Le programme européen de Valérie Pécresse : un plagiat de Macron

pécresse

On s'en doutait un peu, mais l'entretien sur l'Europe qu'elle a accordé au journal Le Monde (9 décembre 2021) le confirme : Valérie Pécresse est Macron-compatible. On cherche en vain, dans ses propos, ce qui pourrait la distinguer de l'actuel locataire de l'Élysée. Pour tous les deux, l'avenir de la France passe par l'avenir de l'Europe.

Comme Macron, Valérie Pécresse fait du « en même temps ». Elle concède que « la France doit mieux défendre la singularité de ses principes républicains, comme la laïcité, en n’hésitant pas à invoquer son identité constitutionnelle face à l’empiétement des jurisprudences européennes ». Un discours zemmourien bien édulcoré pour séduire la droite de son parti. Mais qu'on ne s'y trompe pas : son credo, c'est qu'il ne faut pas moins d'Europe mais davantage ! C'est toujours la même ritournelle, chantée par Macron et, avant lui, François Hollande.

La candidate LR se projette à la présidence du Conseil de l'Union européenne, où elle s'imagine terminer le mandat de son prédécesseur. Elle entend « dessiner avec tous [ses] partenaires une nouvelle exigence européenne ». Voyez comme elle reprend tous les poncifs européistes selon lesquels, « sans l’Europe, nous ne parviendrons plus à peser sur les choix stratégiques du monde » et « nous serons conduits au mieux à l’effacement, au pire à la domination ». Comme si la seule solution, pour sauver la France, était de passer sous le joug d'une Europe supranationale.

Elle en appelle à un « sursaut européen ». « Il faut, dit-elle, sortir de cette “Europe naïveté” pour construire avec nos partenaires une “Europe fierté” ». N'est-ce pas un joli slogan, qui rime de surcroît ? Elle veut susciter « une Europe qui sait défendre ses frontières », accélérer « le recrutement des 10.000 gardes-frontières de Frontex », mettre « fin aux élargissements de l’UE, notamment pour la Turquie », amplifier « un plan Marshall [pour l'Afrique], adossé notamment aux entreprises européennes ». Elle se met à parler comme Macron.

À défaut de préférence nationale, elle entend « [assumer] sans complexe la préférence européenne dans les marchés publics et la réciprocité dans les échanges internationaux ». Il faut, bien sûr, « maintenir l’Europe à l’avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique ». Il faut aussi que l'Europe « harmonise ses règles sociales pour éviter les effets de “dumping” entre pays membres qui déstructurent les peuples ». Bref, elle est imbibée du préjugé selon lequel rien ne peut se faire sans l'Europe. Du Macron pur jus.

Elle reproche au chef de l'État de n'avoir pas su faire ce qu'elle compte entreprendre, elle assure qu'elle fera mieux que lui. Si l'on comprend bien, elle sera un super-Macron ! Il est peu probable que les Français en redemandent. Entre Macron et cette droite qui ne jure que par l'Europe, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette. Si l'emballage est différent, le contenu est le même. Ce n'est pas pour rien qu'une partie de la droite est tentée par Éric Zemmour.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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