Le « populisme » est-il une maladie ?
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Le chef de l’État a dénoncé, au cours d’un discours prononcé à Quimper, ce qu’il a qualifié de "lèpre populiste", laquelle est liée au nationalisme et aux frontières que l’Europe de ses rêves - si elle devait exister un jour, ce qui est de moins en moins probable - ne connaîtrait plus. Ce faisant, il lance la campagne pour l’élection des membres du Parlement européen en se faisant le champion de l’Europe unie (unifiée, en fait) contre les démolisseurs de cette Union européenne à laquelle il tient tant. On a bien compris qu’il espère rassembler tous ceux qui craignent l’effondrement de l’Union européenne (et il y en a encore beaucoup qui sont perturbés par les discours anxiogènes des médias du système) et limiter la progression des "populistes" qui bloquent désormais le fonctionnement même de l’Union européenne et qui peuvent envisager de la transformer de l’intérieur en une union des nations européennes, au grand dam de l’oligarchie.
Sur France Inter, l’ex-ministre Hubert Védrine a, quant à lui, parlé de pathologie à propos des décisions prises par Matteo Salvini. Or, une très grande majorité des Italiens approuve ces décisions "pathologiques" et, en France, une très nette majorité pense qu’il ne fallait pas laisser l’Aquarius accoster en Europe, y compris parmi les électeurs de LREM. Les peuples seraient-ils frappés d’une maladie mentale qui toucherait une majorité de leurs membres, ou bien ce dérapage d’Hubert Védrine est-il révélateur du mépris que la caste dominante a pour les peuples ?
Plus inspiré, Barack Obama a déclaré récemment que les élites occidentales s’étaient sans doute trompées parce que les peuples semblent préférer vivre dans des espaces relativement fermés plutôt que dans des zones ouvertes aux flux migratoires. L’oligarchie commencerait-elle à prendre conscience de ses erreurs ?
Un autre Américain, le sociologue Robert Putnam, a observé que plus une société est hétérogène, moins il y a de confiance entre ses membres, et les dirigeants du Parti social-démocrate danois ont déclaré, récemment, que l’immigration menait tout droit à la disparition du système de protection sociale auxquels les Danois tiennent tant, ce que confirment les économistes Alberto Alesina et Edward Glaeser, qui ont travaillé sur le sujet et pour lesquels l’hétérogénéité ethnoculturelle est un facteur important de destruction de la solidarité au sein des sociétés. Certains avancent même que l’hétérogénéité de la société états-unienne a empêché la formation d’un système de protection sociale comparable à ceux qui existent en Europe, ainsi que celle de mouvements socialistes et communistes partisans d’une très large redistribution des richesses.
L’existence d’une multiplicité de communautés ethnoculturelles au sein d’un même État semble se traduire par une préférence communautaire qui s’oppose à toute velléité de solidarité nationale ; les humains acceptent assez facilement de partager avec des gens qui leur ressemblent, ils ne sont au contraire et en général que très peu disposés à partager avec des gens différents d’eux. Ce trait comportemental n’est sans doute pas étranger au fait que les humains sont des êtres sociaux qui, comme tous les êtres sociaux, ont subi au cours de leur histoire une puissante pression de sélection de groupe, laquelle s’est traduite par la sélection de comportements allant dans le sens de la pérennité du groupe d’appartenance et du renforcement de sa cohésion interne (lire, à ce sujet, le puissant essai d’Edward Wilson, qui enseigna à l’université Harvard, intitulé La Conquête sociale de la Terre) ; d’où l’importance de la distinction universelle entre "nous et les autres" qui structure les comportements humains.
Le rejet des étrangers ne serait donc pas une pathologie mais, au contraire, un comportement tout à fait normal puisque inhérent à notre nature d’êtres sociaux. Hubert Védrine a d’ailleurs insisté, au cours de l’interview que nous évoquions ci-dessus, sur le fait que les migrations créent partout des réactions de rejet, de l’Europe à l’Afrique du Sud et de l’Australie à l’Algérie, ce qui illustre le fait qu’elles concernent toute l’humanité et qu’elles sont indépendantes des cultures.
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