Le tableau de chasse de Wikipédia s’élargit : après Le Point, à qui le tour ?

liberté d'expression d'opinion

Ce samedi 13 décembre, Le Point publiait une fort intéressante enquête : « Wikipédia : plongée dans la fabrique d’une manipulation », pour dénoncer - ce que nous connaissons trop bien, hélas, à BV - la confiscation de certaines pages « sensibles » par une poignée d'activistes militants d'ultra-gauche. Forte des ses 5 millions d'utilisateurs et 8e site le plus fréquenté en France, Wikipédia, qui se targe d'être « la plus grande encyclopédie du monde », a acquis au fil des ans une position de quasi-monopole. De quoi légitimement s'inquiéter des pratiques de ses « administrateurs » qui s'arrogent tous pouvoirs en dehors de tout cadre légal pour biaiser idéologiquement les contenus alimentant au passage - et c'est encore plus grave - le grand savoir universel auquel aspire l'intelligence artificielle à travers des logiciels comme ChapGPT, pour qui « Wikipédia est l'une des plus sûres du Web ».

Dans son enquête, Le Point évoque l'organisation « redoutable des militants actuels – écologistes radicaux, islamistes, « antifas » - qui s'activent pour le dénigrer : ligne éditoriale « islamophobe depuis les années 2010 », manquements déontologiques pointés du doigt et interdiction de la moindre opinion contraire. Le média dresse la liste - non exhaustive - d'autres personnalités cibles de la communauté wikipédienne comme Eugénie Bastié, accusée de « faire de la poésie avec Renaud Camus, inventeur de la théorie du Grand Remplacement », la géographe Sylvie Brunel, connue de nos lecteurs (décrétée « climato-sceptique ») ou le philosophe « ultra-réactionnaire » Marcel Gauchet. Des événements dramatiques susceptibles de bousculer la doxa d'extrême gauche sont édulcorés : ainsi, les atroces meurtres de Philippine ou celui de Lola sont traités comme de simples affaires criminelles et estampillés comme « récupérées par la droite et l'extrême droite qui dénoncent à cette occasion la non-exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) et prônent une politique migratoire plus ferme ».

Pour parvenir à ce résultat, les 146 administrateurs en tête de la communauté wikipédienne (plus de 5 millions de contributeurs dissimulés derrières des pseudos) disposent d'outils redoutables. Une petite visite sur l'onglet historique de la page BV s'impose pour bien comprendre. Si certains, comme Chouette Bougonne, sont particulièrement actifs pour détruire la réputation de BV (à l'instar de notre ami Jean-Paul Gourévitch), d'autres, comme Jules, disposent de pouvoirs quasi magiques. Adoubé « administrateur », « bureaucrate » et « modificateur de titre » (et même agent EBCR, ça ne s'invente pas), il peut, à sa guise et quand cela lui chante, tout à la fois corriger les contributions des autres, effacer les pages qu'il estime « non pertinentes », les « protéger », les bloquer et se les accaparer en décrétant une « guerre d'édition ». Encore plus fort, Jules peut aussi « bloquer les utilisateurs » qui lui déplaisent et même les bannir pour la durée qu'il veut.

D'autres comme lui font encore mieux : ils créent de toutes pièces. Ils sont ultra-réactifs : ainsi, le 15 juin 2024, deux semaines avant le premier tour des élections législatives, la page consacrée au candidat double fiché S Raphaël Arnault a mystérieusement disparu du Net, le temps de se refaire une beauté. Réapparu plus blanc que blanc, le nouveau député LFI est décrit comme un simple militant antifa et homme politique sur lequel pèseraient des soupçons alimentés par « la fachosphère ». Avant lui, Élisabeth Borne a elle aussi bénéficié des largesses de Wikipédia aux premiers jours du conflit Russie/Ukraine, lorsque son origine russe a avantageusement été remplacée par une ascendance polonaise.

 

Pour autant, la vie au sein de la communauté wikipédienne n'est pas un long fleuve tranquille. La polémique a éclaté, ces dernières semaines, entre des contributeurs lassés de l'acharnement du collectif les sans pagEs déterminé à noircir, féminiser et introduire les biais de genre dans les pages Wikipédia. Capucine Marin Dubroca Voisin, tout à la fois directrice de Wikimédia France (association adossée à Wikipédia) et contributrice connue pour son activisme trans, a jeté l'éponge et mis volontairement fin à son mandat, le 16 novembre, sous prétexte « qu'il est devenu étouffant de contribuer à ce projet en tant que personne queer ». Comme quoi il ne faut jamais désespérer, le wokisme finit toujours par se fracturer.

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Il m’a été impossible se faire une correction mineure (la surface d’une forêt ) sur une page Wikipedia. Ma correction a été annulée.
    Donc méfiance, il y a des erreurs grossières parfois.
    Enfin, l’anonymat qui préside à cette entreprise pose un gros problème de transparence et de crédibilité.
    Ce n’est pas nécessairement la vérité qui est mise en page.

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