Le passe sanitaire : quelle valeur pour quelle vie ?
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La question de la contagiosité des personnes vaccinées fait débat depuis le début de la campagne de vaccination française. Loin d’avoir un avis sur le sujet, il me semble qu’il existe un seul consensus sur le sujet, à savoir que la vaccination contre le Covid 19 ne supprime pas le risque d’être contaminé par une personne vaccinée. Fort de ce constat, sur un plan d’analyse purement analytique et moral, je vous propose l’exercice de démonstration suivant :
Un passe sanitaire est désormais requis en France depuis le 9 août 2021 dans un grand nombre de lieux de la vie quotidienne.
Ces lieux, publics pour beaucoup, ne contiendront donc désormais que des personnes capables de présenter un passe sanitaire en règle. Ces lieux seront donc désormais fréquentés par :
- des personnes vaccinées (les vaccinés) ;
- des personnes non vaccinées détentrices d’un test de dépistage négatif de moins de 72 h (les testés) ou d’un certificat de rétablissement de moins de six mois (les immunisés).
Imaginons, maintenant, de manière réaliste, un de ces lieux, par exemple un restaurant, accueillant dix personnes. Au vu de l’avancée de la campagne de vaccination en France, on peut raisonnablement imaginer que sur ces dix personnes, nous avons huit vaccinés et deux non-vaccinés ayant présenté un test de dépistage négatif (deux « testés », donc). Cette proportion me semble honnête et réaliste, mais le raisonnement qui suit fonctionne quelle que soit la proportion retenue.
Parmi ces dix personnes, lesquelles sont les plus susceptibles d’être porteuses du virus et de le faire circuler ? Clairement, ce ne sont pas les testées, car elles possèdent la preuve récente (test de dépistage) qu’elles sont bien saines et donc non porteuses du virus. En revanche, les huit vaccinées sont tout à fait susceptibles d’être porteuses du virus (en effet, elles n’ont pas été testées) et de le faire circuler (en effet, comme expliqué en introduction, le vaccin ne supprime pas le risque de transmission du virus). Ainsi, les huit vaccinées peuvent faire circuler le virus et contaminer les autres personnes présentes dans le restaurant, et notamment les deux seules personnes certifiées saines, à savoir les deux testées.
Si, d’aventure, il y a contamination, on en connaîtra désormais l’origine (un ou plusieurs des huit vaccinés). Cependant, la conséquence possible de cette contamination n’est pas la même pour tous. En effet, les vaccinés, nous dit-on, sont protégés contre les formes graves du Covid 19. Ainsi, la gravité potentielle de cette contamination reste raisonnable pour ces huit personnes. Cependant, ce n’est malheureusement pas le cas des deux testés qui, eux, n’étant pas vaccinés, ont davantage de chance de présenter une forme grave du Covid 19 (surtout s’il s’agit de personnes dites « à risque ») et de venir apporter leur contribution à la « saturation » des services de réanimation.
Il en résulte donc que, dans ce restaurant, ce sont les huit vaccinés qui, sans prendre de risque pour eux-mêmes, sont susceptibles de faire circuler le virus et de contaminer autrui. Au contraire, les deux testés ne constituent un risque pour personne mais ils s’exposent à un danger de contamination de la part des vaccinés, cette dernière pouvant éventuellement conduire à une forme grave du Covid 19.
Ainsi, le passe sanitaire introduit un nouveau renversement. Les vaccinés se protègent eux-mêmes mais ne protègent pas les autres, alors que les testés protègent les autres mais restent eux-mêmes vulnérables. Rappelons, enfin que, puisque le masque n’est plus obligatoire dans les lieux nécessitant un contrôle de passe sanitaire, les risques et conséquences décrits plus haut n’en seront que renforcés.
On peut donc légitimement s’interroger sur la valeur qu’accorde l’État à la vie des personnes testées non vaccinées. Si l’État, par le biais du passe sanitaire, organise, favorise et accompagne ces situations, il autorise et cautionne donc que des personnes saines non vaccinées soient contaminées par des personnes vaccinées. Ce constat engage un réel questionnement sur l’inégalité frappante de la valeur de la vie entre différentes catégories de citoyens, discriminées par leur choix et position vis-à-vis de la campagne de vaccination actuelle. Rappelons, enfin, pour finir, les propos de M. Macron, le 4 août 2021, sur BFM, affirmant que « avec le passe sanitaire, on ne fait porter la contrainte que sur les non-vaccinés ». La chose est claire.
Face à ce froid constat, beaucoup diront bien sûr à nos deux testés : « Ils n’avaient qu’à être vaccinés ! » Cette phrase montrera bien l’absence d’altruisme authentique dont le nouveau visage ne s’applique désormais qu’à ceux qui se conforment à la doxa. Elle montrera aussi l’absence de respect et de tolérance pour ceux qui ont fait le choix de ne pas être vaccinés, quelle que soit leur raison. Enfin, elle montrera bien l’efficacité et la victoire (pour un temps ?) de cette nouvelle propagande, non plus des idées, mais de l’action commune simultanée, à entreprendre pour le bien de tous, en piétinant les droits et libertés de chacun.
NOTA :
Dans cette démonstration, l’accent a été mis sur les personnes vaccinées et testées. Les personnes immunisées ont été volontairement exclues car il s’agit, vis-à-vis du mode de preuve du passe sanitaire (le certificat de rétablissement), d’une catégorie transitoire restant à la marge. En effet, au bout des six mois réglementaires, les immunisés (20 % des Français, en avril 2021), s’ils ne deviennent pas des vaccinés (57 % des Français, en août 2021), rejoindront par état de fait les rangs des testés. Cependant, il est à noter que le passe sanitaire introduit aussi une grave discrimination entre les immunisés et les vaccinés, comme le démontre de manière lumineuse l’article d'Oscar Brousse sur son blog d’expression libre hébergé par Mediapart.
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