Le rodéo de mariage se déroule sous les fenêtres de la mairie de Saint-Denis
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Rodéo moto ou rodéo de mariage... le spectateur ne sait que choisir. Le premier met en scène des prouesses de pilotage sur roue arrière, le second consiste en un regroupement de bolides de luxe bloquant la circulation. Derrière la vitre d'une fenêtre de la mairie de Saint-Denis, la conseillère Katy Bontinck assiste à une variante du rodéo de mariage : le tournoiement, à toute allure, de puissantes berlines sur espace piétonnier. Tétanisée, l'élue filme la scène qui se déroule au bas de l'hôtel de ville. À ses côtés, quelques personnes tremblent pour trois passants et un enfant dans une poussette placés au centre de cette démonstration de joie maritale. Par miracle, aucun d'entre eux n'est percuté. Des sensations fortes, des cascades... Le « vivre ensemble » sous chapiteau n'est plus qu'une question de moyens pour accueillir les représentations.
Le Parisien qui relate l'événement n'est pas parvenu à identifier les pays représentés par les drapeaux hissés fièrement par-delà les carrosseries : « Des toits des véhicules ou par les fenêtres, des drapeaux aux couleurs rouge, jaune et vert pavoisent », écrit le journaliste. Russie ? Chine ? Principauté de Monaco ? Les experts du quotidien sont partagés.
Par respect du spectateur qui n'a rien payé mais qui en veut pour son argent de contribuable, le cortège pétaradant ne s'arrête pas à cette simple frayeur sur le parvis de la mairie. Sous le coup d'une joie inépuisable, conducteurs et passagers s'engouffrent à tombeau ouvert dans une artère commerçante de la ville réservée, elle aussi, à l'humble piéton. Le passage du convoi est ponctué de détonations et de tirs de mortier... Le bouquet final a lieu devant le lieu de culte vénéré du Russo-Chinois en goguette : un fast-food KFC. Un feu d'artifice surgit au pied de ce temple du poulet industriel sans morceaux de porc dedans. Le réservoir de joie est à sec. La noce peut avoir lieu.
Traumatisés par cet épisode, les représentants de la ville s'en allèrent se plaindre auprès du procureur des effets dont ils chérissent les causes. Voitures non assurées provenant de sociétés de location polonaises, plots de la zone piétonne abaissés par des badges piratés, passants mis en danger de mort et, en guise de bouquet final, côté municipalité : « Les identités de deux conducteurs ont été contrôlées par la police. Ils n’ont pas été interpellés », rapporte Le Parisien.
Face à ce phénomène désormais coutumier, les élus Bisounours sont à la parade. La charte de bonne conduite signée au préalable par les protagonistes de la noce est l'une de ces armes en carton brandie par les combattants. Déjà enfreinte lors d'un débordement, son inutilité n'est plus à démontrer.
« Les mariés ne venaient pas de la mairie de Saint-Denis. C’est la première fois que des personnes extérieures à la ville se livrent à des rodéos chez nous », a précisé Katy Bontinck au Parisien. La signature d'un engagement ou le versement d'une caution auprès d'une mairie n'exclut pas une folle virée dans les communes voisines. La stratégie des peluches du maintien de l'ordre tombe à l'eau. Lune de miel et mesures en guimauve... Ils étaient faits l'un pour l'autre.
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rodéos urbains
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