Le Petit Robert est-il un dictionnaire militant ?
L'entrée de nouveaux mots dans un dictionnaire est censée en consacrer l'usage. On ne s'étonnera pas que l'édition 2023 du Petit Robert contienne des termes largement employés dans l'actualité récente. On pourrait penser qu'il se met impartialement au service de la définition des mots, mais il peut arriver que, pour suivre la mode voire par militantisme, il décide de servir une cause, fût-elle discutable.
C'est ainsi qu'on trouve, dans la nouvelle édition, toute une série de termes, plus ou moins heureux, héritages de la pandémie du Covid-19. Un « Covid long » est un Covid dont les symptômes persistent ; une personne « covidé(e) » est atteinte du Covid ; le « portage » est la capacité que possède une personne, un animal de transmettre un germe, et le verbe « écouvillonner » signifie prélever un échantillon (dans une cavité naturelle) à l'aide d'un écouvillon. Il n'est pas certain que tous ces mots méritent de passer à la postérité, mais passons.
Le lexique des questions sociétales fait aussi une entrée remarquée, ce qui est une façon de les officialiser et de les légitimer. On trouve, bien sûr, l'« identité de genre », mais aussi le « genre fluide », traduction de l'anglais gender fluid, caractérisé par des fluctuations de l’identité de genre, le verbe « dégenrer », qui signifie supprimer toute distinction en fonction du genre pour favoriser la mixité et l’égalité, ou encore la « thérapie de conversion » consistant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. Ces termes ne sont pas couramment employés, mais les faire entrer dans le dictionnaire leur donne une réalité et une consistance qu'ils ne possèdent pas encore.
Le comble est atteint quand Le Petit Robert ajoute, dans son édition papier, le fameux pronom personnel « iel » (« iels » au pluriel), qu'il n'avait jusqu'ici introduit que dans sa version numérique. Il assure ainsi une légitimité supplémentaire à ce pronom contesté, employé pour évoquer une personne, quel que soit son genre. Une démarche apparemment plus idéologique que lexicographique. Le pluriel « iels », précise le dictionnaire, « peut être pratique […] pour désigner une foule, un groupe mixte ». Il est vrai qu'Élisabeth Moreno, ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, avait estimé qu'il n'était pas « choquant » d'employer ce pronom neutre.
Vous l'aurez compris : ce dictionnaire outrepasse sa mission en faisant la promotion de l'écriture inclusive et, plus généralement, des idéologies à la mode. Il participe, sciemment ou non, au combat des minorités agissantes qui ne se contentent pas de vouloir être respectées - ce qui serait légitime - mais font pression pour imposer leurs normes et leur vocabulaire à la majorité, vouant aux gémonies les récalcitrants. Le Petit Robert, ce dictionnaire de référence, se transformerait-il en dictionnaire militant ?
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite
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27 commentaires
Les juges veulent faire de la politique…
Le « petit Robert » veut imposer ses règles de langage en adhérant au « dégenré »…
Récemment, on a constaté que la plupart de nos politiques revendiquaient des connaissances médicales (covid) qu’on ne leur connaissait pas…et réciproquement, tous ces professeurs en médecine qui entendaient donner des ordres à nos gouvernants…
Décidément, nous vivons dans un monde étrange…
« Portage » et « écouvillonner » sont utilisé par les médecins depuis très longtemps…
Que ce dictionnaire reste ce qu’il est : petit
Très pertinent !
Une seule réponse, pour ce dictionnaire comme pour les médias bien-pensants : boycott et résistance à cette vague de décadence et de destruction de notre langue.
J’ai jamais apprécié ce dictionnaire apparu en 1967. Déjà au début avec ses nouveaux mots
affreux pour faire moderne c’était déjà le pré-wokisme et même le nom me déplaisait. Il n’y a que Larousse qui m’aille et que ce Robert se taille. Quillet Flammarion acceptable.
Alain Rey et Josette Rey- Debove, sa première épouse, excellents linguistes mais solidement enracinés à gauche, ont façonné depuis 1967 le Robert. Après le décès de celle-ci il épousera Danielle Morvan, de la gauche enragée. Ceci explique un peu cela.
« Le Petit Robert, ce dictionnaire de référence, se transformerait-il en dictionnaire militant ? »
Cela l’a toujours été, ce pourquoi j’ai toujours préféré le vieux Larousse de ma grand mère, et le Littré.
Il y a longtemps que le petit Robert viole le bon usage de la langue française.
« Le Petit Robert se transformerait-il en dictionnaire militant ? » s’interroge Philippe Kerlouan.
La réponse est dans la question.
au « petit Robert » il a y des dégenrés qui sont autant de dérangés !!
Vous m’avez enlevé les mots de mon clavier.
je pense exactement comme vous.
Comme aurait pû dire Molière :
Couvrez ce « robert » que je ne saurais voir: – Par de pareils objets les âmes sont blessées, – Et cela fait venir de coupables pensées.
Le seul vrai Dictionnaires De La Langue Française est « Le Littré » et sa version allégée « Le Petit Littré » dépendant que de l’Académie Française.
après « homicide » qui a dérivé en « féminicide », je propose que « féminisme » dérive en « hominisme ».
Ciel, ce mot très moche a déjà été inventé .
hominisme : Mouvement de réflexion et d’action qui prône le renouveau de l’identité masculine et la défense des droits des hommes, en complémentarité avec le féminisme.
Affirmatif.
1 _ qui utilise un dictionnaire aujourd’hui. ?
2 _ quelle proportion de la population ?
3 _ qui ne préfère pas la fée GOOGLE à cet ouvrage ?
4 _ j’ai fait, fut un temps. une comparaison LAROUSSE – ROBERT. Larousse a gagné. il contient plus de mot.
1 pour moi.
J’aime bien aussi le Littré
Un dictionnaire militant définit les mots selon une idéologie, pour manipuler la pensée des lecteurs, car selon la thèse majoritaire il n’y a pas de pensée sans langage. Ce serait grave, si cette thèse était vraie. Or selon les neuropsychologues, cette thèse est une “absurdité de convention”, il s’avère que la pensée sans langage existe. Certains envisagent même une totale indépendance de la pensée par rapport au langage. En fait, c’est la pensée qui guide le langage, et non l’inverse.
Je le crois , oui . Mieux vaut un bon Larousse ( des années 50…
Le premier dictionnaire que j’offrirai à mes petits enfants ne sera donc pas le petit Robert