Le prix des carburants ne cesse de monter

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La crise des gilets jaunes a commencé en octobre dernier, quand le prix du carburant a atteint un sommet et que le gouvernement avait annoncé l’augmentation de la taxe carbone en 2019. Depuis, Emmanuel Macron a renoncé à augmenter cette taxe mais il n’est pas revenu sur les hausses précédentes. Le recul du prix du brut au moment des fêtes avait fait diminuer celui des carburants et le mouvement des gilets jaunes a cessé de se focaliser sur cette question du prix des carburants à la pompe.

Hélas, chassé par la fenêtre, le problème est revenu par la porte. En effet, la quantité de brut qui a le droit d’être vendu se raréfie. Les États-Unis, devenus les gendarmes du monde, veulent faire cesser les exportations iraniennes et vénézuéliennes, deux piliers de l’OPEP, qui fournissaient 4 millions de barils par jour sur un total de 95,6 millions. En outre, l’Arabie saoudite ne semble pas avoir la même politique d’ouverture des vannes qu’elle déployait jusqu’alors quand le pétrole manquait. Au contraire, en novembre 2018, avec l’OPEP et la Russie, elle a décidé de fermer sensiblement ses robinets pour éviter la surproduction pétrolière. Veut-elle, par ailleurs, faire payer à son protecteur américain son attitude pendant l’affaire Jamal Khashoggi où le président Trump, titillé par son Congrès, s’est montré trop insistant aux yeux des Saoudiens ?

Un déséquilibre, même léger, sur le marché du brut entraîne une hausse de ce dernier pendant un à deux ans, avant que l’extraction de pétroles sales et bitumineux ne redevienne rentable. D'anciens puits abandonnés sont rouverts et permettent d’ajuster l’offre à la demande. En attendant cette décrue du prix du brut qui aura lieu, inévitablement, à partir du printemps 2020, nous devons subir et, si les producteurs ne reçoivent qu’une petite part du prix payé à la pompe (sur 1,6 euro, l’État récupère 1 euro, le producteur 0,41 euro, le raffineur 0,13 euro et le transporteur le reste), toutes les taxes sont proportionnelles au prix du brut. Quand il monte, le gouvernement se frotte les mains. Ses recettes explosent et il peut vertueusement prétendre qu’il n’y est pour rien, que cette hausse est due à des événements extérieurs sur lesquels il n’a pas de prise. Le gouvernement Philippe ne déroge pas à cette règle : par la voix de sa porte-parole Sibeth Ndiaye, il vient de faire savoir qu’aucune mesure d’urgence n’est prévue, qu’on a mis en place des aides et des primes à la conversion pour acquérir des véhicules neufs et que celles-ci suffiront. De toute façon, même si le pouvoir en avait la volonté, que pourrait-il faire ? Baisser provisoirement la taxe sur les carburants ? C’est ce qu’avait choisi le gouvernement Jospin, se privant de 2,1 milliards d’euros pour une baisse ridicule de 1,2 centime sur le prix du litre de carburant. Pour annuler la hausse actuelle, l’État devrait baisser ses taxes de 10 centimes par litre. Il perdrait 10 milliards d’euros de recettes. Ce nouveau trou serait impossible à financer.

Le gouvernement est donc impuissant. Il ne peut plus que croiser les doigts et espérer que cette flambée du carburant ne relancera pas les gilets jaunes !

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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