Le retour des jours heureux s’éloigne
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La mise en œuvre, ces jours-ci, du passe sanitaire en France sur le mode de la farce démocratique tragi-comique comme suite aux propos du monarque ce 12 juillet, c’est le pis-aller au troisième reconfinement du pays. Sous la charge de la quatrième vague claironnée par les médias, les médecins et les pseudo-experts des plateaux de télévision, l’heure est à l’injonction vaccinale de tous les Français de plus de 12 ans sous peine de submersion annoncée des services de réanimation des hôpitaux dans les prochaines semaines.
Il est vrai qu’après 18 mois de crise sanitaire, personne ne pose plus la question au docteur Véran de savoir de combien de lits de réanimation dispose la France, fin juillet 2021, pour faire face à l’afflux continu et débordant, d’ores et déjà annoncé, de malades à partir de mi-août ? Face à la montée inexorable du nombre de contaminations au Covid-19, qui sont de l’ordre de 20.000 cas quotidiens ces jours-ci (moins de 3.000, durant la première quinzaine de juillet), il n’est pas politiquement imaginable de gâcher les vacances des Français, exaspérés par cette « drôle de guerre » qui s’enlise depuis 18 mois.
La vaccination, nous avait-on promis, c’était le sésame pour recouvrer au plus vite notre « vie d’avant » et nos libertés, pour le moins mises à mal par les mensonges répétés et les décisions contradictoires de nos gouvernants sous couvert d’état d’urgence sanitaire. Nous aurait-on menti ?
Quand le peuple accepte de s’auto-autoriser pour promener son chien ou pour faire ses courses, muni de son Ausweis, la tentation naturelle des autorités omnipotentes de l’État n’est-elle pas le passe sanitaire pour aller déjeuner ou se rendre au cinéma ou au théâtre ? Il est vrai qu’en février 2017, pas encore élu, notre premier de cordée affirmait qu’« il n’y [avait] pas de culture française ». Alors, entre sauver des vies quoi qu’il en coûte et sacrifier la culture et l’art de vivre à la française sur l’autel de la gestion de la pandémie, son choix semble avoir été fait. Pourtant, dans les cinémas, la fréquentation, depuis l’instauration du passe sanitaire, le 21 juillet, déjà est en chute libre. Une baisse de l’ordre de 70 %, selon ComScore qui mesure les entrées en salles.
L’État généralise la surveillance « citoyenne » en faisant de la santé à tout (les) prix la valeur suprême de la société. La liberté devient contrainte. L’égalité est rompue. La fraternité s’efface devant la méfiance. Tout un chacun devient l’auxiliaire de police de l’autre. Les restaurateurs pour leurs clients. Les contrôleurs SNCF pour les voyageurs. Les gérants de boîtes de nuit pour les noctambules, etc.
On peut avoir, assurément, une pensée émue pour ces centaines de milliers d’étudiants et de jeunes actifs qui vont devoir se faire tester et triturer les narines continuellement pour simplement s’attabler en terrasse pour boire un verre. Certes, ils ne sont pas la catégorie électorale la plus favorable au premier de cordée.
Les personnels soignants, « nos héros du quotidien », applaudis chaque soir à 20 heures lors du premier confinement du printemps 2020, sont devenus, depuis les oukases présidentielles du 12 juillet, des pestiférés irresponsables menacés de perdre leur salaire et peut-être leur emploi.
Comme si la société française n’était pas assez fracturée, « archipellisée », écrirait le politologue Jérôme Fourquet, le monarque républicain continue d’être seul à tout décider depuis 18 mois, même si, parfois, il semble prendre l’avis du Conseil de défense. Au nom de l’état d’urgence sanitaire, la vie démocratique du pays, déjà brinquebalante, a disparu. Les résultats des élections départementales et régionales du mois dernier ont signifié à l’exécutif une telle « distanciation » avec la vie réelle et quotidienne de millions de Français qu’ils ne se sont pas déplacés pour voter. Ils sont devenus indifférents, même si je crois cette indifférence temporaire.
La dystopie macronienne est en marche. D’une part, les vaccinés à qui on laisse entrevoir un monde d’après fantasmé. Et, d’autre part, tous les autres, tous excommuniés par l’exécutif dans les rangs des antivax, des complotistes et autres populistes.
Pour le pouvoir, c’est tellement réconfortant, cette vision du pays. Fracturé. Apeuré.
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