Le spectacle de Beauchêne, l’évocation touchante de l’histoire d’un sanctuaire
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La nuit étend peu à peu son manteau de velours au-dessus de la prairie de Beauchêne, en plein cœur du bocage vendéen dans les Deux-Sèvres, et le silence s’installe en ce dimanche 18 août. Face aux tribunes emplies de spectateurs, sur la gauche, se dresse un fortin de bois. Au centre, une réplique de la chapelle de Beauchêne, une croix argentée surplombant le fronton triangulaire de l’édifice et brillant dans l’obscurité. Sur la droite, le décor épuré d’une chambre. Au-dessus du manteau de la cheminée trône le portrait d’un chef vendéen, général de l’armée catholique et royale : Louis-Marie de Salgues de Lescure. L’homme fixe le ciel et, d’un geste du bras, semble rappeler aux soldats vendéens quel doit être le seul but à viser.
Une dame âgée, en vêtements de deuil, vient alors lentement s’installer à une table, sous le tableau du « saint du Poitou ». Une femme au destin aussi hors du commun que celui de ses deux maris. Une femme qui connut les ors et la pourpre de la cour mais qui endura aussi de terribles épreuves jusqu’à s’abîmer de douleur, enceinte et mère d’une petite fille d’un an, à la mort de son époux. La marquise douairière de Lescure et de La Rochejaquelein, le regard empreint de douceur et pourtant marqué du sceau de la souffrance, s’assied dignement et met la plume à l’encrier. Le crissement du papier se fait entendre, puis une voix douce mais emplie de gravité s’élève dans les airs. La vieille dame s’adresse à son petit-fils Julien pour lui conter une histoire belle et tragique à l’instar de la sienne, celle de la Vierge de Beauchêne et du sanctuaire qui l’abrita, avant qu’ils ne deviennent propriété de sa famille.
Tel est le point de départ d’un magnifique spectacle d’une heure trente pendant lequel les spectateurs voyagent dans le temps : ils découvrent eux aussi, stupéfaits comme le fut ce paysan d’antan, la statue de Notre-Dame nimbée de lumière dans le tronc creux d’un chêne centenaire, près d’une source limpide. Ils se mettent à vibrer à mesure que la dévotion à cette Vierge prend son essor et se répand dans la région. Ils s’enflamment face aux conflits fratricides qui mettront à mal le sanctuaire et déchireront la France, cette « mère affligée » qu’évoquait si bien le poète Agrippa d’Aubigné. Et dans leurs yeux humides naîtra pourtant une lueur lorsqu’une seconde statue, inspirée des madones florentines de Raphaël, sera sculptée et vénérée à nouveau par les fidèles.
Lors de ce spectacle, reconduit quatre soirs de suite, du 18 au 21 août, les tableaux et les chorégraphies s’enchaînent. Plus de 170 acteurs sont présents, parmi lesquels beaucoup de jeunes et de petits enfants. Tous s’investissent à fond, insufflant énergie et fraîcheur aux scènes jouées pour que renaisse l’histoire du sanctuaire ! De belles images, parfois bucoliques ou encore épiques, envahissent les mémoires et y flottent, précieuses, comme des bannières ou des oriflammes. Les païens interrompus en pleine cérémonie occulte et conduits à embrasser la foi catholique, le déferlement des croisés partant à l’assaut de Jérusalem et rapportant de Terre sainte une relique du Chevet de la Vierge, le quotidien des paysans menant, joyeux, leurs bœufs aux champs et rentrant perclus de fatigue au soleil couchant, les folles journées de foire où l’animation bat son plein et où jongleurs, cracheurs de feu et danseurs se succèdent près de fabuleux mâts de cocagne chamarrés de lumière, les multiples tintements des cloches pressenties pour la chapelle, solennels, âpres et gais, les danses rythmées et pleines de candeur distillant la joie, les moments de prières, calmes et crépusculaires, montant au ciel comme lentement s’élève l’encens…
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Un spectacle émouvant qui nous conte la naissance et l’essor de ce sanctuaire de Beauchêne, écrin de granit d’une statue miraculeuse attirant les foules et guérissant les malades. Il n’omet pas non plus, comme pour les conjurer, les drames vécus, le sang répandu et les chairs déchirées des hommes… Voir ce spectacle oblige à regarder en direction de cette lumière descendue du Ciel sur Terre et à garder souvenir du passé pour que jamais l’esprit ne marche dans les ténèbres.
Marie-Victoire Velut
Ecrivain et professeur de Lettres
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11 commentaires
Magnifique évocation. « France, mère affligée » ne serait-il pas du Ronsard ?
MERCI BEAUCOUP pour ce très joli texte, attendrissant et tonique.
Une bouffée d’oxygène pour le fils de vendéen que je suis et français amoureux de sa patrie. Je regrette de ne pas avoir pu assister à ce spectacle par manque d’information.
Bien
Nous avons eu la chance d’assister à cette « cinéscenie » lundi dernier. Magnifique spectacle fort réjouissant. Longue vie à lui !
Presque chaque dimanche, les Russes commémorent un aspect de leur passé, de leurs réussites. Hier, ils fétient les musiques militaires du monde avec de magnifiques défilés sur la place rouge et une qualité musicale et chorégraphique impressionnante. Il y avait les Chinois, les Africains et plein d’autres. la semaine passée, c’était le drapeau Russe, avant la marine.. Les Russes baignent dans le récit de l’histoire de leur peuple et cela fait leur grandeur et leur unité.
Un peuple sans racine est un peuple sans mémoire, là est le but recherché par cette caste politique nauséeuse. Puissent ils tous finir en la géhenne.
Un peuple sans culture, en fait, donc sans racine, sans valeur, sans unité. Donc incapable de résister au Pouvoir politique qui l’exploiterait.
Voici pourquoi le Pouvoir actuel, d’ultra droite, détruit la culture française.
A mon avis, c’est une « ultra-droite » à forts relents staliniens. Mais de droite ou de gauche, c’est de toute façon une dictature en progression.
Encore un fort bel exemple de bénévoles qui font revivre l’histoire du passé . Et de constater que partout ces spectacles attirent des foules . Voilà qui prouve que les français sont très attachés à leur pays , son histoire , sa culture et ses racines . Ceci doit fortement déplaire à qui je penses .
En effet, cela redonne de l’espoir.