Le poids des « tradis » inquiète Libé

Le pape est mort. Dans quelques jours s’ouvrira le conclave : la réunion des 135 cardinaux, complètement isolés, réunis pour élire le prochain pape. Les spéculations vont bon train, quant au profil du successeur du pape François. À quel courant appartiendra-t-il ? Sera-t-il un réformateur ou, au contraire, un conservateur ? Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui affichent leur soutien au cardinal Robert Sarah, originaire de Guinée, réputé conservateur.
The next Pope should be Cardinal Robert Sarah. pic.twitter.com/agWMJJLuTs
— Trad West (@trad_west_) April 21, 2025
À gauche, beaucoup ont rendu hommage au pape défunt en tant qu’artisan de la paix, proche des plus pauvres, défenseur des migrants, soutien de la cause palestinienne. Que le cardinal Sarah soit élevé au rang des papabili n’enchante pas. Alors qu’un certain retour à la religion catholique s’est fait ressentir en France au moment de Pâques, la progression constante des communautés traditionalistes inquiète plus encore.
En France, 17.800 catéchumènes ont reçu le baptême, pendant le nuit de Pâques (dont 10.400 adultes), ce qui représente une hausse de 45 % des baptêmes d’adultes, par rapport à l’année dernière. Et ces chiffres ne prennent pas en compte les baptêmes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), fondée par Mgr Lefebvre en 1970. Pourtant, dans le diocèse de Paris, cette communauté a baptisé trente catéchumènes, ce qui représente près de 5 % des baptêmes du diocèse de Paris, alors même que la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet ne représente que 0,9 % des paroisses parisiennes, information que BV a été en mesure de confirmer auprès de prêtres de la FSSPX.
Les baptêmes de la FSSPX ne sont pas comptabilisés par les diocèses. Pourtant, à Paris, alors que Saint Nicolas du Chardonnet représente 0.9% des paroisses parisiennes, avec 30 baptêmes, elle totalise près de 5% des baptêmes d'adultes du diocèse de Paris durant la Vigile Pascale. pic.twitter.com/0i7ZQ0Q5DD
— Adéodat (@Adeodaturum) April 22, 2025
Le journal Libération a publié un papier dans lequel la spécialiste religion remarque qu'« en France, une part importante des (rares) vocations est issue des milieux traditionalistes, ce qui risque, à l'avenir, de fragiliser la diversité du catholicisme hexagonal ». Une « diversité », soit dit en passant, que le pape François a passablement mise à mal en restreignant drastiquement les conditions de célébration de la messe traditionnelle ! Mais en effet, Libé a raison : une part importante des vocations sacerdotales, en France, est issue des rangs traditionalistes, formant ses prêtres à célébrer la « messe en latin ».
Ces communautés traditionnelles recrutent, se développent, essaiment. Ainsi, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X compte, dans le monde, environ 750 prêtres, 150 frères, 250 sœurs et oblates, de nombreux prêtres et communautés amies : les dominicaines de Fanjeaux, de Brignoles, dominicains, bénédictins, bénédictines, carmels, capucins, Fraternité Saint-Josaphat, Fraternité de la Transfiguration… En tout, la Fraternité et les communautés amies rassemblent environ 2.000 religieux et religieuses dans le monde. Ces chiffres ne sont pas ajoutés aux données officielles de l’Église. D’année en année, les maisons, prieurés, écoles ne cessent d’ouvrir et de nombreuses églises sont construites à travers le monde entier (Kenya, États-Unis, Lituanie, France, Suisse, Canada, Philippines, Amérique du Sud…).
En France, les institutions anciennement appelées Ecclesia Dei, c’est-à-dire les branches traditionalistes dites « en pleine communion avec Rome », sont nombreuses, prospères et généralement jeunes. À titre d’exemple, la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre comptait, en septembre 2024, 584 prêtres. Mis bout à bout, le nombre de catholiques proches de la tradition, notamment en France, n'est pas négligeable, d'autant qu'elle est aidée par la démographie, reine des batailles.... Mais de là à ce qu'un pape plus conservateur que François monte sur le trône de saint Pierre afin de réunifier les catholiques, c'est sans doute aller un peu vite. C'est, en tout cas, la crainte de ceux qui demandent que l’Église évolue au gré des changements de la société.

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Un commentaire
Que les journalistes de libé se rassurent, il existe encore de très nombreuses églises en France où la messe dominicale est célébrée en français. Inutile de paniquer, il y a forcément un église près de chez eux où ils pourront communier en toute quiétude et dans la langue de Molière …