Le Rassemblement national est désormais un parti du Système

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« J’ai siphonné les voix du Front national », se vantait Nicolas Sarkozy, après son élection en 2007. On se demande ce qu’il siphonne, désormais, contemplant la débâcle de son parti aux élections européennes.

Du côté du Rassemblement national, on peut dire, à juste titre : mission accomplie. Au terme d’une lutte de plus de quarante ans, ce parti fondé sur un nom – Le Pen – et sur un thème – l’immigration – vient de s’imposer comme le champion unique de la droite populaire.

De fait, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, CNews et Sud Radio publié ce mercredi 29 mai, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'opposeraient de nouveau, avec des scores supérieurs à ceux de 2017, si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain.

Renforcé par l’état sécuritaire du pays, qui lui donne raison tous les jours, autant et plus que par la tactique de LREM visant à en faire son adversaire principal, le Rassemblement national se maintient en tête des suffrages, élection après élection, dans les scrutins proportionnels.

Le changement de nom, en 2018, fut une opération bénéfique. Parvenu à ces sommets électoraux, il ne s’agit plus de faire « front » contre mais d’unir et de rassembler pour la conquête réelle du pouvoir, qui est en soi un exercice de pacification et d’unité.

Les Républicains, de leur côté, sont pris en étau entre le parti libéral libertaire créé par Emmanuel Macron et le RN, parti conservateur et populaire. Leur réservoir de voix s’amenuise comme peau de chagrin. La bourgeoisie mondialisée a choisi son camp, et la bourgeoisie conservatrice, espèce aussi brillante que menacée, pèse moins de deux millions de voix.

Il est temps de le constater : la compétition au suffrage universel tendant inexorablement au bipartisme, RN et LREM font désormais système. Le Rassemblement national est le nouveau parti de la droite.

Ce nouveau statut est un défi pour le RN. Encore structuré comme une tribune d’opposition, le parti doit se doter des cadres, locaux et nationaux, qui rendront l’alternance crédible et rassurante.

Des cadres qui ne se satisfassent pas de réagir, de critiquer, de dénoncer, mais des cadres qui proposent, rassemblent, construisent, perçoivent la complexité de l’action, savent l’inscrire dans le temps long, travaillent avec compétence et lucidité.

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