Le traité de Versailles (3/7)
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Le traité de Versailles signé, le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles met un terme définitif à la Première Guerre mondiale sur le front occidental.
Résultant d’un processus diplomatique de plus de six mois qui a connu quelques vicissitudes, il fixe les règles selon lesquelles la paix sera appliquée. Troisième épisode de notre passionnant feuilleton historique.
Un compromis est finalement trouvé à la mi-avril : les Français peuvent occuper la rive gauche du Rhin, et donc la Sarre, pendant quinze ans, mais ils s’engagent à partir plus tôt si l’Allemagne applique bien le futur traité de Versailles. Clemenceau obtient aussi la propriété des mines de la Sarre sous un régime international du territoire pour quinze ans. « La possession économique intégrale », comme le note Le Figaro du 13 avril 1919. Raymond Recouly, rédacteur de l’article, ajoute : « L’occupation est donc absolument nécessaire si nous ne devons pas être dépouillés des fruits de notre victoire. ».
Il est prévu qu’une délégation allemande soit reçue le vendredi 25 avril pour qu’elle prenne connaissance des conditions qui sont imposées au pays et qui, à quelques détails près, constituent le traité de Versailles.
Mais la veille, le Premier ministre italien Vittorio Orlando quitte Paris. C’est un incident mais pas une rupture. En effet, il entend officiellement faire état, au Parlement italien, de l’avancée des négociations. Plus concrètement, Orlando est très froissé de ne pas avoir obtenu satisfaction des promesses qui ont été faites à l'Italie lors de son entrée en guerre aux côtés des Alliés sur les terres irrédentes. En effet, l'annexion de Fiume et celle de Trieste lui ont été refusées. Le communiqué officiel affirme que « le plus grand désir s’est manifesté de part et d’autre d’arriver à une solution satisfaisante des problèmes encore en suspens. Les chefs des gouvernements américain, britannique et français ont exprimé à M. Orlando l’espoir de voir le Parlement italien y prêter son concours. » Orlando quitte donc la conférence le 24 avril 1919.
Le lendemain, « les “fourriers”[ref]En référence, de manière péjorative, aux sergents-fourriers qui, dans un régiment, étaient chargés de l’intendance. Initialement, les sous-officiers de cavalerie étaient chargés spécialement des écuries.[/ref]allemands sont arrivés à Versailles », titre en une Le Journal daté du 26 avril. Le terme de « fourriers » est repris dans Le Gaulois du même jour qui, pourtant, titre sur l’arrivée des « plénipotentiaires allemands » tandis que leur confrère La Croix ne se fend que d’un entrefilet indiquant sobrement : « Les courriers de la délégation allemande sont arrivés. » Ils sont neuf à venir en précurseurs : le baron Kurt von Lersner (1883-1954), natif de Sarrebourg et chef de la légation, MM. Max Warburg, attaché aux finances, Walter, inspecteur des postes, Duncker, financier, Griebel, secrétaire des télégraphes, Propp et Rose (secrétaires), Lehmann et Kopp, valets de chambre. Les faits et gestes des « fourriers boches »[ref]Le Gaulois du 27 avril 1919.[/ref] sont suivis à la loupe par les journalistes français qui moquent leur matériel de golf tout en restant vigilants : « Ces crosses de golf veulent dire que ces Boches ne considèrent pas qu’ils viennent ici en vaincus. » Georges Drouilly, auteur de l’article, va même jusqu’à écrire que « […] le hotte de crosses… Il me semble que c’est toute l’insolence germanique qu’elle contient[ref]Ibid.[/ref] ». La délégation officielle allemande arrive le 30 avril. Forte de 87 personnes dont 30 femmes[ref]La Croix du 30 avril 1919.[/ref], elle est conduite par le comte Ulrich von Brockdorff-Rantzau (1869-1928), ministre des Affaires étrangères. Celui-ci s’était opposé, dès le début de la conférence de paix, aux exigences de Foch et Clemenceau pour « faire payer l’Allemagne ». Il s’était prononcé pour une rupture des négociations à la Commission d’armistice mais avait été désavoué par son gouvernement. Il souhaite une paix négociée et non une paix dictée. La remise du traité est prévue le 1er mai mais elle est retardée, notamment parce que le Premier ministre italien n’est toujours pas revenu de Rome. Mais l’on sait d’ores et déjà, début mai, que le délai accordé aux délégués allemands pour prendre connaissance du traité de paix, le communiquer à leur gouvernement et l’accepter ne dépassera pas quinze jours. Et si contre-propositions il doit y avoir, alors elles devront être formulées par écrit. Il n’y aura aucune discussion orale. Et les Alliés répondront de même.
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Georges Clémenceau
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