L’économie britannique a redémarré plus vite que prévu

boris johnson

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a exclu, dimanche, de revenir au modèle économique « cassé » qui prévalait au Royaume-Uni avant sa sortie de l'Union européenne. Au premier jour de la grande conférence de son Parti conservateur qui se déroule à Manchester, en Angleterre - désormais le lieu de la grand-messe annuelle des Tories- , Boris Johnson a dit qu’il voulait donner un nouvel élan au pays, actuellement confronté à la hausse des prix du gaz. Peut-être aurait-il dû dire que cette hausse était due aussi au fait d’avoir trop misé sur l’éolien plutôt que sur le gaz de schiste de la région de Blackpool, aujourd’hui abandonné ?

Boris Johnson s’est voulu rassurant, arguant que ces « tensions et difficultés » pour l’économie britannique sont liées à la reprise, sur les chapeaux de roue, de l’économie mondiale après la pandémie et à une demande exceptionnelle causée par des achats de panique dans les stations d’essence. Depuis lundi, environ 200 militaires ont été déployés pour approvisionner les stations. Plus que jamais les britanniques vont porter les « popies » en soutient de la Royale Army. Ce coquelicot symbole de la liberté chèrement acquise qui n’est pas un vain mot outre-Manche. D’après la Petrol Retailers Association, les pénuries restent « vraiment très problématiques » à Londres et dans le sud-est de l’Angleterre.

La rupture des chaînes d’approvisionnement, faute de chauffeurs routiers, beaucoup n’ayant pas pu passer le permis pendant la crise sanitaire, reste un problème. Le Royaume-Uni manque aussi de bouchers, faisant craindre des pénuries de produits traditionnels pour Noël. En conséquence, le gouvernement a amendé sa politique d’immigration, durcie après le Brexit, pour accorder jusqu’à 10.500 visas de travail provisoires. Mais Boris Johnson a exclu de « retourner au vieux modèle fatigué et déficient, et recourir au levier de l’immigration incontrôlée », a-t-il insisté. « Donc, oui, il y aura une période d’ajustement. »

Le grand discours de Boris Johnson devant ses troupes est prévu mercredi 6 octobre. Lundi, le chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances britannique), Rishi Sunak, a défendu les mesures de soutien à l'emploi face au congrès du Parti conservateur, insistant aussi sur la nécessité de rétablir les finances publiques après la pandémie. Devenu, en un an et demi, une figure de premier plan du Parti conservateur, beaucoup lui prêtent désormais un destin de Premier ministre. Rishi Sunak fait néanmoins face aux critiques d'opposants mais aussi de membres de son propre parti, notamment les libertariens conservateurs, pour les hausses d'impôts, des cotisations sociales et de l'impôt sur les sociétés.

« »Notre dette est de près de 100 % de notre PIB, donc nous avons besoin de rétablir nos finances publiques », a-t-il déclaré. Il a néanmoins défendu l'augmentation des cotisations sociales, « décision difficile particulièrement pour un chancelier conservateur », mais nécessaire pour la pérennité du système de santé britannique (le NHS).

Après avoir annoncé une nouvelle enveloppe de 500 millions de livres (584 millions d'euros) qui vise à accompagner « des centaines de milliers » d'employés ne disposant plus du chômage partiel, ainsi qu'un fonds de 500 millions de livres pour les familles vulnérables, Rishi Sunak a par ailleurs rappelé que le taux de chômage britannique, à 4,6 % en juillet, « est plus bas qu'en Amérique, au Canada, en France, en Espagne, en Italie » et que le pays a un nombre record de postes vacants.

L'économie britannique a redémarré plus vite que prévu au deuxième trimestre, avec une croissance de 5,5 % avec un PIB, même ramené par tête d’habitant plus élevé que celui de la France. Elle a, cependant, perdu de l'élan en juillet avec une hausse du PIB de seulement 0,1 %, notamment à cause de pénuries de travailleurs dans certains secteurs, comme le transport routier.  Mais les difficultés de recrutement dans certains secteurs (transport, boucherie, restauration…) sont structurelles, comme en France, à cause des conditions de travail peu attractives, ce qui pousse beaucoup d’entreprises britanniques à augmenter actuellement les salaires. On débine l'Angleterre dans tous les journaux alors qu'ils sont finalement meilleurs que nous. Est-ce le fighting spirit ? Le taux de suicide pour 100 00 habitants y est à 8 quand nous sommes autour de 13. Leur dette est de 103 % de PIB, quand la nôtre est autour de 115%. 2021, 2022 et 2023 sont annoncées comme des années très prospères en Grande Bretagne par rapport à la France et la zone Euro (sources : FMI et OCDE)

 

Thierry Martin
Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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