Le RN à 34 % dans les sondages ? L’antilepénisme n’est plus ce qu’il était…

Capture d'écran X
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Globalement, la dédiabolisation d’un Front national, devenu Rassemblement national, commencée par Marine Le Pen il y a plus de dix ans est une affaire qui tourne. La preuve par ce sondage Odoxa qui donne la liste de Jordan Bardella à 34 %…

 

 

De telles prévisions seraient-elles à même de démobiliser l’électorat lepéniste ? Laure Lavalette, députée RN du Var, nous confie : « Je suis une polytraumatisée des dernières élections régionales, quand les sondeurs nous donnaient de deux à quatre régions, alors que nous n’en avons pas obtenu une seule. Mais là, les choses ont changé, le rejet d’Emmanuel Macron est tel que le cercle vertueux est engagé. Les Français nous ont donné 90 députés. Ce qui a permis de faire enfin comprendre que lorsque le peuple des oubliés votait, il se rapprochait de la victoire. »

Et la même, lucide, de remarquer : « Même si nous finissions sous la barre des 30 %, ce serait encore une réussite, quoique les médias tiendraient ce résultat pour un échec. Pourtant, de tels échecs, nombre de têtes de liste en rêveraient probablement ! » Pas faux.

Pour mémoire, il y a presque dix ans, en 2015, Raphaël Glucksmann déclarait, dans Libération : « Deux replis identitaires se font face en France : les idéologies islamistes et nationalistes. Ils se renforcent l’un l’autre en s’opposant. Le projet de l’extrême droite est politiquement plus dangereux que celui des djihadistes, car il n’y aura jamais de califat en France. Les attentats et les progrès islamistes nourrissent par contre les succès préexistants de l’extrême droite. »

 

La faute du terrorisme islamiste ? Faire le jeu de l’extrême droite !

 

À en croire la rhétorique « glucksmannienne », le principal tort de ce « terrorisme islamiste » consistait donc à « nourrir l’extrême droite. » Voilà qui devrait réjouir les parents des victimes du Bataclan, à l’avance soulagés d’apprendre que de « califat en France, jamais il n’y aura ». Aujourd’hui, notre homme campe sur des positions autrement plus raisonnables. Lors d’une récente visite à Perpignan, ville gérée par le lepéniste Louis Aliot, la tête de liste socialiste aux élections européennes s’est contentée d’une sorte de service minimum. D’où cette déclaration mollassonne, prononcée devant une foule gigantesque de citoyens motivés, d’un peu moins de… trois cents personnes : « Il était fondamental pour nous, pour moi personnellement, de venir ici à Perpignan pour vous dire juste une chose : vous n’êtes pas seuls. Le Rassemblement national a voulu faire de Perpignan sa capitale, nous devons faire de Perpignan la capitale de la résistance à l’extrême droite en Europe. »

 

L’étrange pas de deux d’Élisabeth Badinter…

 

De son côté, une Élisabeth Badinter ne sait plus trop sur quel pied danser quand, interrogée sur BFM TV, ce 26 mai, elle reconnaît : « Je ne sais pas ce qu’est le RN. Est-il un parti républicain ? Je ne sais pas répondre à cette question. […] Il faut toujours se méfier du chat qui dort et qui vous endort. […] Il y a eu une solide assise de gens d’extrême droite au RN. Que sont-ils devenus ? » Morts, pour la plupart, pourrions-nous répondre à cette figure emblématique du féminisme à l’ancienne. Laquelle ne semble pas plus gênée que ça par la fidélité de son défunt mari à la personne de François Mitterrand, qui jamais ne renia l’amitié portée à un certain René Bousquet, l’homme du Vel' d’Hiv'…

Comme si elle avait, aussi, oublié que Jean-Marie Le Pen, jeune résistant durant l’Occupation, n’avait jamais été décoré de la Francisque par le maréchal Pétain, au contraire de l’homme du 10 mai 1981. Malgré tout, Élisabeth Badinter, tout comme Raphaël Glucksmann, assure-t-elle aussi le même service minimum : « Je pense qu’on prend des risques en votant pour le Rassemblement national. On prend des risques pour la démocratie. » Rien de plus, mais rien de moins ; la prudence plutôt que l’anathème, en quelque sorte. Il n’y a pas à dire, l’antilepénisme n’est plus ce qu’il était. À croire que, là encore, c’était mieux avant.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

42 commentaires

  1. De quelle démocratie parle-t-elle ?
    La France n’est une démocratie que de nom. Dans une vraie démocratie, Marion Maréchal pourrait objecter face à Devilers sans être accusée de transphobie. Où est passée la liberté d’expression ?

  2. Une fois de plus et on le sait rien ne changera en l’instant . C’est un vote pour fissurer l’édifice, ce sont les premières bombes larguees sur le barrage. Il y a bien encore quelques commissaires du peuple à France inter pour oser utiliser l’arme du nazisme tant testée jadis mais cela semble inefficace. Beaucoup de gens paraissent avoir compris où se situait la dictature. Toutefois ne rêvons pas. , le pays reste fondamentalement à gauche.
    Il faut savoir que le traditionnel socle macron de 30% et toute la racaille se réfugient dans l’abstention. Rien n’est jamais gagné.

  3. Je suis certain d’une chose, posez la question suivante : dîtes moi pour qui vous votez et je saurai qui vous êtes réellement.Observez vraiment autour de vous, même vos proches amis ou membres de famille,et en fonction de leurs opinions politiques,vous verrez bien quel est leur caractère profond. Vous découvrirez des gens schizophrènes qui finalement votent contre leurs désirs,des idéologues ancrés, bien que peut-être sympathiques à première vue, mais ça, c’est l’arbre qui cache la forêt, des indécis qui font pencher la balance à toutes les élections mais du mauvais côté.Finalement, les plus fiables sont nos véritables ennemis car au moins on connaît leurs idées et positions.Donc tout ce qui nous arrive de néfaste est dû uniquement à une majorité de Français qui ont permis cela,ne cherchons pas plus loin. Beaucoup ont voté pour cette situation,et bien on l’a.

  4. Je n’ ai rien contre JMLP, bien au contraire. Seulement, il n’ a jamais été résistant. Il l’a souhaité mais on ne l’a pas engagé parce qu’il était trop jeune.

  5. J’espère bien, ainsi que des millions d’autres d’électeurs que cette Europe aura à craindre du RN et des droites nationalistes. Cette Europe-la qui nous méprise, qui n’a tenu aucunes de ces promesses, qui chaque jour nous entraînent dans ces délires idéologiques fallacieux, avec la complicité de nos gouvernants, et cela depuis 40 ans.

  6. Élisabeth Badinter ….en quoi cette bourgeoise richississime est-elle concernée par les problèmes des français ordinaires ?

    • Bravo. Vous incarnez parfaitement le populisme.
      De même en quoi les français sont ils concernés par les problèmes des Israéliens….
      Le peuple a toujours raison et les riches bourgeois n’ont pas leur mot à dire. Ils se sont forcément enrichis aux dépens du peuple. Forcément malheureusement, et non pas intelligemment. Si les pauvres dirigeaient, tout irait mieux….

    • Bravo. Vous incarnez parfaitement le populisme!
      De même, en quoi les français sont ils concernés par les problèmes des Israéliens?…
      Le peuple a toujours raison et les riches bourgeois n’ont pas leur mot à dire. Ils se sont forcément enrichis aux dépens du peuple. Forcément malhonnêtement, et non pas intelligemment. Si les pauvres dirigeaient, tout irait mieux….

  7. Le risque pris il y a 7 ans fut de déguiser le pire pitre que ce pays ait jamais eu la stupidité de déguiser en chef d’état.
    Risque pour la démocratie ? Nous ne sommes lus en démocratie, cher Monsieur.

    Jamais de califat en France ? C’est bien présomptueux. Nous sommes en train de ressembler progressivement au Liban.
    Nos zones de non droit deviendront bientôt des enclaves et tout résident non « compatible » verra ses jours devenir pénibles.

  8. Mitterand va nous manquer aux JO, avec lui on avait une chance de médaille au saut de haies nocturne, à la suite de son entraînement intensif dans les jardins de l’Observatoire. Heureusement avec Macron la terreur des rings et Hidalgo l’insubmersible avec ses rats dans la Seine ,on fera des podiums .

    • …mais ils se sentent libres, du moins sur les « réseaux sociaux », où ils ignorent qu’ils sont fichés, surveillés, influencés…alors que la démocratie nous a montré sa faiblesse lors de la crise Covid.

  9. Désolé, mais je ne puis ici blâmer LFI: tuerie ignoble le 7 octobre, mais ce qui se fait à Gaza est fou et injustifiable. L’un ne saurait excuser l’autre.

    • Le problème de LFI, c’est que dans un premier temps, il nie les faits du 7 octobre et qu’ensuite, ne pouvant plus le nier il le minimise. Non, ce fut un drame atroce pour Israël, perpétré par des barbares assassins, injustifiable quelles que soient les raisons, même les nazis, n’étaient pas arrivés à un tel degré d’ignominie. A ne pas confondre avec le peuple palestinien, qui lui est une victime et du Hamas et de la guerre avec Israël.

  10. Quand on vieillit comme Mme Badinter il ne reste que la mauvaise foi sans argument. C’est l’évolution de la Gauche épuisée: sa révolution est terminée, elle n’a plus rien à dire. Cette mauvaise foi tient lieu de couverture, pour tenir les fossiles au chaud.

  11. Même à 34%, cela ne modifiera que peu l’influence du Parlement européen ! Hélas.
    Mais cela mettra en valeur le fait que le « peuple » des votants est en désaccord croissant avec les dirigeants européens ! Lesquels ne sont pas élus, eux ; mais ce sont eux qui dirigent !

    • Le RN monte quand Reconquête baisse ( sous la barre des 5% dans ce sondage).
      Si Reconquête fait moins de 5 % ce sera une demi victoire pour la démocratie. Si le RN fait un peu moins de 30% également. Mais la victoire sera peut être totale si les deux barres sont franchies en même temps. C’est même bien possible, les électeurs tentés par ces listes, découvrant en fin de campagne d’autres listes actuellement invisibilisees: Philippot/Poisson, Asselineau avec une dispersion accrue des voix. Au final le nombre de députés français d’extrême droite peut ne guère augmenter . Une victoire à la Macron pourrait finir par remplacer une victoire à la Pyrrhus. Cela resterait une « victoire de la démocratie », en attendant la prochaine bataille.

  12. Pour ma part, et en l’absence de référendum sur les sujets qui crispent, ma sensation est que le risque démocratique est déjà là en la personne de Macron et du conseil constitutionnel complètement dévoyé. Le pouvoir sans compte ni contrôle des juges? Donc on ne prend de risque que lorsque on est en sécurité. En ce moment, la sécurité est dans la tentative de changer. Quand on est dans une descente et qu’on a lâché les pedales, il reste deux options : continuer ou le fossé. Les deux solutions sont mauvaises mais quelle est la pire?

  13. Mitterand avait dit, je serai le dernier président de droite. S’il a pris l’option de la gauche à Epinay en 74, c’est pare qu’il n’y avait pas de créneau pour lui à droite en raison de son passé d’extrême droite avant guerre (Croix de Feu avec le colonel de la Roque) et ministre collabo sous Vichy.

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