Le pèlerinage de Chartres a la cote, mais les évêques refusent toujours les tradis

MESSE

Triste ironie du calendrier. Au moment où 18.000 pèlerins (nouvelle affluence record, cette année) marchaient vers Chartres, preuve du succès et de l’attrait des messes dites « en latin », Monseigneur Dognin, évêque de Quimper et Léon, confirmait, dans une lettre datée du jour de la Pentecôte, l’éviction du diocèse de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP). Les fidèles, attachés à la forme extraordinaire du rite romain, dénoncent le « mépris » de l’évêché vis-à-vis de leur communauté pourtant florissante et promettent de rester mobilisés pour défendre la liberté liturgique.

Éviction de la Fraternité Saint-Pierre

« Le couperet est tombé. » À l’été 2021, l’Église de France, et notamment les prêtres et les fidèles attachés au rite tridentin, découvrent avec stupeur le motu proprio [décret pontifical, NDLR] Traditionis custodes qui limite l’usage du missel de 1962. Dans certains diocèses, les fidèles de la messe en latin voient alors leurs églises fermées et certains de leurs prêtres renvoyés. À Quimper, la paix liturgique, ou du moins le statu quo, semblait régner. Mais ce répit n’a été que de courte durée. En décembre 2023, les fidèles des paroisses Saint-Mathieu et Sainte-Sève, desservies par la FSSP, apprennent la volonté de Monseigneur Dognin de révoquer la convention qui liait le diocèse à la communauté traditionaliste. En cause, deux articles à charge contre l’évêché, publiés par l’association Paix liturgique, qui mettent le feu aux poudres. Et alors que la FSSP n’a rien à voir avec cette association dont « elle désapprouve les méthodes et l’état d’esprit », la voilà dans le collimateur de l’évêque.

Cinq mois plus tard, l’évêché confirme cette révocation. La FSSP est priée de plier bagage et de quitter le diocèse. Dans une lettre adressée aux paroissiens, l’évêque tente de temporiser et promet que « trois messes dominicales » seront célébrées par des prêtres diocésains chaque semaine, ainsi que les solennités de la Toussaint, Noël, l’Ascension et l’Assomption, et toute autre solennité qui tombe un dimanche. En revanche, le Triduum Pascal, les autres solennités et surtout les sacrements seront désormais célébrés « en paroisse » en forme ordinaire. « On nous laisse trois messes - dont une à Brest - et on nous dit "soyez sympas, restez dans le rang". Mais c’est méconnaître la richesse des messes en semaine, de la vie de communauté, du catéchisme, des confessions et des autres sacrements », s’agace Louis, un paroissien mobilisé contre la décision du diocèse. « Il y a six ans, il y avait une soixantaine de fidèles. Aujourd’hui, nous sommes 250-300 chaque semaine. Cela montre bien la fécondité de la messe en forme extraordinaire et du travail de la FSSP », ajoute le jeune homme.

Les fidèles ne désespèrent pas d’être entendus. Après une première grande mobilisation devant les portes de l’évêché, au début du mois de mai, quelques dizaines de paroissiens ont continué de réciter le chapelet au même endroit, espérant être entendus de leur évêque. La porte est demeurée close. « Cela fait des semaines qu’on demande à être reçus et écoutés. La seule réponse que l’on obtient, c’est un communiqué », regrette Louis. Face au silence de leur diocèse, les paroissiens attachés à la forme extraordinaire ont donc adressé une lettre à Monseigneur de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, dans l’espoir de débloquer la situation. Ils prévoient une nouvelle mobilisation, le 16 juin. « Ce sera sûrement une grande marche dans le centre-ville de Quimper », nous annonce Louis, qui travaille à son organisation.

Les tradis en danger

Plusieurs prêtres, membres d’autres sociétés traditionalistes, ont relayé le combat de ces fidèles pour la liberté liturgique. Certains n’ont d’ailleurs pas manqué de remarquer le deux poids deux mesures du diocèse de Quimper qui, d’un côté, révoque la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, dont le charisme a pourtant été confirmé par le pape François en février 2022, et, de l’autre, relaie des messages politiques en faveur de la communauté LGBT sur son compte X (avant de supprimer ce compte). Le diocèse dénonce un acte de malveillance.

Le diocèse de Quimper est loin d’être le premier à avoir banni a FSSP de son territoire. En juin 2021, avant même la publication du motu proprio, la FSSP a été informée par courrier de son éviction du diocèse de Dijon. « Il semble anachronique, à une époque où le nombre de prêtres ne cesse de diminuer, de préférer se passer des services de deux d’entre eux […], quitte à surcharger encore davantage les prêtres diocésains », regrettait la société. L’année suivante, la FSSP était ensuite invitée à quitter le diocèse de Grenoble. Dans d’autres diocèses, dont celui de Poitiers ou Rennes, de jeunes fiancés rencontrent également des difficultés pour célébrer leur mariage selon la forme extraordinaire dans l’une des églises du diocèse. À l’heure où les séminaires des diocèses se vident et où, à l’inverse, le pèlerinage de Chartres et les messes en forme extraordinaire font le plein, l’Église de France souhaite-t-elle vraiment se passer des tradis ?

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Ah , Quimper ! Où sont donc passés les pieux bretons bretonnants, qui ont abandonné leurs calvaires et pardons pour embrasser le socialisme de bas étage ! Et voilà que « notre » roué pape envoie un mission d’inspection  » académique » (tiens ! de Dijon) pour essayer aussi de « coincer » au tournant (sur plainte de collabos du cru ou importés) le trop pur et dur évêque de Bayonne…

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