Le tueur aux petites annonces : l’incroyable affaire Landru

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Henri-Désiré Landru, surnommé « le Barbe bleue de Gambais », est l'un des criminels les plus notoires de l'Histoire française. Reconnu coupable, par la Justice, de l'assassinat de dix femmes et du fils de l'une d'entre elles, il fut exécuté le 25 février 1922. À l'occasion de ce triste anniversaire, revenons sur cette affaire qui a défrayé la chronique française il y a plus d’un siècle.

Des petites arnaques...

Né le 12 avril 1869 à Paris, Henri-Désiré Landru grandit dans une famille modeste. Il entreprend des études d'architecture mais peine à trouver un emploi lui permettant de subvenir aux besoins de son épouse, Marie-Catherine Rémy, et de leurs quatre enfants. Landru exerce divers métiers, avant de se tourner vers l'escroquerie, multipliant alors les fraudes. Jugé et condamné à plusieurs reprises entre 1900 et 1914, il effectue plusieurs séjours en prison. Finalement, la récidive et l'ampleur de ses crimes entraînent sa condamnation au bagne de Guyane. Avant sa déportation, il parvient à s'enfuir et entre dans la clandestinité. Cette vie de fugitif, couplée aux bouleversements de la Première Guerre mondiale, le pousse à franchir une nouvelle étape dans sa carrière criminelle : le meurtre.

… aux meurtres sordides

Profitant du contexte de la guerre, Landru décide de se faire passer pour un veuf ou un célibataire à la recherche d'une compagne esseulée. Pour trouver ses proies, il publie sous de fausses identités de petites annonces matrimoniales dans les journaux : « Monsieur sérieux, ayant petit capital, désire épouser veuve ou femme incomprise, entre 35 et 45 ans, bien sous tous rapports, situation en rapport. »

Une fois en contact avec l’une de ces nombreuses dames désireuses de trouver l’amour, il l’invite dans sa villa de Gambais, dans les Yvelines, pour faire mieux connaissance. Après avoir gagné la confiance de sa future, Landru lui fait signer une procuration lui donnant accès à ses biens. Cela fait, il assassine la pauvre femme et fait disparaître son corps en l’incinérant dans un fourneau de sa maison. Plus tard, des voisins rapporteront à la Justice que des fumées épaisses et des odeurs nauséabondes émanaient de la cheminée de cette coquette maison où ils ne pouvaient imaginer que l’impensable s’était produit.

L'enquête et l'arrestation

Landru poursuit son ignoble entreprise criminelle jusqu'en 1918, date à laquelle les disparitions répétées de femmes finissent par intriguer les autorités. Malgré les 90 pseudonymes qu'il utilise pour éviter d'être identifié, un portrait-robot de Landru est dressé par la police à l’aide de nombreux témoignages. Cette chasse à l’homme s’achève lorsque notre criminel finit par être repéré par un proche de l’une de ses victimes, qui le reconnaît en plein Paris.

Le 12 avril 1919, Landru est arrêté à son domicile, où les forces de l’ordre découvrent un carnet détaillant les noms de 283 femmes avec lesquelles il avait été en contact et parmi lesquelles onze sont portées disparues. La perquisition se poursuit ensuite dans sa villa de Gambais où les enquêteurs retrouvent les restes d'ossements humains calcinés, confirmant ainsi les soupçons de meurtres dont devra désormais répondre Landru.

Un procès retentissant

Le procès de Landru s'ouvre le 7 novembre 1921 à Versailles. L'affaire suscite un immense engouement médiatique, au point que la presse le surnomme « le Barbe bleue de Gambais ». L'homme finit par être si célèbre qu'aux élections législatives de 1919, environ 4.000 bulletins portent son nom. Pendant son procès, Landru, défendu par l'avocat Vincent de Moro-Giafferri, nie catégoriquement les meurtres, admettant uniquement des escroqueries. Son attitude froide et ses reparties acerbes marquent les esprits. Ainsi, lorsque le président du tribunal l’accuse des meurtres de ses pauvres victimes, Landru se défend et rétorque : « Montrez-moi les cadavres ! » En effet, pour l’esprit malade de notre meurtrier, si aucun corps n’a été retrouvé, il ne peut y avoir de preuves contre lui.

Cependant, les juges n’ont pas besoin des corps pour condamner Landru. Trop de preuves circonstancielles, dont les objets personnels des victimes retrouvés chez lui et les témoignages accablants, hurlent cette vérité qu’il refuse d’avouer. Le 30 novembre 1921, Henri-Désiré Landru est alors reconnu coupable et condamné à mort.

Après le rejet de ses appels, dont une demande de grâce auprès du président de la République Alexandre Millerand, Landru est guillotiné le 25 février 1922 à 6h05 à la prison Saint-Pierre de Versailles. Avant que la lame ne tombe sur sa tête, notre condamné est interrogé par son avocat qui lui demande une dernière fois d’avouer. À cela, Landru répond avec ironie : « Cela, Maître, c'est mon petit bagage... »

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

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