Le temps du sede vacante, temps d’une Église sans pape

Avec la disparition du pape François, un moment d’exception s’ouvre, pour la cité du Vatican et pour l'Église.
Photo Pexels Luis Nuñez
Photo Pexels Luis Nuñez

Avec la disparition du pape François, un temps d’exception s’ouvre, pour la cité du Vatican : un temps de prière, de recueillement, mais aussi de deuil et de solennité. Cependant, cette période de vacance du trône apostolique, appelée sede vacante, ne pourra se clore qu’avec l’élection du nouveau Vicaire du Christ. En attendant ce moment décisif pour l’Église catholique, le monde entier va assister à un cérémonial rigoureusement codifié, empreint de rites et de symboles puissants.

L’annonce officielle de la disparition du souverain pontife

Le temps du sede vacante a débuté officiellement lorsque le cardinal camerlingue, en l’occurrence le cardinal irlandais Kevin Farrell, nommé en 2019 par le pape François, a constaté ce matin le décès du souverain pontife. C’est à lui qu'a alors incombé la lourde responsabilité d’annoncer publiquement au monde la disparition du chef de l’Église catholique. Dans une déclaration solennelle, il a ainsi prononcé ces mots : « Chers frères et sœurs, c'est avec une profonde tristesse que je dois vous annoncer la mort de notre Saint Père François. Ce matin, à 7 h 35, l'évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père. Toute sa vie a été consacrée au service du Seigneur et de son Église. Il nous a appris à vivre les valeurs de l'Évangile avec fidélité, courage et amour universel, en particulier en faveur des plus pauvres et des plus marginalisés. Avec une immense gratitude pour son exemple de véritable disciple du Seigneur Jésus, nous confions l'âme du pape François à l'amour infiniment miséricordieux du Dieu trinitaire. »

Parallèlement, le doyen du Collège des cardinaux, Mgr Giovanni Battista Re, s’est chargé d’annoncer plus personnellement la disparition du Saint-Père auprès des corps diplomatiques et des chefs d’État. Il a également pour mission de convoquer les cardinaux du monde entier afin qu’ils assistent aux funérailles du pape et qu’ils se préparent au conclave.

La gouvernance de l’Église

Cependant, malgré l’absence d’un pape, l’Église ne peut s’arrêter de fonctionner. Le pouvoir et le gouvernement du Vatican se verront bientôt confiés de façon exceptionnelle à l’assemblée des cardinaux, réunie en Congrégation générale. Celle-ci ne pourra prendre aucune décision dont la validité excéderait la période de vacance du Siège apostolique. En effet, selon la constitution apostolique Universi Dominici gregis, « les questions qui sont du ressort du Souverain Pontife, durant sa vie ou dans l’exercice des fonctions de sa charge […], devront toutes être réservées exclusivement au futur pontife ». Le pouvoir pontifical ne peut ainsi être suppléé et reste l’apanage des successeurs de saint Pierre.

Dans un même temps, le Collège des cardinaux s’occupera de l’organisation des obsèques du pape, du choix de la date de son inhumation ainsi que celle du début du conclave, qui doit commencer entre le 15e et le 20e jour suivant la disparition du souverain pontife. Les cardinaux seront également chargés de traiter les questions jugées exceptionnelles et urgentes. Une « Congrégation particulière » sera aussi constituée pour assister les secrétaires des dicastères (principaux organismes de la Curie romaine) dans la gestion des affaires courantes. Elle sera alors composée du camerlingue et de trois cardinaux tirés au sort tous les trois jours.

L’organisation des funérailles pontificales

Les funérailles d’un pape obéissent à un rituel précis, profondément enraciné dans la tradition de l’Église romaine mais que le pape François, par un souci de sobriété, avait souhaité simplifié en 2024. Ainsi, après la constatation officielle de la mort, la dépouille du Vicaire du Christ sera exposée brièvement dans son cercueil pendant trois jours dans la basilique Saint-Pierre où les fidèles pourront lui rendre un dernier hommage. Le pape sera alors revêtu d’ornements liturgiques de couleur rouge et présenté, non plus sur un catafalque, mais dans son cercueil.

Les funérailles seront ensuite présidées par le doyen du Collège des cardinaux. Traditionnellement célébrée dans la basilique, cette messe se tient désormais sur la place Saint-Pierre depuis le pontificat de Paul VI. Lors de cette cérémonie, le cercueil, porté par les sediarii, sera déposé devant l’autel, à même le dallage de l’esplanade, sans voile mortuaire, mais avec les Évangiles ouverts et un cierge pascal allumé à ses côtés.

Le cercueil en cyprès du pape sera ensuite placé dans un second en zinc, puis dans un troisième en bois, marqué de la croix du Christ et des armoiries de Sa Sainteté. Le cortège funèbre conduira ensuite le cercueil, non pas dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, mais dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, selon les volontés du pape défunt qui appréciait beaucoup ce lieu.

Au terme des novendiales, c’est-à-dire les neufs jours qui suivent la disparition du pape, le regard de l’Église catholique et  des fidèles se tournera vers l’avenir et vers les cheminées du Vatican, dans l’espoir d’y voir s’élever une fumée blanche dans les semaines qui suivront. Les cardinaux du monde entier se réuniront ainsi à huis clos dans la chapelle Sixtine pour discerner et élire celui qui deviendra le 267e successeur de saint Pierre et qui mettre fin au temps du sede vacante. À la croisée de la tradition et des défis contemporains, ce conclave décidera de celui qui aura la lourde charge de porter haut l’héritage de la papauté et de guider la foi de millions de catholiques dans un monde en quête de repères.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

15 commentaires

  1. il faut voir le film Conclave .
    Un pape défunt qui a organisé méticuleusement sa succession .
    En nommant un cardinal camerlingue qui veut fuir Rome et ne veut pas être pape , mais redoutable flic .
    En laissant à ce camerlinque des indices permettant d’éliminer les candidats au passé douteux , dans le domaine de l’argent et du sexe .
    En nommant secrètement un cardinal , originaire d’Amérique du sud , mais un authentique latinos, pas un descendant d’ immigré italien comme François , ce cardinal exerce son ministère dans un pays du Moyen Orient dominé par les islamistes . Mais ce jeune cardinal à lui aussi un secret que le camerlingue va découvrir .
    Le conclave se déroule avec des attentats islamistes qui secouent Rome et l’occident , des cardinaux voulant vraiment lutter contre l’islamisme veulent occuper le trône de Saint Pierre .

  2. Ce « temps d’exception » est là depuis le décès de Sa Sainteté BenoÎt XVI, puisqu’il avait conservé le « munus » et avait uniquement « déclaré » (cf. sa « Declaratio ») ne plus pouvoir exercer le « ministerium ». Le conclave était illicite, et par conséquent l’élection de Bergoglio nulle et non avenue. De même, tout ce qu’a dit et fait Bergoglio depuis 2013 est nul et non avenu. L’usurpateur a été mis en place pour détruire l’Eglise (Pachamama, la Sainte Vierge est une fille des rues, etc.), mais le diable ne vaincra pas!

    • Merci de répéter ce que tout journaliste honnête devrait savoir et proclamer n’en déplaise à tous les moutons conciliaires !

  3. Toutes ces mascarades font pitié. Le cerveau humain a – partout – besoin d’une réponse à la question: « kesk je fous ici ?  » alors, partout et toul’temps il a répondu « dieu(x) ». Sous des formes multiples et variées. Les religions sont la plaie de l’humain; massacres, inquisitions, tortures, bûchers, guerres, croisades, rejets de l’autre. Les bilans sont peu glorieux !

    • le nazisme et le communisme font-ils partie de ces religions que vous vilipendez allègrement ? Réfléchissez je vous prie avant de jeter l’anathème !

      • Exactement : en termes de massacres, d’inquisition et d’atrocités, le nazisme et le communisme soviétique, de même que le régime chinois, celui de Corée du Nord, de même que celui des khmers rouges, sans oublier le Vietminh, mais non plus les Turcs coupables du génocide arménien et maintenant de l’Artsakh, ainsi que les dictateurs de Birmanie, n’ont pas eu besoin de référence à Dieu pour massacrer allègrement des millions d’êtres humains.

  4. Un oubli de taille (volontaire ?) dans cet article :
    L’élection de Bergoglio est canoniquement invalide, Benoît XVI n’ayant pas renoncé au munus (à la charge) Il s’ ensuit que tous les actes du pape François sont nuls et non avenus, notamment les nominations de cardinaux qu’il a décrétées.
    L’Eglise aura-t-elle le courage de constater pareille situation et de rétablir l’ordre et la légalité ?
    On peut s’interroger et penser qu’elle entérinera sans barguigner le fait accompli…

    • Après l’élection frauduleuse de la papesse Jeanne l’ Eglise avait pris la précaution de s’assurer de la virilité du nouvel élu ( à l’époque le changement de sexe n’existait pas encore…) . La constatation se faisait sous forme de déclaration :  » duas habet et bene pendentes  » : il en a deux et qui pendent bien !

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