Le Rouge et le Vert : Toussaint, Rousseau et la gauche bienveillante
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Ah, ça ne va pas être facile, cette énième liste d'union de la gauche ! « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », disait Saint-Just avec beaucoup de réalisme, mais, apparemment, « pas de tolérance pour les amis de la tolérance » non plus. La tolérance de la Révolution a fait plus de morts en cinq ans en France, au nom de la fraternité, que la méchante Inquisition catholique en cinq siècles dans toute l'Europe, au nom de « l'oppression religieuse », comme on dit chez eux. C'est rassurant, quelque part. On est sur le point de se dire que l'union des droites ne se fera jamais. On déprime. Et puis, selon le vieux proverbe, quand on se compare, on se console.
Regardons donc, avec une certaine gourmandise (que l'on pourrait confondre avec de la Schadenfreude), ce qui s'est passé aux universités d'été de La France insoumise, pas plus tard que samedi 26 août. Marie Toussaint et Sandrine Rousseau étaient les invitées du parti autoproclamé le plus à gauche de France : la première parlait le matin, la seconde l'après-midi. Copieusement huée, Marie Toussaint, l'illustre inconnue qui emmènera la liste écologiste aux européennes, commence gentiment, comme une prof en déroute dans un collège prioritaire. « On discute ou pas ? Je peux vous parler ou pas ? » Bah oui, Marie, ils sont comme ça, les Insoumis : on peut leur parler, mais pour dire la même chose qu'eux. Il n'y a qu'à voir le thème du débat : « La NUPES peut-elle dépasser ses différences sur les questions européennes ? » La vraie question, on le comprenait sans avoir à se poser la question, était surtout la soumission des autres composantes de la NUPES au leadership toxique de LFI. Et sinon, on ne peut pas parler. On est surpris qu'elle soit surprise.
Au nom de l'amour et de la douceur...
Le plus génial n'est pas cette énième manifestation de la démocratie de gauche mais la réponse de Marie Toussaint à ceux qui la huaient : « Je vous invite à considérer la douceur comme une force politique […] on ne deviendra jamais majoritaire sans la douceur. » Et encore ceci, à la fin de son intervention : « Les huées, je les prends avec le sourire car je veux y répondre avec de l’amour. » De la même façon que ceux qui, en politique, glorifient stupidement la force brutale (Hébert, au hasard) n'en ont souvent pas un échantillon sur eux, ceux qui en appellent à l'amour et à la douceur en politique ne savent pas de quoi ils parlent. EELV (pardon, Les Écologistes) ne cesse d'exclure, de diaboliser, de montrer du doigt, de s'indigner, de déclencher jérémiades stridentes et campagnes de haine... mais c'est au nom de l'amour et de la douceur, les amis, alors ça va.
Sandrine Rousseau, elle, intervenant l'après-midi, a d'abord été applaudie. Normal : elle défend une liste commune pour les élections européennes, elle. Mais très vite, ça se gâte : malgré son côté plutôt favorable aux positions des Insoumis, Sandrine Rousseau doute que son parti puisse revenir sur la décision qu'il a prise (celle du « chacun pour sa peau », comme disent les enfants). Pourquoi ça ? Eh bien, notamment parce que la question de la « domination » de Mélenchon n'a pas été « réinterrogée ». Aie aie aie... On touche au monstre du mausolée ? Huées automatiques, comme à Pyongyang. Mais Sandrine Rousseau n'est pas Marie Toussaint. Elle ne se contente pas d'une réplique molle sur l'amour et la douceur. C'est une femme qui préfère les sorcières aux ingénieurs nucléaristes, on s'en souvient. C'est donc en « femme forte et indépendante », selon la formule consacrée, que la pasionaria du véganisme urbain enchaîne : « Continuez de me siffler et je rentre chez moi et on dira que personne ne peut débattre avec les Insoumis, même Sandrine Rousseau. »
Même Sandrine Rousseau ?
On rirait de cette menace si ce n'était pas si profondément ridicule. « Même Sandrine Rousseau », qui est donc une sinistre virago d'extrême gauche et le reconnaît apparemment sans trop tortiller, ne peut pas débattre avec les Insoumis. Là aussi, on est surpris de sa surprise. On ne peut pas débattre avec Sandrine Rousseau non plus, à moins d'être d'accord avec elle ou d'accepter de recevoir des leçons de sa part. C'est comme ça. Il faut donner à ce fléau son véritable non : la gauche.
Alors oui, certains jours, au lieu de se désespérer sur la droite bête qui refuse de faire des alliances sur la simple base du bon sens, on sent naître un sourire rêveur quand on regarde les hurlements, les glapissements, les déchirements fratricides de la gauche. Les zélotes de Mélenchon qui huent la contemptrice de l'entrecôte ? Eh bien, après tout, pourquoi pas...
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23 commentaires
A écouter et constater ces convulsions et déclarations, on se demande – ce qui est après tout assez rassurant – s’il reste chez ces représentants de la gauche extrême, donc par hypothèse bienpensante, un minimum d’intelligence. Il apparaît heureusement que cette interrogation est partagée par de plus en plus de gens !
Le rouge et le vert. Mélangez. Ça donne une couleur qui vous fait penser à quoi?…
La gauche politique est née en 1789; elle a donné sa pleine mesure en 1793. Les grandes idéologies, qui ont pourri le 20ème siècle, sont toutes (TOUTES) nées de la gauche. Cette pensée, jamais structurée, jamais réfléchie, détruit le cerveau de bien des gens. A ce moment là, chaque génération est prête aux meurtres de masse, soit par la révolution, soit par le totalitarisme. Ensuite on se défausse et on trafique la réalité. Tragique finalement, pour l’humanité.
» Et puis, selon le vieux proverbe, quand on se compare, on se console. » Le vieux proverbe s’appelait Talleyrand.
BRAVO Monsieur Florac, ils ne méritent que d’être ridiculisés si, toutefois ‘le ridicule’ pouvait toujours ‘tuer’ !!
Ces gens vont finir par faire interdire Stendhal… (Le rouge et le noir).