Le « populisme » de gauche… et de droite : l’impossible rencontre ?

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C’est à juste titre qu’on a récemment célébré parmi les identitaires la création, en Allemagne, d’un courant de gauche, Aufstehen (« Debout »), réclamant un strict contrôle de l’immigration. Ceci venant s’ajouter à la participation de 5 Stelle à l’actuel gouvernement italien, il semble évident qu’un « populisme identitaire de gauche » a commencé à s’amorcer.

Un « populisme identitaire de gauche »... Or, c’est là une contradiction dans les termes, car il n’y a rien de plus éloigné de la sensibilité populaire que l’approche libéralo-libertarienne (idéologie du genre, féminisme, mondialisation, immigration tous azimuts…) qui marque ces partis de gauche. Lorsque certains de leurs courants s’opposent à l’immigration, ils ne peuvent même pas être qualifiés d’identitaires, car la défense de l’identité culturelle et ethnique est bien le dernier de leurs soucis, la seule raison qui les conduit à s’opposer à l’immigration de peuplement étant la défense (bien nécessaire, au demeurant) des seuls intérêts économiques des travailleurs.

Or, toutes ces différences, pour ne pas dire tous ces différends, il faudrait que la droite identitaire songe à les mettre entre parenthèses, car les liens qu’elle pourrait nouer avec la gauche dite populiste constituent une des clés pouvant ouvrir la voie, comme en Italie, au renversement de la situation.

Y a-t-il des chances que de tels liens se nouent ? Ne me hasardant pas à me prononcer sur les autres pays européens, je me bornerai au cas de l’Espagne, où l’oxymoron « populisme de gauche » devient encore plus flagrant. Il est, en effet, incarné par Podemos, un parti dont l’idéologie libéralo-libertarienne est la plus extrême et opposée, donc, au « peuple » dont ces gens se gargarisent évidemment toujours.

Et pourtant, là aussi vient de démarrer un courant plus ou moins semblable, toutes proportions gardées, à celui qui a vu le jour en Allemagne. Il s’agit d’une initiative lancée par trois ou quatre figures de proue de Podemos en vue d’y créer un courant d’opinion anti-immigrationniste, initiative qui a débuté par un article très élogieux de la politique économique menée par le gouvernement italien de Lega-5 Stelle et qui a provoqué d’énormes remous dans les rangs gauchistes.

Ces trois ou quatre mousquetaires réussiront-ils à renverser la tendance dominante de Podemos ? Il faut le souhaiter, mais on peut en douter. Même s’ils y parvenaient, il est à craindre que les réflexes de toute une vie passée à combattre « la droite » et « les fachos » vont leur empêcher la moindre ouverture à une droite identitaire qui, elle, n’a pas hésité, par exemple, à reproduire tout de suite dans ses journaux (le mien y compris) l’article dont je parlais – l’inverse étant, bien entendu, impensable.

L’inverse, en effet, est absolument inimaginable… Et c’est là que le bât blesse. Car toute l’affaire consiste finalement, en Espagne et ailleurs, à nouer une alliance souhaitable et nécessaire mais qui, contrairement à ce que certains identitaires semblent croire, n’est pas du tout naturelle. Il s’agit d’une alliance entre deux ennemis qui, ayant en commun un ennemi supérieur – « le Système » –, mettent entre parenthèses leurs autres différends. Du côté de la droite patriotique, l’offre est ou doit être absolument claire ; la main, tendue sans réticences. Or, tout tombe évidemment à l’eau et il faut bien retirer la main dès lors qu’une des deux forces – la gauche révolutionnaire – considère que l’éventuel allié est… « l’ennemi fasciste à abattre », comme les invectives constamment lancées par Podemos, par Aufstehen (qui s’en prend toujours à l’AfD) ou par les antifas parisiens lors de l’ouverture de la librairie dirigée par François Bousquet le montrent à suffisance.

Javier Portella
Javier Portella
Écrivain et journaliste espagnol

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