Le recteur de Paris veut fermer des prépas littéraires : ça marche trop bien !

Gabriel Attal, qui sait mieux que personne l'importance d'une formation élitiste, serait bien inspiré d'intervenir.
gabriel attal2

Dans la série « Continuons à casser ce qui marche encore dans ce pays », un nouvel épisode : le recteur de Paris a annoncé aux lycées Chaptal (VIIIe) et Lamartine (IXe) la fermeture d'une de leurs trois classes préparatoires littéraires, comme le rapporte Le Parisien. Ce sont ces fameuses khâgnes et hypokhâgnes qui préparent aux concours de l’École normale supérieure (ENS). Naguère vivier des élites françaises, elles ont depuis longtemps été supplantées par les prépas scientifiques et commerciales. Il n'empêche qu'elles poursuivent contre vents et marées cette mission d'excellence. Et même si, contrairement aux autres prépas, il y a peu d'élus à l'arrivée, tous ceux qui sont passés sur leurs bancs, même sans parvenir à décrocher le prestigieux concours, reconnaissent la formation unique qu'ils y ont reçue, gage de leur réussite ultérieure, notamment aux concours d'enseignement et à l'agrégation.

Bien sûr, cela fait des décennies qu'elles sont menacées par l'idéologie anti-élitiste de la gauche. Et comme la gauche ne renonce jamais, elle est capable de multiplier les arguments, comme les gens de trop mauvaise foi : pas assez diversitaires, les prépas. Et puis trop chères ! Eh oui, un élève en prépa coûte plus cher qu'un étudiant en fac, mais si l'on regarde à l'arrivée, le gain pour la nation s'inverse, vu les taux d'échec massifs à l'université. Car la grande rivale des prépas, le modèle de la gauche, c'est l'université. Et il est donc piquant de voir une députée LFI de Paris défendre ce modèle honni par son camp : « En tant qu’élue, je veux dire que ce qui se passe est vraiment incroyable. C’est une casse de l’enseignement supérieur public littéraire. » Si Danielle Simonnet a fait sa révolution, plus besoin de démontrer les vertus de l'élitisme.

Mais, en bon petit soldat de cette idéologie socialo-libérale, le recteur de Paris a fondé sa décision de fermeture sur cet argument d'anti-élitisme et sur le désintérêt pour la filière littéraire. Faut-il lui rappeler qu'il est train de fermer le vivier qui lui fournira les bons professeurs de demain, alors qu'il doit gérer une pénurie historique d'enseignants, notamment dans les disciplines littéraires ?

Un fait personnel vécu cette semaine vous dira mieux l'importance de préserver ces classes préparatoires, notamment en province et dans ces lycées qui ne sont pas parmi les plus élitistes.

Chargé de cours en histoire dans une université de province, il se trouve que j'évaluais, cette semaine, la poignée de L3 issus de la khâgne de cette même ville de province qui n'ont pas eu le concours : tout en ayant dû s'adapter très rapidement au fonctionnement de l'université, ils figurent bien parmi les meilleurs étudiants de la promotion : méthode, culture générale, maîtrise de la langue, capacité à assimiler un programme lourd. Tous les universitaires - eux-mêmes normaliens ou anciens khâgneux au demeurant - vous confieront d'ailleurs à quel point ils sont heureux de voir arriver progressivement ces étudiants de prépa à tous les niveaux du cursus.

Les enseignants et les étudiants des lycées visés ont donc lancé une pétition en ligne pour défendre ces petites prépas littéraires. Ils ont raison et Gabriel Attal, qui sait mieux que personne l'importance d'une formation élitiste, et qui remet sur la table la question des groupes de niveau, serait bien inspiré d'intervenir.

Picture of Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Si Attal intervient pour les défendre, il va se faire taper sur les doigts par M…Normal, puisque le but non avoué est de « fabriquer des crétins ». N’est-ce pas ?

  2. Macron sait très bien aussi qu’il n’y a pas besoin d’une formation élitiste pour le peuple, seuls les enfants des riches suffisent.

  3. Adieu Voltaire, Flaubert, Proust, Camus et tant d’autres, vous qui nous avez rendus plus intelligents ! Bientôt le Français une langue morte ?

  4. Je ne connais pas la formation de ce recteur. Nulle doute que ce doit être un énarque bon ton qui ne connais que les tableaux XL. Et comme la culture , la connaissance, les capacités intellectuels ne rentrent pas dans les tableaux, la bande pour ces filières est déficitaire et en conséquence il faut leur tordre le coup. Quel misérabilisme intellectuel.

  5. Si ce recteur ferme une classe sur les trois, n’est-ce pas juste parce qu’il n’a plus assez d’étudiants et que deux classes suffisent ??

    • Non certainement pas car après une il passera à la 2ème et tout cela pour faire plaisir à ceux qui n’aime pas la France

  6. Abêtir le langage permet de diminuer la capacité à penser du peuple ; ainsi ce même peuple sera bien plus facile à manipuler.

  7. Oui aux prépas littéraires…pourquoi casser ce qui fonctionne bien …pour aligner nos bons élèves au même rang que les paresseux ? Pauvre gens qui veulent tout casser ..

  8. Le passage à l’ENS de notre ministre des fiances ne l’empêche nullement de faire tout et n’importe quoi en matière d’économie ! Comme quoi ………..

  9. La prépa littéraire conduit à tout, la preuve par mon fils qui il y a plus de 20 ans, a intégré Saint Cyr, y tout ma fille la plus jeune qui oeuvre elle aussi au minitère de la défense, les prépa sont irremplaçables.

  10. Après l’ENA, (quoique !), les ambassadeurs, les préfets, dont les rpostes sont remis aux copains, ( j’en passe, et des meilleures) les prépas littéraires. Ne sommes nous pas dans une volonté honteuse de destruction de notre culture, de nivellement par le bas. Ne faut-il pas des personnes bien formées pour transmettre aux futures générations, autant que faire se peut, les connaissances acquises au court des siècles. C’est dans ces classes qu’on entretient l’attachement aux œuvres littéraires de ceux qui nous ont précédés. Cherche-t-on à ce que tout le travail de nos anciens tombent dans l’oubli ?

  11. Faut-il détruire ce qui marche encore ? Ces classes sont le fleuron de notre système : préservons-les. Parmi nos jeunes, ceux qui en ont les capacités y réussiront.

  12. Tout ce qui marche, tout ce qui fat la renommée de la France, les McRonistes le casse et le détruise. Bientôt, nous ferons partie du tiers monde.

    • je dirai même quart monde quand on voit le nombre de mois d’attente pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste….un an chez un cardiologue, six mois chez un ophtalmo ou un dentiste !! j’avoue ne pas comprendre la philosophie de nos politiques qui détruisent tout ce qui marche encore à peu près dans notre pays, sont ils payés et par qui pour anéantir tout ce qui a été construit par nos aïeux ?

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

La justice est devenue complètement hors sol
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois