Le sans-papiers sera mieux traité que le sans-vaccin

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Lorsqu’un pouvoir érige la vaccination comme seule solution pour circonscrire la pandémie, épargner un certain nombre de victimes et, surtout, retrouver « la vie normale » avec l’hédonisme inscrit au cœur de notre civilisation actuelle, il use d’un argument efficace. Quand il brandit « en même temps » les peines qui frapperaient les récalcitrants au passeport sanitaire prouvant la vaccination, les amendes énormes que risqueraient les commerçants, les privations et discriminations qui toucheraient les non-vaccinés - les « sans-vaccin », en somme, comme on dit les « sans-papiers » -, il ne faut pas s’étonner que la majorité se précipite vers les centres de vaccination.

En face, les appels à la résistance ponctués de termes souvent excessifs, de comparaisons saugrenues, et parfois aussi d’actes irréfléchis, comme le saccage d’un centre de vaccination à Lans-en-Vercors, sont aussitôt qualifiés d’extrémistes, complotistes, conspirationnistes, totalement inconscients. Les statistiques affichées par le gouvernement indiquent que 96 % des personnes infectées récemment ne sont pas vaccinées : ces chiffres associés à l’idée d’une vie plus facile par l’obtention d’un passeport sanitaire grâce au vaccin pèsent plus lourd que la défense d’une liberté plus abstraite.

Cette bataille de la résistance à la vaccination semble perdue, à moins d’une censure de la loi par le gouvernement des juges. Cette défaite risque de masquer des déboires bien plus considérables. D’abord, ce qui se passe dans notre pays correspond au phénomène décrit par La Boétie, la servitude volontaire. Appliqué à notre époque, ce concept indique qu’un régime non démocratique bénéficie toujours de la complicité de ceux qui le subissent. « Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres », disait La Boétie. Mais libres de quoi, répondront en chœur les Homo festivus d’aujourd’hui. C’est pourquoi il convient d’élargir le front du combat, de ne pas le limiter au champ de ce virus qui, quelle que soit sa dangerosité réelle, a surtout été une excellente occasion, pour une idéologie, de rétablir sa domination, et même de l’accentuer.

Le Président élu en 2017 va évidemment tenter de maintenir la peur obsessionnelle renouvelée par les variants jusqu’à l’élection présidentielle. Son implication dans ce qu’il avait qualifié de guerre sera son argument de campagne décisif. Quand un pays subit un fléau, celui qui aura paru l’en protéger apparaîtra comme le sauveur. C’est pourquoi, plutôt que de se mobiliser sur le vaccin, il est essentiel de faire le bilan global d’un mandat présidentiel calamiteux : la gestion de la crise sanitaire a été une suite d’échecs, de mensonges, de contradictions et décisions biscornues. Les frontières laissées ouvertes, les masques inutiles, parce qu’inexistants, puis obligatoires sous peine d’amendes, les tests insuffisants, l’absence de vaccin français, la pesanteur des confinements et des couvre-feux, la discrimination des lieux et des personnes, au détriment des commerçants indépendants, de la culture et du tourisme, le tout accompagné de sanctions absurdes, constituent un réquisitoire que le succès de la vaccination ne saurait annuler.

L’état d’urgence permanent, la multiplication des contrôles et leur cible, à savoir la population globalement conformiste, auraient un objectif de dressage du peuple après la mésaventure des gilets jaunes que l’on ne s’y serait pas pris autrement. D’ailleurs, il est paradoxal qu’un pouvoir dont l’idéologie prétend lutter contre les discriminations que subissent des minorités en introduit au sein même de la majorité. Le « sans-vaccin » sera plus mal traité que le « sans-papiers ».

En opposant le vaccin à la liberté, on se trompe de cible, car les vaccinés se diront libres de vivre en consommateurs sans avoir fait usage de leur libre-arbitre. C’est triste, mais c’est ainsi. En revanche, en visant dans sa totalité un règne désastreux, commencé par une mise en examen organisée et qui va s’achever avec la mise en examen d’un ministre de la Justice nommé avec une incroyable légèreté, on dressera le réquisitoire nécessaire pour libérer la France d’un pouvoir peu légitime et dangereux pour elle.

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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