Le rappeur Médine débouté : le « djihad » judiciaire ne fait plus recette

Nouvelle déconvenue pour Médine. Jeudi 13 mars, le rappeur à la barbe fournie a été débouté par le tribunal correctionnel de Paris et a perdu le procès qu’il avait intenté à Aurore Bergé. Il reprochait au ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes de l’avoir qualifié d’« islamiste » en 2021. « Quand, à l’ENS, l’École normale supérieure, vous avez par exemple ce rappeur islamiste Médine qui est invité, vous savez, celui qui disait qu’il fallait tuer des laïcards par exemple dans notre pays. Est-ce que c’est légitime qu’une école aussi prestigieuse que l’ENS donne la parole à celui qui appelle au meurtre ? », s’était-elle interrogée.
La Justice a écarté le caractère diffamatoire de cette déclaration. Dans ses motivations, le tribunal ajoute qu’Aurore Bergé s’est contentée d’apporter « un jugement de valeur sur la personnalité » du rappeur « telle qu’elle transparaît dans ses chansons ».
https://twitter.com/FBBlackler/status/1900287634984796270
C’est précisément par le biais de cette « personnalité » si particulière que Médine s’est fait un nom. Le grand public le connaît essentiellement pour ses provocations dans les médias ou dans sa discographie, à l’image du titre Don’t Laïk, qui comporte notamment la phrase « Crucifions les laïcards comme à Golgotha ». Un être tout en bienveillance, donc. Sur les réseaux sociaux aussi, le Franco-Algérien enchaîne les polémiques, à grand renfort d’insultes et de prises de position anti-occidentales sur la Palestine ou la colonisation de l’Algérie.
Le champion de la provocation…
En 2014, Médine avait déjà provoqué le malaise en postant, sur Facebook, une photo de lui dans les locaux de la radio Skyrock, faisant une quenelle - geste à connotation antisémite. Il avait encore aggravé son cas, en 2023, lorsqu’il s’en était pris à l'écrivain Rachel Khan, petite-fille de déportés juifs, et l’avait qualifiée de « resKHANpée ». « L'antisémitisme est un poison, je le combats depuis longtemps », avait-il juré, face à la levée de boucliers.
ResKHANpée : personne ayant été jetée par la place Hip Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l’extrême-droite https://t.co/HG9qkIdOpH
— Médine (@Medinrecords) August 10, 2023
À ce sujet — Médine, vous avez dit Médine ?
Notre « artiste » a également été accusé d’homophobie lorsque, pour railler le concept d’assimilation à la française, il avait décrit le musulman occidentalisé comme un musulman « un peu tarlouze ». Pointé du doigt par plusieurs associations, Médine avait assuré avoir largement évolué depuis sa sortie. « Aujourd'hui, je ne cesse de dénoncer, dans mes interventions quand on me questionne sur le sujet, que les mécanismes d'oppression qui frappent les populations LGBTQI+ sont les mêmes que les mécanismes qui s'exercent sur les populations racisées, musulmanes », avait-il alors récité, en bon élève intersectionnel.
… et de la victimisation !
Mais c’est surtout l’accusation d’islamisme, qui colle à la peau de Médine. Il faut dire que son CV ne joue pas en sa faveur. En juin 2018, il avait fait scandale lorsqu’il avait ambitionné de se produire au Bataclan, salle parisienne marquée à jamais par la barbarie islamiste. « Aucun Français ne peut accepter que ce type aille déverser ses saloperies sur le lieu même du carnage », s’était émue Marine Le Pen. Le rappeur avait fait machine arrière, mais non sans assumer pleinement son désir de conquérir cette scène si symbolique : « Pour nous, le Bataclan, c’est La Mecque du rap, La Mecque du hip-hop. Notre consécration, à l’époque, c’était de pouvoir jouer dans cette salle », avait-il ainsi déclaré, dans un documentaire hagiographique diffusé en 2020 sur France Télévisions.
Autres éléments à charge : un album publié en 2005 sous le titre de Jihad ou encore un engagement en faveur de l’association très controversée Havre de savoir. Cette dernière avait notamment invité le rappeur à une conférence islamique, en juin 2013, aux côtés de Tariq Ramadan, Marwan Muhammad (futur directeur du CCIF) ou encore de Nabil Ennasri, un chercheur présenté par Libération comme « proche des Frères musulmans ».
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Mais n’allez surtout pas dire que Médine est un islamiste ! Avant de poursuivre en Justice Aurore Bergé, il s’en était déjà pris, à coups de tweets rageurs, à Damien Rieu, lanceur d’alerte qui, le premier, avait mis au jour ses accointances radicales. Le rappeur avait également traîné devant les tribunaux le député européen Nicolas Bay, qui avait eu le malheur de le qualifier de « proche de la mouvance islamiste des Frères musulmans ». Mais là, déjà, la diffamation avait été écartée par la Justice et Médine avait été débouté.
Avec cette deuxième défaite judiciaire, la stratégie de harcèlement dite de « djihad judiciaire » a pris un nouveau coup dans l’aile. De quoi inciter Médine à enfin tomber le masque et assumer ce qu’il est ?

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