Le RN vote la motion de censure de la NUPES. Et les LR ? Aux abonnés absents…

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Depuis des semaines, Marine Le Pen entretient le suspense quant à un possible vote RN en faveur de la motion de censure de la NUPES. Voilà qui est arrivé hier au Parlement, fort bien relaté par Georges Michel.

De fait, ce revirement calculé a pris de court le microcosme parlementaire. Jeu d’échecs ou de billard ? Les deux, mon général : d’un côté le grand roque et de l’autre le coup à trois bandes. Le premier consiste à se trouver là où on ne l’attend pas ; le second à couper l’herbe sous le pied de ses deux concurrents, NUPES et, surtout, LR.

Ainsi ce vote impromptu permet-il de faire passer les députés mélenchonistes pour de timides opposants au pouvoir macroniste en place, acceptant les voix du RN sur sa motion de censure mais refusant de porter les siennes sur son équivalent lepéniste. Le parti mélenchoniste est désormais pris en tenailles.

Mais c’est du côté des Républicains que les vents mauvais soufflent, tel qu’en témoigne ce tweet de Marine Le Pen : « Les motions de censure n’ont pas reçu de majorité pour être votées. Le gouvernement peut remercier les Républicains qui n’ont pas souhaité les voter. Ils n’ont même pas jugé bon d’en déposer une. Désormais, il n’y a plus aucun doute : ils sont les alliés d’Emmanuel Macron. »

Tout cela est pourtant parfaitement logique et ceux qui entendent militer pour une « vraie droite » afin de mieux stigmatiser une « fausse droite » seraient bien inspirés de réviser leurs classiques. Car il n’y a pas de « vraie » ou de « fausse » droite : il y a seulement « trois droites », assez bien théorisées par l’académicien René Rémond dans Les Droites en France (Aubier-Montaigne), essai publié en 1954 et, depuis, remis à jour à de nombreuses reprises. À l’en lire, la droite légitimiste, royaliste et contre-révolutionnaire, n’est plus. La droite d’obédience bonapartiste, sociale et référendaire, n’a survécu au RPR de Jacques Chirac et à son « travaillisme à la française » qu’en se refaisant la cerise au RN. Quant à la troisième, dite « droite orléaniste » ou « d’affaires », elle est au pouvoir depuis bien longtemps : Emmanuel Macron en est l’emblématique représentant et les ultimes rogatons de LR ses fidèles servants.

Et c’est en ce sens que Marine Le Pen fait preuve d’un indéniable instinct politique en mettant libéraux et conservateurs en face de leurs propres contradictions. Libéral ou conservateur ? Il faut choisir. On peut être l’un ou l’autre, mais pas les deux à la fois. Entre les ancestrales lois de l’enracinement et celles du marché, il y a contradiction de fond. On ne saurait négocier les unes, tandis que les autres, par nature, fluctuent au gré de l’air du temps.

D’où cette frange libérale des Républicains partie du côté d’Emmanuel Macron, là où tant d’autres de leurs anciens amis politiques ont déjà demandé refuge. Cette autre sensibilité conservatrice les conduit dans un autre mur. Les voilà condamnés à mêler leurs voix à celles du Rassemblement national, ce qu’ils ne peuvent admettre, ou à tout renier, histoire de conserver leurs derniers mandats. Le très charismatique trio formé par Bruno Retailleau, Éric Ciotti et Laurent Wauquiez n’est pas près de résoudre cette infernale équation.

En d’autres termes, les moutons LR rentrent au bercail et l’époux de Carla Bruni, autre « libéral-conservateur », est leur berger. Quel joli troupeau de canards sans tête…

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Libéralisme et conservatisme ne sont pas contradictoire dans la mesure ou une dose de protectionnisme, plus ou moins forte selon la nécessité, accompagne très souvent les politiques libérales. Cela s’appelle une politique réaliste. Le libéralisme est anti-conservateur lorsqu’il est dogmatique.
    Et puis, contrairement à ce que vous pensez, c’est le gaullisme social qui a trouvé refuge au R.N. et non le bonapartisme, bonapartisme que l’on retrouve d’ailleurs chez Reconquête. Ce bonapartisme est le rassemblement du peuple et des élites issues de l’ascenseur social et non d’une caste dominante.
    Je vous rejoins sur un point, Marine Le Pen a joué un des plus habiles coups politique de la Vème République et mis en évidence l’impasse dans laquelle se trouvent les L.R.

    • Ho la la, E.Z. a encore annoncé une évidence que personne n’avait vue. C’est dingue ce que la réalité donne raison à E.Z. . Cela annonce des lendemains heureux.

  2. Ou sont les LR ? A la cantine de l’assemblée, ils attendent la « gamelle » de renaissance ! « Traitre un jour, traitre toujours »

  3. Bonjour
    Simple rappel pour mémoire a la dernière présidentielle Mélenchon a bien appelé indirectement à voter pour Macron en refusant de voter pour MLP qui elle vient de réussir un coup de maître

  4. Ciotti, Retailleau, Wauquiez , qu’on entend pas, et qui attend 2027 pour se présenter à la présidentielle, n’ont aucune crédibilité ! Leur semblant de fermeté c’est comme le karcher de Sarkozy ! C’est à dire Rien !

  5. La théorie des trois droites est incomplète; en fait, il y eût de nombreuses droites (monarchienne, légitimiste, réactionnaire, orléaniste, bonapartiste, conservatrice, nationaliste, chrétienne sociale, démocrate chrétienne, libérale, gaulliste….). Selon Jacques Julliard, qui a fait la meilleure des analyses, la droite n’est qu’un ensemble hétéroclite de tous les courants politiques que les gens de gauche détestent. Ce sont les gens de gauche qui décident qui est de droite et qui est de gauche. Ils impriment au fer rouge le mot « droite », qui est pour eux une marque d’infamie, sur le front de tous leurs ennemis politiques. La droite est de ce fait un capharnaüm; il n’y a donc ni « vraie » droite, ni « fausse » droite, il n’y a que droites qui ne sont pas toujours compatibles entre elles. L’idée qu’il y aurait une essence de la droite ne repose sur rien. L’épisode de la motion de censure illustre le fait que les droites ne sont pas naturellement compatibles entre. LR et le RN sont incompatibles parce que le premier est fondamentalement libéral et le second essentiellement nationiste. LR finira par se fondre dans le camp libéral dirigé par Macron.

  6. Seul Bellamy trouve grâce à mes yeux chez LR. C’est le seul. S’il ne quitte pas ce parti, je devrai malheureusement revoir ma position.

  7. Les LR-LREM et consorts ont la politique mêlée depuis toujours, ils ne s’opposent que de façade, pour faire vrai dirait on, mais ses politiciens ne sont que des affairistes, ils n’ont aucune conscience politique, seul leur importe le pouvoir qu’ils retirent de leur mandat, ils sont part nature le marche pied de la finance et des islamistes.

  8. Il n’est pas besoin être fin limier politique pour savoir que LR est le joker de macron. Un groupe politique on pourrait même dire une petite caste vermoulue à la botte de ceux dont le principal projet est l’anti social accolé à l’anti France. Le Général doit se retourner dans sa tombe.

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