Le roquefort, mal noté par le Nutri-score ? C’est tant mieux !

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Sur France Inter, ce 12 juin, le patron de la rédaction de Libération, Dov Alfon, s'est mué en grand défenseur du très technique Nutri-score contre le roquefort. Autant dire contre la France ! Il n'est pas le seul. Les vacances d’été approchent à grands pas et l’on trouve des enseignants consciencieux qui songent déjà à leurs cours de la rentrée prochaine. C’est le cas d’un certain Vincent Laurent, consultant en stratégie digitale et enseignant, qui nous avise sur Twitter de ses projets. Il y a réfléchi durant le week-end et écrit ainsi :

Une remarque, avant d’entrer dans le fromage : à moins que ce monsieur ne soit doté d’une assurance à toute épreuve, il aurait été préférable de mettre un s à étudierai. Un conditionnel paraît plus judicieux, dans le sens de « si l’occasion se présentait, je l’étudierais volontiers », bien ou mal… Ou alors, il pense qu’en effet, il l’étudiera bien. C’est une certitude. Toutefois, nous ne la partageons pas : à l’inverse de ce monsieur, et comme beaucoup de Français, nous croyons au contraire que le roquefort ne nuit pas à la santé mais qu’il y contribue.

Sur le sujet, notre enseignant fait référence à des articles du Monde et de Libération qui remontent à octobre 2021. On le sait, Le Monde et Libé sont l’Ancien et le Nouveau Testament de nombreux enseignants.

On traite, dans ces papiers, de la fronde des producteurs de roquefort, soutenus par leurs élus, contre le Nutri-score qui les affuble d’un E, soit la pire note en la matière. La Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de roquefort (CGPLBIR) monte au créneau et tous réclament que ce fromage « soit exempté du logo ». Pourquoi ? Parce que « le Nutri-score est inadapté à nos produits à indication géographique protégée [IGP] ou d’appellation d’origine protégée. C’est une approche punitive des aliments », dit alors Sébastien Vignette, secrétaire général de la CGPLBIR.

Il se peut qu’au Monde et à Libé, on aime peu le roquefort, un fromage gras qui sent la France profonde. Ils préfèrent les steaks d’insectes et le « fomage » de soja qui colle aux dents posé sur un lit d’orties fraîches. Chacun ses goûts… sauf qu’au nom de la santé publique, on veut nous interdire la pâte persillée bleuie au Penicillum roqueforti. Ce n’est pourtant pas le roquefort élevé dans les caves crayeuses qui cause l’obésité galopante mais bien l’abondance de sodas, plats cuisinés/frelatés et autres nourritures, extraterrestres celles-là, qui rendent l’œil jaune et gras le foie humain.

L’argument du Monde, de Libé et de Vincent Laurent se veut économique, disons plutôt politico-économique : qu’importe, au fond, que le roquefort soit bon ou mauvais pour la santé, il fait la fortune de Lactalis. Et ça, c’est mauvais comme le néocapitalisme sauvage.

Que le roquefort écope d’un E au Nutri-score – comme 90 % de nos fromages –, à vrai dire, on s’en moque. Ça ne nous empêchera pas de le tartiner sur une tranche de pain grillé. (On rappellera d’ailleurs que, selon sa bonne habitude de se tirer dans le pied, c’est la France qui a eu l’initiative de ce classement en 2016.) Les internautes sont d’accord là-dessus, qui répondent à Vincent Laurent « vive les fromages au lait cru ! », soulignant que « quand on achète du fromage, c'est qu'on s'en fout, du score. On sait qu'il sera élevé et on va pas arrêter de manger du fromage pour autant. Arrêtez avec ça, les rabat-joie. »

Sur la page qui vante les mérites du roquefort, le ministère de l’Agriculture rappelle qu’il fut « le premier fromage français à avoir reçu une appellation d’origine, en 1925 ». On ne sache pas que les Français d’alors souffraient d’obésité morbide…

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Mais le nutriscore est tellement beau et intelligent que l’Europe va se l’approprier pour l’imposer à tous ses vassaux !
    Y’a t’il un pays au monde plus normatif que la France ? Il faut bien être premier quelque part nous répondront nos zélites !
    Nutriscore, « label rouge » (valide une stratégie de production), et autres blablateries ne sont que du carburant pour les destructeurs de la France…
    Donc mangeons nos bons produits français qui n’ont pas attendu ces étiquetages fantaisistes qui toujours servent à culpabiliser le consommateur…

  2. Le Roquefort est un super fromage, mais je le trouve de plus en plus salé (je ne parle pas de la note). Comme le Chaume d’ailleurs et d’autres fromages. Les pharmaciens auraient-ils des actions dans ces entreprises fromagères ?

  3. Le nutriscore ? un invention pour détruire la riche culture gastronomique de la France au profit de l’importation de la manie « vegan » venue des USA que les écolos ont repris à leur avantages pour justifier leurs habitudes de « lapins » !!!

  4. Et bien voilà, la machine se relance… Tout est mauvais en France… Tout est meilleur chez les autres… Cassons cette prétention discriminatoire d’être le Pays du bien manger. Nous étions chauvins, arrogants, mal élevés et ils ont réussi à nous faire baisser la tête et demander pardon à « toutezéatous ».
    Nous en arrivons, aujourd’hui à attaquer nos fromages, un comble au Pays du fromage ! Fut un temps où nous étions fiers de notre « bien vivre », de nos campagnes, de nos produits, de notre industrie, de notre indépendance… Nous étions légitimements heureux d’être français ! Le Roquefort affichait avec fierté son titre reconnu de « ROI des FROMAGES ». Nous n’avons pas vu venir les attaques diverses de tous ceux qui nous jalousaient à l’étranger mais nous n’en étions pas encore à nous saborder tout seuls.
    Les opérations malsaines associées dans le but de nous ramener dans le rang, anonymes et « humbles » ont conduits à faire la promotion de fromages venus, selon les nouvelles normes, supérieurs à nos cinq cents fromages. Chaque Pays producteur se réclamant d’être « l’autre Pays du fromage ». La pub, l’intox (là aussi), les fausses études, les faux classements sont orientés en ce sens…
    Pauvre France ! Combien sommes-nous, encore, à t’aimer et, surtout, à oser le dire !

  5. il faudrait inventer un connerie-score. Que je sache il est rare de se gaver de roquefort, qu’on cesse de nous prendre pour des demeurés, ça finit par être lassant.Trop de décisions politiques sont à l’image des publicités d’aujourd’hui, bêtifiantes.

    • J’aime beaucoup votre nouvelle norme, malheureusement il sera impossible d’améliorer les mauvais scrores, pas comme dans l’alimentation, un peu de sucre en moins et hop, on grimpe dans le nutri-score. Taper sur le Roquefort devrait être considéré une inhumanité sans fond.

  6. Le nutri-score cherche par son système de calcul et par ses ajustements adaptés et orientés à nuire à certains produits traditionnels et d’origine régionale, les fromages à moisissure, le porc, le foie gras, le gavage des canards et des oies, même la culture raisonnée etc. L’industrie de l’alimentaire chimique veut tout simplement tuer la culture gastronomique régionale Française et de qualité. Elle vénère le dieu de l’argent. Pas celui de la santé.

    • Il n’y a pas que le nutri-score. Le gouvernement français est aussi à la manœuvre par l’intermédiaire de ses préfets. Dans le Sud-Ouest, on approche du milliard de canards et d’oies grasses abattues préventivement sous prétexte de grippe aviaire (suspectée mais non déclarée). Il s’agit à l’évidence de supprimer la filière française d’élevage du gras pour laisser la place aux industriels, hongrois et israéliens en particulier.

  7. La France est devenue le pays des « spécialistes, des experts, etc. de tout un tas de machins en ogue, sociologue, islamologue, banlieueologue, et j’en passe et des meilleurs.
    Mais avec tous ces « têtes » très souvent mal remplies, regardez l’état du pays, on ne comprend plus trop. Alors leur truc à la « con » on s’en fout, je continuerais de manger comme je l’ai toujours fait.

  8. J’adore le roquefort et ce n’est pas le nutri-machin ou un imbécile heureux ou pas qui va m’empêcher d’en manger. De plus, je vais même le déguster avec un petit verre de vin blanc et tout ça pour le plaisir n’en déplaise à ses détracteurs.

  9. Manger sain n’est pas un péché, manger avec gourmandise et en excès devient un problème de santé. Or adultes et enfants sont invités par la publicité quotidiennement et à toutes heures de la journée à consommer des produits industriels chargés de sucre, de sel en excès et de conservateurs chimiques, c’est là le problème. Un fromage industriel pasteurisé, n’est pas un vrai fromage, le goût est le même, il se conserve, et évite des maladies dangereuses. Un produit frais poissons, coquillages, viandes, sont à consommer rapidement, mais la ville loin de la campagne ne connaît plus ces principes.

  10. Ne s’occupent que de ces nutri-scores , que les bobos parisiens qui vivent dans leurs bulles , et dans ces conditions, ce n’est absolument pas grave que notre bon Roquefort soit mal noter, les bons français qui l’aime continueront bien sûre à le déguster .

  11. Ce Monsieur est « consultant en stratégie digitale et enseignant », mais, quoiqu’au « doigt mouillé », paraît très au fait (à quel titre ?) de la santé publique…Bref, pour le Roquefort comme pour le foie gras, si l’éternité de la France devait se dissoudre dans le Nutri-score…nous le saurions peut-être déjà !

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