Le PCF sous l’Occupation : les petits mensonges de Ian Brossat
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Fichtre, qu’apprend-on, dans les grandes écoles ? Après quatre années de Sciences Po, Nathalie Loiseau ne sait toujours pas ce qu’est le GUD. Quant à Ian Brossat, tête de liste communiste aux prochaines élections européennes, il ne semble pas avoir retenu grand-chose d’une scolarité passée à Henri-IV et d’une agrégation de lettres modernes décrochée à l’École normale supérieure de Lyon, croyant encore que le Parti communiste fut un parti résistant de la première heure.
Évidemment, il reste bien l’école des cadres du PCF, dont il a sûrement dû entendre parler ; là, au moins, on y apprenait à mieux mentir sur le sujet, ce qui peut toujours servir. Quand on passe à la télévision, par exemple, aux « Grande Gueules » de RMC, ce mardi 21 mai, pour être plus précis.
À cette occasion, Brossat fait le beau : « Moi, je suis communiste français. Le Parti communiste, en France, qu’est-ce que c’est ? C’est 36, les congés payés. C’est 45, un gouvernement auquel on participe avec le général de Gaulle et qui met en place la Sécurité sociale. » Du seul point de vue factuel, voilà qui n’est pas totalement faux. Ce qui n’empêche pas l’éditorialiste Daniel Riolo d’ajouter : « C’est aussi la collaboration avec les nazis. » Et Ian Brossat de frémir, avec la mine de circonstance seyant à tout démocrate indigné : « Non, c’est la Résistance, Monsieur. C’est 75.000 fusillés. »
Tel qu’il n’était pas incongru de s’y attendre, d’autres démocrates tout aussi indignés se sont indignés encore plus fort dans les médias, dont une certaine Odette Nilès, ancienne déportée et doyenne de la liste communiste européenne : « C’est l’inculture qui conduit à l’ignorance, l’ignorance qui conduit à l’oubli. Le négationnisme commence toujours ainsi : par un rire, par une moquerie. On explique alors qu’il ne s’agit que d’un détail de l’Histoire. »
Mais Libération, dans sa rubrique « CheckNews », remet les choses à peu près à l’endroit. Les 75.000 martyrs relèvent du n'importe quoi, sachant que les autorités allemandes ont, selon les estimations les plus hautes, fusillé 20.000 Français durant l’Occupation, dont 5.000 communistes. Après, un Parti communiste collaborateur, c’est déjà plus compliqué. Certes, rappelle ce quotidien, le PCF n’entre dans la Résistance qu’en 1941, après la rupture du fameux Pacte germano-soviétique. Ainsi, sans être tout à fait des résistants de la onzième heure, les communistes ne faisaient pas vraiment partie de ceux de la première.
En attendant 1941, on dira que le parti campe alors dans un attentisme prudent, allant jusqu’à quémander, auprès de la Kommandantur parisienne, l’autorisation de faire reparaître L’Humanité, autorisation qui leur est, par ailleurs, refusée. Cité par le même quotidien, l’historien Michel Wieviorka affirme non sans justesse, à propos de cet épisode : « Le PCF essaie de tirer avantage de la situation, c’est un épisode honteux, mais le transformer en acte de collaboration, c’est une contre-vérité. »
En revanche, il ne s’agit pas d’une autre « contre-vérité » que de noter que d'anciens communistes, comme Jacques Doriot en tête, prirent une part écrasante dans la collaboration ; au même titre, d’ailleurs, que d'anciens socialistes, comme Marcel Déat. Eh oui, les deux principaux partis collaborationnistes, PPF et RNP, étaient de gauche, tandis que les premiers résistants venaient de cette droite déjà donnée pour « extrême ».
En ce domaine, il est bien dommage que nos fact checkers n’aient pas poussé un peu plus loin leurs investigations, ne serait-ce qu’en se penchant sur l’œuvre de l’Israélien Simon Epstein, chercheur, historien, universitaire et spécialiste de l’antisémitisme, dont l’un des derniers livres, Un paradoxe français, fit grand bruit tout en causant une certaine gêne. Il est vrai que son sous-titre n’est autre que « Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance »… Si l’on en croit les sondages, il est probable que Ian Brossat ne siège pas au Parlement européen. Fort bien, ça lui laissera du temps de libre pour lire sur la plage.
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