Le pape à Rome, Macron à Notre-Dame : deux discours, deux ambiances

Capture d'écran Vatican News
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Le jour même de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, le pape François, dans la basilique Saint-Pierre, créait vingt et un nouveaux cardinaux, dont un Français, Jean-Paul Vesco, archevêque d'Alger. Malgré son absence, le pape était tout de même présent à Paris, puisqu'il a fait lire un message au début de la célébration, message adressé à l'archevêque de Paris et non à Emmanuel Macron... Quant à l'homélie qu'il a prononcée devant les cardinaux, elle avait des résonances qu'Emmanuel Macron aurait pu, à juste titre, méditer.
Dans son message, le pape François a appelé à accueillir « généreusement et gratuitement » les nombreux visiteurs attendus – allusion à une polémique récente –, mais il a surtout souhaité que « puisse la renaissance de cette admirable église constituer un signe prophétique du renouveau de l’Église en France ». Il n'est pas certain que le président de la République, malgré la signification originelle de son prénom, s'associe à cette intention et que la France redevienne de sitôt « la fille aînée de l'Église ».

En tout cas, il aurait pu se sentir visé par certains des propos du pape devant les cardinaux, où il les a mis en garde contre « l’attrait du prestige, de la séduction du pouvoir » et les a exhortés à « suivre le chemin de Jésus » : « Vous qui avez des histoires différentes », a déclaré le Saint-Père, « qui venez de cultures diverses et représentez la catholicité de l’Église, le Seigneur vous appelle à être des témoins de la fraternité, des artisans de la communion et des bâtisseurs de l’unité. »

Curieusement, Macron a eu des accents similaires. Dans son discours, il a déclaré qu'à la faveur de la reconstruction de Notre-Dame, « nous avons redécouvert ce que les grandes nations pouvaient faire : réaliser l’impossible ». Il a voulu y voir la « métaphore heureuse de ce qu’est une nation et ce que devrait être le monde », exhortant à « garder comme un trésor cette leçon de fragilité, d’humilité et de volonté, et n’oublier jamais combien chacun compte et combien la grandeur de cette cathédrale est inséparable du travail de tous ». Il a célébré la « fraternité d’un peuple déterminé à faire de grands choix ; fraternité universelle et entraide ».

Capture d'écran présidence de la République

Dans la conjoncture politique actuelle, quand on sait le mépris qu'il éprouve pour le peuple français, exprimé à de nombreuses occasions dans de petites phases devenues célèbres, quand on voit la manière dont il ostracise onze millions de Français et tous les partis qui ne partagent pas sa vision du monde et de l'homme, ces propos ont, dans sa bouche, quelque chose d'opportuniste et d'indécent. L'idéal qu'il est naturel qu'un pape rappelle aux futurs cardinaux apparaît comme intéressé et instrumentalisé chez un Président à la dérive, qui se regarde le nombril et ne se résout pas à reconnaître ses erreurs.

Macron aurait pourtant pu tirer bénéfice du discours du pape aux cardinaux, centré sur l'Évangile selon saint Marc, où Jésus dénonce les fausses gloires. Cette sentence, selon laquelle « beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers », aurait mérité d'être méditée par un Emmanuel Macron, peut-être sincèrement ému, mais manifestement fier de parader à côté d'un futur président des États-Unis et d'une cinquantaine de chefs d'État.

Macron, en fin de règne, cherche à briller aux yeux du monde. Il espère que cet événement comme les Jeux olympiques cet été, redorera son blason. Quant au pape François, il prépare sa succession, puisque ces vingt et un nouveaux cardinaux, venus du monde entier, hors la France, seront appelés à élire son successeur. Souhaitons qu'il les ait choisis uniquement pour le bien de l'Église, non dans quelque dessein politique...

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Je me méfie de ce pape qui a dans l’idée de détruire la religion au profit de sectes laïques et religieuses de par le monde.

  2. Ce pape continue de provoquer ! Le seul cardinal « français » qu’il vient de créer, Mgr Jean-Paul Vesco, Archevêque d’Alger depuis 2022, est étroitement lié à l’Algérie dont il a pris la nationalité en février 2023. Voici ce qu’il vient de déclarer sur sa nomination « Pour moi c’est extraordinairement important. Ce n’est pas un nouveau cardinal français, c’est un nouveau cardinal algérien qui est créé. » Comme une réponse à l’emprisonnement de Boualem Sansal !

  3. Ce même pape qui pourrait un jour prochain ouvrir les portes de Notre Dame au rituel musulman, et ainsi venir célébrer cette ouverture d’esprit à Notre Dame dès lors que cette mainmise ne serait plus considérée comme sur le sol français . Ce pape est en train de détruire la chrétienté comme Macron l’a fait de notre pays.

    • Cette remarque pourrait être considérée comme excessive, mais elle ne l’est pas, c’est plutôt une triste vision de l’avenir.

  4. Le Pape travaille à la destruction de l’église. Il préfère ramener de ses voyages des migrants islamiques plutôt que des chrétiens persécutés. Il organise sa succession en ne nommant que des cardinaux progressistes… plutôt que de rassembler il jette l’anathème en interdisant la messe en latin. Sur ce dernier point j’ai été amusé de voir que malgré cela la messe de réouverture de Notre Dame avait ete célébrée en latin, Credo et Pater Noster… Le Pape va-t-il démettre l’évêque de Paris ? Et puis, je suis complétive : on ne me fera jamais croire que des poutres multi séculaire, devenue avec le temps aussi dure que dd la pierre, on puise consommer comme on l’a vu, en 4 heures, sans une « aide » extérieure, et ça, alors qu’il ne se passe pas un mois en France,sans qu’une église ou un cathédrale ne soit incendiée ou profanée…

  5. Il ne reste qu’un chose à rechercher et non des moindres par Emmanuel Macron, celle de découvrir qui a mis le feu à Notre Dame et nous le faire savoir. Là la reconstruction de cette cathédrale immortelle sera complète.

  6. Ce Pape, nôtre Pape, est aussi loin de l' »Homme en Blanc » du siècle éteint que Macron d’un Chef d’Etat. Du reste après son passage et celui de Hollande que restera-t’il de l’ État en France et du Trône à Rome ??

    • Sans oublier Sarkozy qui nous a fait lâcher notre souveraineté avec le traité de Lisbonne et réntré dans lOtan.

    • Je pense plutôt que le Pape évite l’Occident qu’il considère perdu pour la chrétienté, et s’attache largement à l’autre, qu’il entend défendre, convertir et accueillir les bras ouverts !

  7. Ce jour-là, Notre-Dame-de-la-Mondanité avait rendez-vous avec Dieu. Le monde interlope de la politique, en costume croisé, les épouses, en falbalas, défilaient sur le parvis où jadis jadis Quasimodo avait traîné sa bosse. La Seine, à trois pas, coulait heureuse, fontaine miraculeuse, épurée des stigmates d’un été olympique. Le maître de céans, papouilleur devant l’Eternel, accueillait ses hôtes avec la chaleur rentée d’un maquignon élevé à la dignité élyséenne. Il se frottait les mains. L’affaire était conclue. Paris redevenait Paris. On avait réussi à faire rentrer le lucre dans l’église. Cette fois les marchands du Temple savaient se tenir, beaux comme des anges bien peignés. On pouvait même apercevoir dans la foule sélectionnée des happies happy quelques tarbouches, écarlates comme des coquelicots cueillis du jour.

    Le point d’orgue, of course, fut quand Emmanuel s’avança en chaire, récitant récitant, formé à l’école chocolatière amiennoise du théâtre pour tous et en même temps pour chacun. Sarah bernhard pouvait se rhabiller avec sa jambe de bois et son patriotisme démodé. Mais que diable, ne sommes-nous pas dans la Maison de Dieu, saupoudrée de musique sainte et de violons enchantés ? Un concert fut donné en duo. Puis l’archevêque s’avança, crosse en tête, celles dont on fait les vraies croix et qui sont de ce fait de plus en plus rares. Mais enfin, celles qui ouvrent les portes de tous les paradis, Sésame ouvre-toi. Cette fois le prélat s’adressa directos à l’orgue…et l’orgue répondit de tous ses phares, de tous ses tuyaux. L’émotion produite était telle que les bouches bâillaient jusqu’aux oreilles, confites de bonheur. Quelle soirée ! Héla, hélas, je n’ai pas regardé la suite. Dieu ne m’en tiendra pas rigueur.

  8. De la lettre de Sa Sainteté le Pape François lue lors de la Cérémonie d’ouverture de la Cathédra leNotre-Dame, il faut retenir, outre le message pastorale…
    Pas un mot à l’attention de Macron !
    Insistance sur l’entrée GRATUITE de la Cathédrale Notre-Dame à tous les visiteurs, d’où qu’ils viennent et quelque soit leur religion !

  9. Macron est un président nombriliste qui a tout raté ! C’est vrai et tout le monde le constate. Mais pour ce qui est de Notre Dame, Macron a su, avec l’aide du Général Georgelin, mobiliser les énergies. Il a également su représenter la France avec dignité en accueillant des chefs d’état du monde entier. Enfin, son discours qui a rendu hommage aux pompiers et à tous les corps de métiers qui ont rebâti cette cathédrale était touchant et juste. Oh bien sûr, ce président a des fidélités successives. Mais le jour J de l’ouverture il a su répondre présent.
    En revanche, la lettre du pape ânonnée par un nonce apostolique fatigué était un monument de je-m’en-foutisme. C’est à croire que le pape, ou plutôt un des ses adjoints, a rédigé ce pitoyable texte entre deux grains de son chapelet. D’ailleurs adresser ce texte à la seule intention de l’archevêque de Paris montre le caractère sectaire de ce personnage. Cette missive aurait due être adressée à Macron es qualité de président de la République Française. En ne le faisant pas, c’est le peuple Français qu’il méprise. D’ailleurs, si je me souviens bien, dans cette lettre le pape ne fait nullement référence à tous ceux qui ont sauvé Notre Dame. Bref ! La honte absolue !

    • En matière de honte, on n’a manqué de rien . Les attitudes de M.et Mme. Macron sur le parvis, son désir de paraître plutôt qu’honorer, sa confusion entre Messe et Olympia, l’absence visible de Sacré ni même de foi ont marqué cette Fête du Trône cathédral .

      • Entièrement d ‘ accord avec Jean Aymar ; l ‘attitude de Macron et Cie profitant de cet instant sacré pour se refaire une légitimité est tout simplement odieuse .

    • Un simple question suite à votre éloge d’E.Macron. Quelle a été sa valeur ajoutée dans la renaissance de Notre Dame de France hormis un petit coup de marteau qu’il a tenu comme un crayon ? Tous les décideurs et exécutants ont été du privé, du financement à l’exécution. Comparez à la construction d’une prison, simple assemblage de panneaux de béton préfabriqués, qui relève uniquement de l’Etat, c’est-à-dire de Macron. Ces prisons ne sortent pas du sol.

  10. La prétention présidentielle a nécessairement eue de quoi s’exprimer ! Il ne sait pas faire autrement ! Quelle pitié

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