Le Pen, Trump, Meloni, Salvini, Milei… Ces conservateurs harcelés par les juges

Pour Donald Trump, le scénario Le Pen n'est pas inédit... « Ça ressemble vraiment beaucoup à ce pays », dit-il.
Capture d'écran YT France 24
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Marine Le Pen n’est pas la seule dirigeante de droite dans le monde - loin s’en faut - à affronter l'institution judiciaire qui vient à point nommé faciliter le travail de ses adversaires politiques. Une forme de persécution judiciaire qui peut aller loin. En France, Nicolas Sarkozy ou François Fillon pourraient en parler longuement. Alors que Éva Kaïlí, cette députée européenne socialiste prise avec son entourage en flagrant délit de détention de centaines de milliers d'euros en petites coupures en décembre 2022, a paisiblement réintégré le Parlement européen en attente d’un jugement définitif, dans le monde entier, les tribunaux s'attaquent vigoureusement aux dirigeants de droite ou conservateurs.

Donald Trump y a fait allusion, ce 1er avril, en évoquant Marine Le Pen, en réponse aux questions de journalistes. « C’est très grave, a estimé le chef de la Maison-Blanche. Je sais tout de cette histoire et beaucoup de gens pensaient qu’elle ne serait pas condamnée. Mais elle est interdite de se présenter pendant cinq ans, alors qu’elle est la principale candidate. Cela ressemble à ce pays, ça ressemble vraiment beaucoup à ce pays. » Trump fait référence aux nombreuses procédures judiciaires engagées à son encontre alors qu’il travaillait à son retour au pouvoir.

Trump : les juges n'ont pas osé l'inéligibilité

Le président américain s’est en effet débattu, de 2021 à 2024, dans l’affaire de l’assaut du Capitole : les poursuites ont été abandonnées en novembre 2024. Il a fait, aussi, l’objet de poursuites pour fraude électorale en Géorgie. Dans les affaires de recel de documents classifiés à Mar-a-Lago (ces cartons qu’il auraient emportés de la Maison-Blanche dans sa maison de campagne), les poursuites ont été abandonnées en 2024. Mais Trump a été condamné, en 2025, dans une affaire de falsification de comptes durant la campagne de 2016 et, en 2024, pour surévaluation frauduleuse d’actifs. Quoi qu'il en soit, jamais les juges n’ont osé lui infliger une peine d’inéligibilité. Dans l’affaire de la falsification de ses comptes de 2016, la Cour suprême avait même décalé sa décision pour éviter « toute apparence – aussi injustifiée soit-elle – que la procédure a été affectée ou bien cherche à affecter l’élection présidentielle qui approche », avait précisé le juge Juan Merchan. Des subtilités dont se sont affranchis les juges français.

En Italie, Giorgia Meloni résiste, elle aussi, à une véritable guérilla judiciaire. Selon Le Monde, ce 6 mars, la Cour de cassation italienne a condamné le gouvernement de Meloni à indemniser des migrants. Motif : le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini avait refusé de les autoriser à débarquer sur les côtes transalpines lorsqu’ils étaient entrés au port de Catane, en Sicile, en août 2018, après avoir été recueillis par un navire italien au large de Malte. Salvini avait alors mis l’UE au pied du mur : soit les autres pays membres accueillaient ces migrants, soit l'Italie ne contribuerait plus au budget communautaire. Giorgia Meloni ainsi que deux de ses ministres sont aussi visés par une enquête liée à l'expulsion d'un responsable libyen, Osama Almasri, chef de la police judiciaire libyenne et commandant de la prison libyenne de Mitiga, recherché par la Cour pénale internationale. Meloni accuse vertement les magistrats de politiser leur fonction. Son ministre du Tourisme est encore accusé de fraude liée à des licenciements sur fond de Covid-19. Enfin, les juges de la cour d'appel de Rome se sont saisis de la détention des 49 migrants arrivés au début du mois au hotspot de Shëngjin, en Albanie. Inutile de mentionner les innombrables procédures engagées par l’UE contre la Hongrie, entre autres. On passe sur l'opposant roumain privé d'élection présidentielle.

Une affaire de crypto-monnaie pour Javier Milei

Hors d'Europe, le vigoureux président argentin Javier Milei fait, lui aussi, l’objet d’une offensive judiciaire : il aurait fait très brièvement la promotion d'une obscure crypto-monnaie, Libra, dont le cours est monté brutalement avant de s’effondrer. De petits investisseurs auraient perdu une partie de leurs économies dans ce coup d’accordéon. Milei nie toute implication, mais plusieurs plaintes ont été déposées contre lui pour corruption et l’ancienne présidente Cristina Kirchner, un symbole de vertu en politique, ne s’est pas fait prier pour qualifier Javier Milei de « crypto-escroc ».

Milei soutient activement le chef d’État sans doute le plus attaqué devant les tribunaux de son pays : l’ancien dirigeant brésilien Jair Bolsonaro. En 2023, Bolsonaro a écopé d'une peine de huit ans d’inéligibilité par le Tribunal supérieur électoral (TSE) pour avoir contesté le système de vote électronique utilisé au Brésil durant la campagne présidentielle. Soutenu par le président des États-Unis comme par Javier Milei, le Trump de la pampa fait encore l’objet d’une multitude d'autres procédures qui ne l’empêchent pas de se battre sur la scène politique intérieure.

La gauche en tirera la conclusion (facile) que les conservateurs de droite sont plus malhonnêtes que les autres. D'autres s’interrogeront sur ce parallélisme et estimeront que les principaux leaders patriotes font l’objet d’un acharnement judiciaire. Peut-être la dernière arme d'un système mondialiste en faillite, réduit à se maintenir coûte que coûte contre la volonté des peuples, par tous les moyens, même légaux.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

90 commentaires

  1. Vous cherchez à démontrer que la justice (Les justices en l’occurrence puisque on parle de plusieurs pays) est systématiquement contre ce que vous qualifiez de conservateurs mais que l’on peut appeler populistes. Soit, c’est votre thèse. Mais dans les cas que vous citez, les preuves d’infractions sont nombreuses et, s’agissant de Trump, personne sur terre ne croit un instant que ce ne soit pas un magouilleur et un escroc. Vous auriez pu aussi, si vous l’aviez voulu, prendre des exemples d’hommes politiques progressistes, ou de gauche comme on veut, qui ont été condamnés par la justice. Et il y en a bien sûr. On pourrait même poser comme postulat que dans toute organisation humaine (qu’elle soit politique, sportive, économique, scientifique) il y a un pourcentage de malhonnêtes, qui, peu ou prou, est à peu prés constant. Mais non, ce n’était pas votre ligne éditoriale.

  2. Lepen, Trump, Méloni, Salvini, Milei, Boulevard Voltaire et réseaux Voltaire, faisons alliance et unissons tous ensemble, pour combattre les juges et les censeurs de la pensée ! Il y a que comme ca que l’on pourra résister ! Si nous sommes divisés nous serrons bientôt mort, politiquement et idéologiquement ! Hervé de Néoules !

  3. Si on veut comprendre d’où vient en grande partie cette politisation inadmissible d’un nombre important de juges, voici ce que disait en 1968, un certain juge gauchiste syndiqué Oswald Baudot dans une harangue aux jeunes étudiants de l’Ecole Nationale de la Magistrature, à Bordeaux et qui traine encore dans les couloirs de cette institution :
    « Soyez partiaux (…) Examinez toujours où sont le fort et le faible qui ne se confondent pas nécessairement avec le délinquant et sa victime. Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurance de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice. »…..
    …..« Si la répression était efficace, il y a longtemps qu’elle aurait réussi. Si elle est inutile comme je le crois, n’entreprenez pas de faire carrière en vous payant la tête des autres. Ne comptez pas la prison par années ni par mois mais par minutes et par secondes, tout comme si vous deviez la subir vous-mêmes. »….
    …..« Dans vos fonctions, ne faites pas un cas exagéré de la loi et méprisez généralement les coutumes, les circulaires, les décrets et la jurisprudence. Il vous appartient d’être plus sages que la Cour de cassation, si l’occasion s’en présente (…) Consultez le bon sens, l’équité, l’amour du prochain plutôt que l’autorité ou la tradition. La loi s’interprète. Elle dira ce que vous voulez qu’elle dise. Sans y changer un iota, on peut, avec les plus solides « attendus » du monde, donner raison à l’un ou à l’autre, acquitter ou condamner au maximum de la peine. Par conséquent, que la loi ne vous serve pas d’alibi. D’ailleurs vous constaterez qu’au rebours des principes qu’elle affiche, la justice applique extensiblement les lois répressives et restrictivement les lois libérales. Agissez tout au contraire. »
    Edifiant, non !

  4. S’agissant de l’exécution immédiate de l’inéligibilité, le tribunal avait le choix entre décider, compte tenu de l’élection présidentielle à venir de ne pas interférer dans le choix des électeurs ou bien au contraire de décider qu’il allait interférer, ce qu’il a fait. Au moins, c’est clair.

    • Ceci dit, qui a voté cette possibilité d’exécution immédiate inscrite dans la loi hollando-socialiste Sapin 2, si ce ne sont députés et sénateurs ? Alors ce qu’ils ont fait comme souvent par bêtise, inadvertance ou négligence, pour certains, et volontairement, pour d’autres, sans savoir vraiment ce dont il s’agissait, tous n’ont qu’à la supprimer de la loi en votant à la majorité le projet de loi présenté par monsieur Ciotti et l’UDR. Comme cela la soit-disant justice française ne pourra plus dans ce cadre-là jouer les cosaques.

  5. Le Camp des progressistes depuis 30 ans n’acceptent pas d’alternance et utilisent les institutions politiques pour faire taire des conservateurs et des patriotes c’est très tendance après l’élection de Trump il faut séparer la politique des décisions judiciaires sinon c’est la porte ouverte aux règlements de compte entre partis dont nous autres électeurs seront les premières victimes.en conséquences qui est habilité de le faire les voix

  6. MLP a interprété à sa façon les règles qui régissent l’emploi des assistants parlementaires européens.Si faute il y a eu,elle aurait dû se borner à exiger le remboursement des sommes versées indûment.De là à rendre inéligible la personne fautive,il y a un pas de géant que la justice partisane n’a pas hésité à faire.Nul doute que Zemmour,maintes fois poursuivi pour avoir dénoncé certaines réalités,aurait subi le même sort si c’est lui que les électeurs avaient plébicité massivement.

    • La cour de cassation a décidé de poursuivre Zemmour coûte que coûte,infirmant ainsi les décisions de première instance et de la cour d’appel.L’hypothèse de l’inégibilité de Z,que j’évoquais dans ma dernière phrase à 14H07,n’est plus à exclure. »Le président du parti d’extrême droite Reconquête! Éric Zemmour a été condamné ce mercredi 2 avril par la cour d’appel de Paris à 10.000 euros d’amende pour contestation de crime contre l’humanité pour avoir soutenu en 2019 que le maréchal Pétain avait « sauvé » des juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.

      Dans cette affaire, Éric Zemmour, 66 ans, avait été relaxé par le tribunal de Paris en 2021 puis par la cour d’appel en 2022, avant que la Cour de cassation, saisie par cinq associations parties civiles et par le parquet général, n’annule sa relaxe, ordonnant un nouveau procès ».

  7. Je précise en préalable que je ne suis pas membre du RN et ne voterai jamais pour lui.N’empêche que je conteste ceux,généralement des gens de gauche, qui nous expliquent que les juges ont appliqué la Loi dans l’affaire Le Pen.Ils perdent le vue les préconisations du Baudot,à l’école de la magistrature ,années 70,qui recommandait à ses élèves futurs magistrats,de ne pas appliquer le Droit,mais de l’interpréter idéologiquement de façon ,par exemple,à favoriser le voleur face au policier,ou le locataire face au propriétaire.Baudot a disparu depuis longtemps,mais son idéologie partisane reste parfaitement en vigueur.
    On nous certifie que les juges sont indépendants.Leurs décisions démontrent qu’ils sont loin d’être indépendants de leur idéologie marquée à gauche,voire à l’extrême gauche.Il était ès lors fatal qu’ils cherchent à éliminer du champ politique une personne comme MLP que les médias persistent ,abusivement,à classer à droite,alors qu’elle même se défend d’être sur ce créneau droitier.

    • Des juges et une juqstice indépendante, objective et impartiale ? Que penser de l’appel du syndicat de la magistrature en juin dernier demandant à tous les magistrates et magistrats et au delà à tout faire pour que la Droite ne parvienne pas au pouvoir ? C’est ça l’indépendance des juges ? La décision du 1er avril, et qui n’est pas un poisson, est la preuve même que certains magistrats, une magistrate en l’occurance, appliquent cette recommandation à la lettre !

  8. Dans une démocratie digne de ce nom la peine  » d’inéligibilité  » devrait revenir uniquement au peuple.
    Puisque en régime  » démocratique « , c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple !

    • La chose se complique bougrement lorsqu’au peuple autochtone d’autrefois ,déjà fragmenté par des dissensions politiqueset sociétales,s’ajoutent d’autres peuples venus d’ailleurs qui apportent leurs propres divergences qui alors s’ajoutent aux nôtres.

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