Le PiS vainqueur des élections polonaises : quelle leçon pour Bruxelles et les libéraux ?

Jarosław Kaczyński

Il ne s’agit, certes, encore que de sondages de sortie des urnes, mais tout indique que le PiS va pouvoir continuer à gouverner seul la Pologne pendant encore quatre ans. Dans un contexte de participation record pour la Pologne, à 61 %, le parti Droit et Justice de Jarosław Kaczyński parvient à obtenir 44 % environ des votes, contre 37,5 % en 2015, quand la participation avait été de 51 %. En nombre d’électeurs, il est donc passé, dans ce pays de 38 millions d’habitants, de 5,7 millions, aux législatives de 2015, à 6,2 millions, aux européennes de mai dernier, et à quelque 8 millions, aux législatives de dimanche. Il peut donc compter, selon les premières estimations, sur 239 sièges à la Diète, soit 9 de plus que la majorité absolue.

Dans la dernière ligne droite de la campagne électorale, la plupart des commentateurs étaient d’accord pour dire que le PiS menait une campagne bien ficelée, avec un programme lisible et des propositions concrètes, tandis que les libéraux de la Coalition civique (KO), menés par la Plate-forme civique (PO) de Grzegorz Schetyna, semblaient méconnaître eux-mêmes leur programme fluctuant et ont perdu leur reste de crédibilité en cherchant à concurrencer les sociaux-conservateurs du PiS sur le terrain des promesses sociales.

Parallèlement à sa politique sociale généreuse par rapport à celle des gouvernements précédents, le PiS a su, par une lutte efficace contre une fraude fiscale très mal maîtrisée sous les gouvernements de Donald Tusk, réduire les déficits publics. La catastrophe financière annoncée par les libéraux au début des gouvernements du PiS n’est donc pas arrivée, et tous les voyants économiques sont, au contraire, au vert.

Mais ce qui a permis au PiS d’étendre son emprise sur l’électorat polonais, c’est aussi la radicalisation de l’opposition. Après la défaite cuisante de la Coalition européenne qui rassemblait les libéraux et la gauche sociale et sociétale contre le PiS pour les élections européennes de mai, il y avait, pour ces législatives, trois blocs d’opposition : les libéraux et les libéraux-libertaires de la Coalition civique, renforcés par les Verts, la gauche post-communiste alliée à l’extrême gauche sociale et sociétale, et enfin le parti agraire PSL revenu à un discours plus conservateur après l’expérience douloureuse de la Coalition européenne qui avait vu son électorat rural se tourner massivement vers le PiS en mai dernier.

Du coup, le PSL réussit son pari en obtenant environ 9 % des voix, juste derrière le bloc de gauche, à environ 12 %. À en croire les sondages de sortie des urnes, les nationalistes et les libéraux-conservateurs alliés au sein de la Confédération réussissent, eux aussi, leur pari en dépassant le seuil minimum des 5 % des voix.

La leçon à tirer de ce scrutin pour les libéraux et pour Bruxelles est double :

D’abord, les discours de l’opposition sur la fin de la démocratie et les attaques menées depuis Bruxelles contre la majorité et le gouvernement que se sont choisis les Polonais au travers d’élections libres et transparentes sont contre-productifs. Mercredi dernier, à quatre jours des élections, la Commission européenne lançait une nouvelle procédure contre la Pologne à propos des réformes du système judiciaire par le PiS. L’opposition s’en félicitait, mais les électeurs polonais, blasés par quatre ans de manœuvres du même genre, ne se sont pas laissés impressionner.

Ensuite, l’électorat polonais, composé en grande partie de catholiques, est majoritairement conservateur, pro-famille et pro-vie. En adoptant, comme la gauche, les postulats du lobby LGBT, même s’ils n’ont pas encore osé remettre en cause la loi plutôt restrictive sur l’avortement, les libéraux ont permis au PiS de récupérer l’électorat modéré du centre qui est celui qui permet de gagner les élections en Pologne.

Du même auteur, pour en savoir plus sur les politiques du PiS et sur les sources du conflit avec Bruxelles :

Comprendre la situation politique en Pologne. Comment la Pologne a basculé en 2015 dans le « Camp du Mal » (pour Bruxelles et les médias dominants)

L’actualité polonaise vue de droite

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:51.
Olivier Bault
Olivier Bault
Directeur de la communication de l'Institut Ordo Iuris

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