Le roi danse
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Laissant à son Premier ministre la conduite des affaires « de boutique », comme le dit élégamment BFM TV, organe officiel de la nouvelle présidence, notre chef de l’État est allé ce samedi en sa bonne ville de Paris, afin de soutenir la candidature de la capitale pour les Jeux olympiques de 2024. Débauche d’indépendance du quatrième pouvoir, sur la chaîne « d’info en continu » envers un Président "éminemment sympathique", "très décontracté", "à la communication parfaitement maîtrisée" (ça veut dire la même chose que « verrouillée », mais pour le camp des gentils), un Président qui joue au tennis avec les champions et décoche quelques directs à un boxeur professionnel.
Les journalistes peuvent alors aligner jusqu’au vertige ces phrases ineptes dont ils sont friands, et dont la formule est invariable : un compliment subjectif + une information people. Exemples : « cet homme sympathique et moderne est également un cavalier émérite », « cette jeune femme surdouée, qui ne jure que par Chanel », « ce ministre spécialisé dans le droit européen joue aussi remarquablement du violoncelle », bref, vous voyez le truc.
Le roi danse, donc. Entouré d’une cour de traîtres aux petits soins, précédé par une nuée de gazetiers serviles, le roi s’exerce à tous les sports avec une énergie surhumaine, dans un sourire éclatant, et naturellement excelle en tout. Il est fort, il est jeune, il est beau. Avez-vous vu cette détente du jarret ? Cette montée au filet ? L’ambiance de ferveur bon enfant qui l’accompagne ? Le Président est tellement « jupitérien » qu’on n’avait pas vu ça depuis Louis XIV. Ses grouillots interchangeables peuvent continuer de patauger dans la mélasse des scandales, le roi est au-dessus de tout cela. Il a compris que le cœur du pays était monarchique, il l’a même trop bien compris. Et pendant ce temps, Ferrand est élu président du groupe LREM par acclamation – une modernité et une fraîcheur que l’on n’avait pas vues depuis Brejnev.
Mais je m’égare : la France n’est pas l’URSS des plésiosaures du parti, c’est une démocratie moderne, un pays en marche. La différence est claire, comme on peut le voir en paraphrasant une célèbre réplique d’OSS 117 :
Une dictature, c’est quand les gens sont de droite. Déjà, ça commence par là. Alors, ils sont tristes, ils habitent en province, ils ont les cheveux gras, un pull sur les épaules, ils écoutent Radio Notre-Dame, ils vont à la Manif pour tous et ils roulent en Espace.
Ah bon ? Et comment vous appelez un pays où les chaînes de télé disent toutes la même chose, où les sondages sont toujours de l’avis du chef de l’État, où les députés sont d’illustres inconnus élus par un peuple aveugle, où tout le monde doit être « sympa », « cool » et sourire bêtement ?
J’appelle ça la France, Madame. Et pas n’importe laquelle : celle du Président Macron.
Le roi danse. Que demande le peuple ?
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Emmanuel Macron
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