Le roi Pelé : adulé par le peuple, égratigné par les élites

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Le roi Pelé est mort ? Vive le roi ! En effet, Edson Arantes do Nascimento, dit « Pelé », était le plus grand footballeur de tous les temps. Au Brésil, sa terre natale, où la magie du candomblé africain, même si mâtiné de mysticisme catholique, n’est jamais loin, il demeura sa vie durant une sorte de divinité ; trois Coupes du monde, ce n’est pas rien. Né le 21 (ou le 23, l’état civil brésilien étant ce qu’il est) octobre 1940, il devient champion du monde dès 1958, à moins de vingt ans. Au royaume du ballon rond, tout le monde portera le deuil et saluera la mémoire du défunt, celui qui ne marqua pas moins de 1.283 buts tout au long de sa carrière.

Tout le monde, y compris Liliam Thuram ? Pour cette véritable conscience morale de rang mondial, Pelé n’aurait pas été assez antiraciste et, surtout, se serait accommodé de la dictature brésilienne (1964-1985).  C'est ce qu'il avait affirmé en 2018 : « Pelé ne s'est jamais positionné sur les problématiques du racisme au Brésil. Et pourtant, c'est quelqu’un qui aurait pu faire avancer les choses. »

Le grand Pelé ne fit pourtant rien d'autres : « Je ne crois pas que j’aurais pu agir différemment. Je ne suis pas un surhomme ou un faiseur de miracles. J’étais une personne normale à qui Dieu avait permis de jouer au foot. Mais je suis bien certain que j’ai fait bien plus pour le Brésil avec mon football que bien des hommes politiques payés pour le faire. »

De fait, que peut-on reprocher à cette véritable icône nationale ? De n’être pas un vrai Noir ? Un peu comme Joe Biden, actuel président des USA, qui affirmait à propos d’autres Noirs tentés par le vote républicain : « Si tu as du mal à choisir entre moi et Trump, alors tu n’es pas noir. » Comme si un Noir était génétiquement déterminé à voter pour ses maîtres de gauche et qu’on lui interdisait toute forme de libre arbitre. Étrange antiracisme que voilà.

Car il ne suffit pas d’aller bien loin et encore moins de se plonger dans de savants livres – le bistrot du coin suffit –, pour comprendre qu’il y a plus de cinquante nuances de noir, même en France. Ceux qui ne votent pas votent à droite ou à gauche, à l’extrême gauche ou à l’extrême droite. Pis : cette logique racialiste porte en elle ses propres limites, ou alors tous les Bretons voteraient Marine Le Pen, les enfants d’immigrés espagnols Anne Hidalgo et les Béarnais pour Jean Lassalle.

Autre grief fait à maître Pelé ? Celui d’avoir été l’un des premiers de la catégorie à capitaliser sur son image, jusqu’à devenir un habitué des publicités locales, afin d’assurer ses vieux jours. Mais qui pourrait reprocher à ce gosse de pauvres de n’avoir pas voulu finir dans la misère, comme tant de footballeurs d’alors, Noirs et Blancs confondus ? Personne, hormis de riches Blancs de gauche ne tolérant pas qu’un Noir de droite, devenu ministre des Sports de 1995 à 1998, puisse ensuite avoir dédicacé un maillot de son club fétiche, le Santos FC, au président Jair Bolsonaro. Et alors ?

Comme si les uns et les autres n’avaient pas le droit, au-delà de leur taux de mélanine, d’avoir leurs propres opinions politiques. À ce titre, il est assez amusant de voir des antiracistes défendre on ne sait quel déterminisme social, censé se reproduire mécaniquement dans les urnes.

En attendant, le roi Pelé est à tout jamais entré au Panthéon footballistique ; n’en déplaise aux fâcheux, d’où qu’ils viennent.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

33 commentaires

    • je ne pense pas comme vous, Thuram est une racialiste, nouvelle expression du racisme. Allez voir la page de wikipedia, un vrai panégyrique, d’autres n’ont pas cette chance.

  1. Thuram, comme tant d’autres footeux, ont monnayé les notoriété à prix d’or; Qu’il ne vienne pas donner des leçons de morale à un homme qui ne gagnait pas le millième de la moitié du quart qu’on gagné les champions du monde 98 !

  2. Hier la télé belge annoncait un événement mondial au point que j’ai cru au décès du pape, mal en point actuellement. Non, l’affaire concernait,  » le roi Pelé, idôle du football brésilien, adulé etc etc malgré certaines controverses… ».
    Des controverses, je me suis dit que le garçon devait avoir voté Bolso ou une histoire dans ce genre là. Je ne me suis pas trompé, si un Noir se comporte comme un Blanc, se montre catho, vote à droite, cela fait « polémique ». C’est comme çà, les polémiques, les dérapages, les tribunaux, c’est pour la droite ! C’est un peu partout, un gars vient de créer une « polémique » avec la fameuse Thunberg, une poupée écologiste , un tweet qui la ridiculise, et par contre, la réponse de l’idole du climat, qui évoque une grosseur de verge chez le rigolo, là,aucun média ne viendra dire que leur Greta provoque une polémique par ses propos obscènes.

  3. C’est triste pour cet homme mais parler un jour entier sur nos écrans de ce grand départ est un peu outrancier ..je pense que le mini président a fait préparer son avion pour aller aux obsèques …il faut se faire voir

  4. Bel hommage Ô combien mérité. Merci aussi pour cette phrase de Joe Biden, affirmant à propos d’autres Noirs tentés par le vote républicain : « Si tu as du mal à choisir entre moi et Trump, alors tu n’es pas noir. »
    Une seule critique <0 : pourquoi réduire Liliam Thuram à ce qu'il avait dit en 2018 ? Il a peut-être évolué depuis … De même qu'il ne faut pas réduire une personne à sa couleur de peau, de même il ne faut pas figer personne dans ce qu'il a pu dire de stupide quelques années plus tôt ! Cela restera certes toujours difficile, voire impossible pour certains, de reconnaître ses torts, ses erreurs. Mais gardons-nous, en 2023, de préjuger, sans tomber dans l'irénisme. Bonne année à tous les lecteurs de BV…

    • Bonjour Mr DENEUX … Allez vous renseigner des « débuts associatifs » de mr biden dans les années 70 et vous serez surpris de ses « engagements » § … Pour ce qui est de « réduire lilian thuram à ce qu’il a dit en 2018 n’est pas bien effectivement … car il en a tellement dit que c’est difficile de choisir « la moins absurde » de ses déclarations et ce depuis bien longtemps ! … Encore un un qui a oublié ce que veut dire « merci au système » social de la France …

    • Le fils de Thuram, c’est bien celui qui crache sur les joueurs blancs comme le lui a sans doute appris son père ? Effectivement, je n’ai pas en tête d’images de Pelé émettant un crachat, ne serait-ce que sur la pelouse.

  5. Je ne connais rien au football mais trouve merveilleux que Biden estime les Noirs de son pays trop sots et trop peu évolués pour voter Trump . Voilà un racisme bien senti !

  6. Ces gauchos détestent la réussite personnelle. Des dangereux personnages dont il faudrait se débarrasser une bonne fois pour toute afin que l’on puisse respirer.

  7. C’est l’un de ceux qu’on admire qui s’en va. Les autres, les salauds et les profiteurs de toutes natures sont immortels…Bizarre non ?

  8. Thuram ? Ah oui celui que j’ai admiré il fût un temps … avant de me rendre compte de la fadeur du personnage. Ce donneur de leçons au pieds carrés qui hait l’homme blanc, qui pourtant l’a rendu célèbre. Célèbre !! Un bien grand mot après tout il n’a fait que courir après un ballon.

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