Le virage anti-islamiste de Macron est-il de bonne foi ?
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On pourrait comprendre, à la rigueur, le virage anti-islamiste de Macron et de son gouvernement, s'ils admettaient s'être trompés auparavant. Car la décapitation sauvage du professeur d'histoire-géographie de Conflans n'est, malheureusement, pas le premier attentat commis par ces barbares qui se réclament de Mahomet. Mais il serait injuste de n'incriminer que le pouvoir actuel : on pourrait en dire autant de presque tous les partis qui, depuis des décennies, participent au gouvernement de la France et de nombreux médias qui, soudain, tournent casaque.
Quand Emmanuel Macron, en déplacement à Bobigny, où il présidait une séance de la Cellule de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire, déclare sans vergogne qu'« il ne s’agit pas de faire de nouvelles déclarations », ajoutant que « ce sont des actes qui sont attendus par nos concitoyens », on est en droit de se demander s'il a été touché par la grâce de la clairvoyance ou s'il poursuit, cyniquement et dans son seul intérêt, un indécent dessein politique dans la perspective de l'élection présidentielle.
Quand Gérald Darmanin, invité sur BFM TV, se dit « choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu'il y a un rayon de telle cuisine communautaire », précisant que « c'est comme ça que ça commence, le communautarisme », on se demande pourquoi il vient seulement de s'en apercevoir. Il est vrai qu'il a précisé parler en son nom personnel et qu'il vient d'un parti issu du RPR qui, en 1990, inscrivait dans son programme la « fermeture des frontières », la « suspension de l'immigration » et l'« incompatibilité entre l'islam et nos lois ».
Jean Castex lui-même, répondant, ce mardi, à Damien Abad, qui reprochait à la majorité présidentielle d'avoir « refusé systématiquement », depuis trois ans, de reprendre les propositions formulées par Les Républicains pour lutter contre l'islamisme radical, affirmait avec le plus grand sérieux : « Vous êtes dans l'incantation, nous sommes dans l'action ! » Quand il fait connaître son intention de renouveler l'Observatoire de la laïcité pour qu'il soit davantage en phase avec « la stratégie de lutte contre les séparatismes », suscitant des remous jusqu'au sein du parti majoritaire, on peut douter qu'il aille jusqu'au bout.
La plupart des partisans du chef de l'État oublient, non seulement qu'ils n'ont pratiquement rien fait jusqu'ici pour lutter efficacement contre l'islamisme, mais qu'ils ont accusé d'attiser les haines ceux qui, depuis des années, dénoncent ce fléau. Comment penser qu'ils sont vraiment sincères et qu'ils ne cherchent pas, d'abord, à sauver les meubles pour tenter d'échapper à la déconfiture ?
Nos dirigeants semblent avoir choisi la surenchère pour nouveau principe de leur politique. Avec un aplomb qui frise l'indécence, ils veulent se présenter comme le fer de lance dans la lutte contre l'islamisme. Ils appellent à l'union nationale contre cet ennemi – que Mélenchon lui-même se met à désigner ! C'est comme pour la lutte contre la pandémie : après les cafouillages sur l'utilité ou la nocivité des masques, Olivier Véran déclare que « l'hôpital est plus solide qu'au printemps » alors que, de toute évidence, les mesures de restriction des libertés, le « couvre-feu » décrété dans plusieurs métropoles prouvent le contraire.
Qui peut croire, sans naïveté, que le revirement d'Emmanuel Macron n'est pas motivé, en premier lieu, par des considérations électorales ? Il pratique une fuite en avant pour éviter d'être battu à plate couture. Si ce n'est pas le cas, s'il veut inspirer confiance, qu'il reconnaisse ses erreurs passées et fasse acte de contrition !
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