Le rapatriement des enfants de djihadistes en question
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La France, bonne mère, rapatrie les enfants de ceux qui l’ont trahie pour aller faire la guerre en Syrie. Dix sont arrivés, dans la nuit de dimanche à lundi, « dix jeunes enfants français mineurs, orphelins ou cas humanitaires, qui se trouvaient dans des camps du nord-est de la Syrie », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Ils sont donc vingt-huit, depuis la chute de l’État islamique, en mars 2019, à avoir regagné une terre honnie par leurs parents : « cinq en mars 2019, douze en juin 2019 et une fillette souffrant de malformation cardiaque en avril », nous dit Le Monde.
Nous allons donc les prendre en charge, les nourrir, les soigner, leur offrir le cocon chaleureux et propice à une croissance saine et heureuse. Bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Enfin, pas tout à fait…
Le collectif Famille unies, constitué de leurs parents et proches, nous trouve bien pingres. « Tous les enfants français vivant dans les camps en Syrie sont des “cas humanitaires”. TOUS », écrit-il dans un tweet. « Certains attendent encore DEPUIS PLUS DE DEUX ANS. Il faut à présent rapatrier l’ensemble des enfants avec leurs mères, comme le demandent l’ONU, l’UNICEF, le CICR, le CNCDH… »
Il faudrait donc ramener tout ce petit monde dans le giron de la mère patrie. Leur avocat Marie Dosé a insisté auprès de l’AFP : « Ces enfants sont marqués au fer rouge par la violence de leur histoire. Tous les enfants sont des cas humanitaires et leur intérêt supérieur à tous serait d’être rapatriés avec leurs mères. » Lesquelles ne tiennent pas tant que cela à revenir ou, si elles le souhaitent, ne témoignent pas pour la plupart d’un changement de point de vue vis-à-vis de la France en particulier et de l’Occident en général. Ils seraient, ainsi, cent cinquante ressortissants français encore détenus dans les camps du nord-est syrien, sous la tutelle des Kurdes et dans des conditions sans doute loin d’un camp de vacances.
C’est affreux pour tous ces gosses, on en convient, mais tourner le dos à la France et s’engager activement aux côtés d’un État terroriste était le choix de leurs parents.
Mme Belloubet, notre compatissant ministre de la Justice, s’est expliquée sur Europe 1 : « Ce sont des enfants, ils n’ont pas fait le choix d’aller sur ces terrains de combat, ils n’ont pas fait le choix d’accompagner un temps les opérations des djihadistes. Il me semble qu’il y a là un but humanitaire qui peut pouvoir être respecté. » Sans doute. Les enfants qui naissent dans une famille pauvre n’ont rien demandé non plus, pas plus que ceux qui apprennent à marcher sur un bout de trottoir, et pas plus, d’ailleurs, que ceux dont les fées se penchent sur le berceau. Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je dirai que c’est le lot de tous les humains arrivant sur Terre : on ne choisit pas ses parents (sauf à croire à la métempsychose, mais c’est une autre histoire).
Enfin, je soulignerai une fois de plus le penchant mortifère de notre société pour la déresponsabilisation, singulièrement quand il s’agit des femmes. En effet, demander systématiquement le rapatriement des mères suppose qu’elles étaient toutes sous influence, inconscientes, manipulées, irresponsables de leurs actes une fois de plus. À peu qu’on nous resserve le fameux « désir d’enfant » dont elles auraient été victimes, forcément, à leur corps défendant.
J’avoue être sceptique quand notre garde des Sceaux affirme qu’« il n'y a, à l'égard de ces enfants, pas d'inquiétudes à avoir puisqu'ils sont extrêmement encadrés ». Rendez-vous dans dix ans ? Je crois davantage Me Marie Dosé quand elle affirme que nous fabriquons « des bombes à retardement ». Sauf qu’elle en fait un argument pour rapatrier tout le monde : les pères, les mères et leurs enfants.
Désolée, mais je ne crois pas à la planète magique des Bisounours.
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