Le Syndicat de la magistrature progresse : jusqu’à quand les juges rouges ?

Le mur des cons

Le Syndicat de la magistrature… progresse. L’information, relevée par Le Monde, est passée quasiment inaperçue, elle ne laisse pas pourtant d’inquiéter. Lors des élections au Conseil supérieur de la magistrature qui se sont déroulées du 22 au 28 novembre, le Syndicat de la magistrature a recueilli 33,3 % des suffrages, soit 3,3 % de plus qu’en 2018. Sans doute faut-il préciser que la participation est en baisse (58,3 %, contre 66 % en 2018) et que, par nature, le Syndicat de la magistrature étant « militant », ses partisans vont voter. Mais le résultat est là.

Le Syndicat de la magistrature est tristement célèbre : créé en 1968, il tient pour Évangile, texte fondateur et ligne de conduite à la fois la « harangue Baudot », rédigée en 1974 par l'un des leurs, le juge Oswald Baudot, adressée à « tous les magistrats qui débutent » : « Soyez partiaux […] Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurance de l’écraseur, pour le malade contre la Sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice. » Et, sans doute, pour le squatteur contre le propriétaire. « La loi s’interprète. Elle dira ce que vous voulez qu’elle dise. » Dont acte.

À l’époque, Jean Lecanuet, garde des Sceaux - Giscard était alors Président et Jacques Chirac Premier ministre —, avait voulu sanctionner le juge Baudot, l’accusant de manquement à l’obligation de réserve. Avant de finalement renoncer, face à la levée de boucliers de ses confrères. Le juge Baudot était resté au parquet de Marseille où il était devenu substitut en 1985. L’une des premières capitulations de la droite, préalable à une longue série. Car, comme nous l’explique finement le magistrat Georges Fenech, les politiques qui devraient aujourd’hui rappeler ce clan de juges - certes non majoritaire, mais qui a noyauté l’institution judiciaire - à son devoir de réserve et de neutralité sont tétanisés par le spectre du juge d’instruction ou du PNF. Tous deux pourraient ensuite venir leur chercher des poux dans la tête.

Charles Pasqua, le 18 avril 1994, avait bien tenté, dans un entretien publié par Le Figaro, de pointer du doigt « une tentation de la part de certains juges de créer une jurisprudence contraire à la loi » en matière d'immigration. « Cela n'est pas acceptable », avait-il martelé : « La loi doit s'imposer à tous. Les magistrats ne sont pas là pour faire la loi, ils sont là pour l'appliquer et la faire respecter. » Le Syndicat de la magistrature avait aussitôt dénoncé, faisant donner contre Charles Pasqua la grosse caisse médiatique, « les pressions qu'exerce le ministre de l'Intérieur sur la justice ».

Le Syndicat de la magistrature, c’est aussi, plus récemment, en 2013, le "Mur des cons" sur lequel, notamment - comble de l'ignominie et du cynisme -, ont été épinglés… deux pères de victimes. Dont le général Schmitt, récemment interviewé par BV. L’affaire - dévoilée en son temps par notre confrère Clément Weil-Raynal - s’est conclue (en 2021 !) par une condamnation de la présidente du syndicat pour injures publiques. Puis, tout le monde a gentiment oublié. Imagine-t-on le tollé si un syndicat de flics, dans ses locaux, avait placardé, pour les railler et assortis d’un commentaire ordurier, des portraits de pères de délinquants tués lors de course-poursuites ?

Qu’un ensemble de juges soit politiquement marqué - « une exception française », selon les mots de Georges Fenech - est déjà en soi incompréhensible. Qu’ils revendiquent sans complexe leur partialité l’est encore plus. Mais qu’ils sortent renforcés d’une élection professionnelle à un moment où la France, en voie de décivilisation, n’a jamais eu autant besoin de justice au sens fort du terme ni de sévérité à l’endroit des délinquants est pour le moins angoissant.

Picture of Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Lorsque la droite – la vraie – reprendra le pouvoir, la justice est l’institution dans laquelle un sérieux ménage s’impose.
    D’une part parce que les juges ont la fâcheuse tendance à se substituer aux politiques, pourtant élus;
    D’autre part et surtout, l’irresponsabilité règne au sein de cette institution qui, lorsque sa responsabilité est engagée, n’a de comptes à rendre que devant ses pairs.
    Imagine-t-on un patron d’entreprise, responsable d’une « indélicatesse » à l’endroit d’un salarié, être jugé par le Medef ?…
    L’incompétence des prétendus titulaires actuels de ce fameux « droit régalien » est confirmée.

    • Le « sérieux ménage » me semble un euphémisme. Parlons plutôt d’une épuration, ce travail herculéen mais nécessaire pour nettoyer ces écuries d’Augias.
      La justice est aujourd’hui un pouvoir parallèle qui doit être cassé car il vise au démantèlement d’une Nation, et si les juges ne veulent pas s’y résoudre, qu’ils soient mis au rebut et remplacés par des tribunaux populaires.

  2. Les juges sont le produit de l’ENM, école unique et fagocitée par la gauche. Revenons aux juges élus par le peuple comme c’est déjà arrivé. Pour être juges, il n’y a pas besoin d’être formaté par de longues études propagandistes, il faut simplement avoir du bon sens, être impartial et une autorité naturelle.

    • Une espèce en voie de d’extinction. Peut être qu’en allant fouiller au Muséum d’Histoire Naturelle il serait possible de récupérer un peu d’ADN pour relancer une lignée de magistrats intègres.

  3. Rien, je dis bien rien, ne justifie que les magistrats soient syndiqués. Tout comme les militaires, leurs fonctions devraient leur interdire cette déviance intolérable. Ils sont au service de la France et jugent au nom du Peuple français, non à l’appel d’un quelconque ramassis de politiques véreux. Ceci est également vrai de la Police nationale qui ne devrait pas, elle non plus, être syndicalisée.

    • L’évidence même, mais c’est justement parce que c’est évident que ça n’existe pas chez les gens soit disant « responsables et intègres ».

  4. S’il s’avérait encore temps que les Français soient représentés par des élus en juste nombre correspondant politiquement, parmi les réformes prioritaires s’inscriraient, entre autres, celle d’éradiquer l’école de la magistrature.

  5. Faut-il encore s’étonner de quelque chose dans une République de gauchistes caviar ? Le gauchisme est l’âme même de la République dont l’origine était de piller les biens des cathos jusqu’aux églises qui sont bien des verrues immobilières dans les pieds des communards. Déjà à l’époque, la République n’avait de sens que le pillage de la population et cela continue comme jamais dans une République la plus taxée au monde et la plus endettée par habitant. Mais les Gauchistes sont contents et fiers de l’être. La seule épine qui leur reste dans les pieds c’est de se lever le matin pour aller bosser. Ce serait bien pour eux, une République de migrants qui bossent pour les Républicains. Et la France dans tout cela ? La banque des Républicains fainéants et inultes ou l’argent gratuit coule à flots ?

  6. À l’époque de la seconde guerre mondiale, tous les magistrats avaient soutenu Petain sauf un ! Et ce sont les mêmes qui l’ont ensuite condamné ! Ces magistrats qui hurlent avec les loups sont indignes de leur profession ! En effet, ils sont là pour appliquer la loi et la faire respecter ! Mais hélas, beaucoup brillent par leur inculture, une connaissance déplorait l’épreuve de culture générale au concours de la magistrature ! Et affirmait qu’ils étaient des techniciens du droit !
    De plus, c’est la seule corporation qui n’assume aucune responsabilité en cas de décision inique (souvenons nous de l’affaire lamentable d’Outreau , le juge Burgaud, est actuellement avocat général référendaire à la Cour de Cassation ! )

  7. Par contre, vouloir imposer à des généraux en retraite le devoir de réserve ne pose aucun problème à nos politiques. Si la loi est mal faite, il faut la refaire mais il est vrai que pour cela il faut une qualité qui leur fait défaut, ça s’appelle le courage !

  8. Angoissant révoltant scandaleux. Nul besoin d un syndicat. Les juges sont bien là oui pour faire appliquer les lois et en toute impartialité. Incroyable de voir pareil résultat !

  9. Petit rappel fort intéressant qui demontre que les juges ont depuis longtemps pris le pouvoir sur la justice et donc sur les citoyens jugés d’une manière partiale aux profit de délinquants de tous genres…
    Il est « normal » que les choses s’aggravent dans le contexte de déliquescence du « régalien »…

  10. Excellent article ;
    Angoissant , en effet ; et avec un garde des Seaux comme Dupond Moretti , cela n ‘ ira pas en s ‘ arrangeant …

  11. Pour les juges il faut faire comme aux USA qui pour une fois int raison c’est a dire les juges devraient être élus ils sont payés avec nos impôts et ils ont des comptes a rendre ne leurs en déplaisent et ceux qui ne feront pas leur travail ou mal leur travail pourront être virés et ils devraient chercher du travail ailleurs

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois