrétaire général de l’Union départementale CFDT de la Vienne, qui le confie au Monde : « Il y a une centaine de livreurs dans la ville, tous étrangers et originaires de Guinée, du Pakistan ou d’Afghanistan, dont un bon tiers est sans papiers. » Le quotidien évoque ainsi la situation de Mamadou Sow, 26 ans, arrivé en France en 2017 et qui travaille sept jours sur sept pour les plates-formes Deliveroo et Uber Eats.
France 3 Régions est aussi allée à leur rencontre et témoigne : la majorité de ces livreurs vivent « dans une grande précarité ». Conséquence : « à Poitiers comme ailleurs, les coursiers en situation irrégulière sont contraints d'utiliser un système de sous-location puisque, sans papiers, ils ne peuvent pas créer de compte à leur nom ».
Les nombreux soutiens de ces malheureux – Amnesty International, l'association d'aide aux mineurs et jeunes adultes isolés Min' de rien, de l'hébergement social Welcome Poitiers, le Réseau éducation sans frontières de la Vienne, etc. – sont curieusement peu bavards sur cette question de la « sous-location ».
On trouve des informations sur le site StreetPress qui, en mars 2023, se penchait sur « le business des sous-locations de comptes Stuart, Uber Eats et Deliveroo ». On rappelait, dans cet article, qu’Uber Eats avait déclaré à l’AFP avoir déconnecté près de 2.500 comptes après avoir « identifié des utilisations frauduleuses » de l’application. « Il s’agit essentiellement de faux livreurs, soupçonnés de sous-louer leurs comptes à des travailleurs en situation irrégulière », déclarait le porte-parole de l’entreprise. StreetPress poursuivait : « Sur Facebook, on trouve même des groupes dédiés à ce business. Désormais, la demande a dépassé l’offre. Les prix explosent. »
L’esclavage communautaire
La sous-location tourne autour de 200 euros par semaine, souvent au profit des « grands frères » ou « cousins », car « le marché des sous-locations est aussi souterrain et se fait souvent au sein même des communautés ». Certains livreurs payent un pourcentage (parfois jusqu’à 50 %) sur le montant de leurs courses ; quant à la vente de comptes, elle est plus difficile mais néanmoins réalisable pour 2.000 à 3.000 euros.
Mais pas question de dénoncer les responsables de cet esclavagisme.
La cause de cette misère, c’est « le récent tour de vis de Bruno Retailleau concernant la régularisation des travailleurs sans papiers », dit France 3 Régions. En cause, la circulaire du 23 janvier dernier abrogeant la circulaire Valls du 28 novembre 2012, soit un texte qui « renforce ainsi le pouvoir d’arbitraire qu’ont déjà les préfectures », écrit la Cimade. Laquelle aurait souhaité que les livreurs soient inclus dans les « métiers en tension » - ce qui n’est pas le cas.
Du côté du Parti communiste, en pointe dans la lutte, on dénonce « le travail illégal [qui] crée des salariés exploitables à merci, craignant à tout moment d'être dénoncés, enfermés, assignés à résidence ». Et les jeunes communistes de la Vienne de déplorer : « Travailleurs sans-papiers, mais toujours à votre service. » Mais au service de qui, au fait ?
Les « très à gauche », clients d’Uber Eats
C’est vrai, ça : qui sont les clients des plates-formes Uber Eats, Deliveroo, Just Eat et compagnie ? À en croire Le Point, qui avait fait réaliser une enquête par Cluster17 en novembre 2023, « les électeurs se positionnant "très à gauche" sont les plus nombreux à utiliser ces plates-formes, à 29 %, contre 19 % des Français en moyenne… Leur enseigne de prédilection est Uber Eats, leader avec 40 % de part de marché, devant Deliveroo et Just Eat. »
Une analyse plus fine nous apprend qu’il s’agit des « "progressistes", plutôt jeunes, diplômés, travaillant souvent dans les arts et le spectacle ». Lesquels sont, bien sûr, « pro-européens, pro-accueil des migrants, pro-adoption pour les couples homosexuels, massivement contre la peine de mort, leurs votes vont à gauche ou à l'extrême gauche ». Et bien qu’il « représentent seulement 5 % des Français, c'est chez eux que le recours aux plates-formes de livraison de repas atteint un record, à 46 % ! »
Bref, tous ces donneurs de leçons déplorent, comme toujours, les effets dont ils chérissent les causes. Ils dénoncent d’un côté le « détricotage du modèle social » à la française, accusent le patronat d’esclavagisme, dénoncent majoritairement (à 63 % chez les « très à gauche ») le modèle des livreurs indépendants mais se font livrer leur pizza et leur shit en regardant Netflix.

Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

28 commentaires
Déjà sévir contre les patrons indélicats qui emploient des clandestins.
Taule ferme et fermeture administrative de l’établissement.
Si le patron est un étranger, faire comme pour son clandestin un billet retour.
Les cartes de séjour ne sont pas biométriques, ce qui facilite la fraude par usurpation d’identité.
Et la carte de séjour devrait indiquer le nom de l’employeur actuel.
Et le changement d’employeur se ferait via la préfecture.
« Et bien qu’il « représentent seulement 5 % des Français, »ce sont eux qui détiennent le pouvoir, comme de règle dans notre « démocratie » purulente.
Mais ces saints-diktat gauchistes, ile étaient où pour protester contre la perte de 400 emplois chez C8??? Ils avaient piscine??? qu’ils y retournent !
Je n’ai aucun état d’âme à appliquer la loi, juste la loi. Un sans papier qui s’est vu refuser un titre de séjour doit partir. Un employé qui monnaie ses papiers et gagne de l’argent sur le dos d’un illégal doit être condamné si national et expulsé si étranger. Ca résout pas mal de choses. Et puis, sortez faire vos courses. Ne consommez pas ce genre de service…
Et pourquoi certaines professions – suivez mon regard – réclament encore plus d’immigration ? Alors que nous avons franchi allègrement la barre des 7 millions de chômeurs il faut en faire venir encore plus qui au bout de six mois se transformeront à leur tour en non-demandeurs d’emplois.
Pauvres gens, pauvres esclaves.
La paresse des bobos, leur cynisme à alimenter, pour leur jouissance personnelle, cet esclavage concerté, font froid dans le dos.